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Akai ito
livre 1

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Chapitre 35

- Je sais que je te l'ai déjà dit un bon paquet de fois, mais là, tu as vraiment... MAIS VRAIMENT dépassé les bornes ! Résonna la voix du commandant à travers la demeure.

Megumi et Kenji tressaillirent et s'échangèrent un regard en cessant net de couper les légumes.

Daisuke, Akihoshi, Eisuke et Hayate s'étaient rendus en ville en fin de matinée pour tenter de régler cette histoire de divorce, et ils venaient visiblement de rentrer.

- Ça a été rapide, s'étonna Kenji. Ils ont juste fait l'aller-retour ou quoi ?

Megumi haussa les épaules et tendit l'oreille pour essayer d'entendre, mais ils étaient manifestement entrés dans la salle principale.

- Mince, on n'entend plus rien... marmonna Kenji. Viens, on va écouter !

Il attrapa un morceau de fruit au passage et le goba en se dirigeant vers la porte.

- Tu n'es vraiment qu'une commère, se moqua-t-elle en posant son couteau pour le suivre.

Tant pis pour le déjeuner, il attendra.

Après s'être autant torturé l'esprit, Megumi n'avait qu'une hâte : avoir le fin mot de cette histoire.

Ils s'avancèrent à pas de loup le long du couloir et restèrent adossés au mur tandis que le commandant continuait son sermon.

- Que tu vagabondes de couche en couche, ça, même si c'est difficile, je peux encore le tolérer ! Mais je ne peux pas accepter ni pardonner ce que tu as fait à ce pauvre couple ! À ce foyer que tu as brisé !

- Ha ha, à vous entendre, j'ai tué quelqu'un, se moqua-t-il avec légèreté. Allez va, respirez tous un coup, je n'ai fait que baiser une femme frustrée et désespérée...

- Par l'Unique, Hayate ! Jura la voix indignée d'Eisuke.

- Surveille ton langage, mon garçon ! Menaça Akihoshi. Tu n'avais pas à toucher à une femme mariée ! C'est tabou et interdit ! Ton âme va brûler lorsque tu quitteras cette terre !

- Eh bien, qu'elle brûle, railla-t-il avec insolence. J'en aurais profité avant !

- Bon, j'en ai assez, je sors avec votre permission, commandant, soupira Daisuke.

- Bien sûr... souffla Akihoshi, visiblement exténué.

Megumi et Kenji s'échangèrent un regard et grimacèrent un sourire gêné lorsque Daisuke les remarqua en fermant la porte derrière lui.

Kenji lui fit signe de garder le silence tandis que Megumi le suppliait en joignant ses mains.

Le capitaine secoua la tête, entre amusement et lassitude, puis il passa devant eux en pouffant :

- Bande de curieux...

Megumi et Kenji grimacèrent de nouveau un sourire, avant de reporter leur attention sur la petite réunion.

Megumi avait le cœur serré en l'écoutant s'enfoncer de cette manière, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir aussi soulagée...

Visiblement, il n'était pas question de romance entre cette femme et Hayate.

Cette idée l'avait hantée toute la matinée.

- Hayate... reprit Akihoshi d'une voix calme. Tu n'as pas l'air de t'en rendre compte... Ce que tu as fait est très grave. J'attendais de toi que tu leur présentes au moins tes excuses...

- Mais je l'ai fait, s'amusa-t-il.

- Tu oses appeler cela des excuses ?! Il était flagrant que tu te fichais de la tronche de tout le monde, moi y compris !

- Qu’est-ce que vous vouliez de plus ? Que je me mette à terre ? Que je chiale ?

- OUI ! Explosa-t-il, visiblement lassé par son insolence. TU POUVAIS AU MOINS FAIRE SEMBLANT DE T'EN VOULOIR !

- Ah, je ne sais pas, grimaça-t-il d'un air faussement mal à l'aise. Vous savez, moi, je n'aime pas trop mentir...

- PAR L'UNIQUE ! TU TE FOUS DU MONDE ?! SI LES MENTEURS ÉTAIENT UN PEUPLE, TU EN SERAIS LE ROI !

- Ha ha ha, très bien trouvé ça, commandant ! S'amusa Hayate en tapant dans ses mains.

- JE NE PLAISANTE PAS ! Cria-t-il avant de s'efforcer de reprendre avec plus de calme : Hayate, les liens du mariage sont sacrés ! Tu fâches l'Unique en commettant de telles ignominies !

- Déjà, je vous l'ai dit, je m'en branle de vos histoires d'Unique et de mariages sacrés là... et ensuite, je n'ai fait que rendre service, moi ! La pauvre femme était en manque...

- Comment oses-tu blasphémer, ainsi ? Grinça Eisuke.

- Tu te fiches de qui Hayate ? Elle nous a dit que tu lui avais promis de l'épouser ! râla Akihoshi.

Le cœur de Megumi s'arrêta net.

Hayate pouffa de rire.

- Ah bon ? Bah... J'ai dû boire un peu trop ce soir-là, s'amusa-t-il.

- Ce n'est pas une excuse !

- Bah quoi ? Tout le monde sait qu'il ne faut jamais prendre au sérieux un mec bourré, non ?

Megumi déglutit en revoyant en pensée l'instant où il lui avait supplié de rester avec lui, après sa cuite.

- Et tu vas me dire aussi que tu étais saoul pendant que tu commettais l'impensable dans le propre lit du maître de maison ?!

- Bah, j'étais bien obligé, vous l'avez bien vu sa femme, non ? Franchement, elle n'est vraiment pas terrible, hein ! Sans alcool, je ne l'aurais même pas touché avec un bâton...

- Je vous en prie, permettez-moi de prendre congé ! Grinça la voix vibrante d'indignation d'Eisuke.

Kenji sursauta en grimaçant.

- Merde, vite filons ! S'affola-t-il en attrapant Megumi par le poignet, avant de l'entraîner avec lui dans sa fuite.

- Mais qu'est-ce que tu... !!

- Chuuuut !

Kenji la ramena dans la cuisine, derrière le plan de travail, et saisit le couteau avant de faire mine de couper les ingrédients.

Megumi fit de même un peu par réflexe, et Eisuke passa dans le couloir d'un pas furieux et empressé, sans faire attention aux deux garnements qui grimaçaient un sourire sur son passage.

- Raah, je voulais savoir la suite, marmonna Kenji avec mauvaise humeur.

- On aurait pu, mais tu as paniqué comme une fillette...

- Je n'ai pas paniqué ! S'indigna-t-il. Et tu devrais me remercier ! Ce n'était pas Daisuke là ! Si Eisuke nous avait surpris, on se serait pris un sermon interminable, et crois-moi, tu n'as pas envie de subir ça ! C'est barbant !

- Ça sent le vécu, s'amusa-t-elle. Dis donc, je devrais faire gaffe à ce que je dis devant toi, moi ! Je ne savais pas qu'on avait un gossip boy dans la maison. Enfin une commère, je veux dire.

- Je ne suis pas une commère ! C'est de l'entraînement !

- De l'entraînement ? Répéta-t-elle en pouffant de rire.

- Oui, j'aimerais devenir un espion, pour le commandant, marmonna-t-il en attrapant un autre légume pour l'éplucher. Alors je m'entraîne, en attendant...

Megumi s'esclaffa de dérision.

- C'est ça, oui, se moqua-t-elle, tu n'as pas trouvé mieux pour expliquer ta curiosité de bonne femme ?

- Je me fiche que tu me crois ou pas ! S'énerva-t-il. Et tu verras ! Tu feras moins la maligne quand il me choisira pour m'infiltrer chez l'ennemi !

- J'ai hâte de voir ça, spy kid, s'amusa-t-elle.

- Hein ?

- Non, rien, bonne chance. Ah, passe-moi une patate, enfin une pataras, se reprit-elle.

- Je ne sais pas ce qui me retiens de t'arranger le portrait, des fois, s'énerva-t-il en posant lourdement le légume dans sa main.

- Je suis une fille.

- Ouais, seulement quand ça t'arrange !

Soudain, une porte claqua dans le couloir, les faisant sursauter, et ils s'empressèrent de faire mine de couper les légumes d'un air concentré, tandis que des éclats de voix retentissaient dans le couloir.

- JE NE PLAISANTE PAS, HAYATE ! C'EST TA DERNIÈRE ET UNIQUE CHANCE ! S'écria Akihoshi. AU PROCHAIN DÉRAPAGE, TU SERAS LEVÉ DE TES FONCTIONS ! TU M'ENTENDS ? JE TE JURE QUE JE LE FERAI !

- Ouais ouais, j'ai compris, s'amusa Hayate avec légèreté.

Megumi tressaillit et leva les yeux vers la porte à l'instant où Hayate passait devant eux...

Elle sentit son cœur louper un battement, et retint son souffle en croisant son regard.

Sans ralentir le pas, il lui envoya un clin d'œil enjôleur, un sourire dingue et sexy sur les lèvres, avant de disparaître derrière le mur dans un éclat de rire.

Megumi sentit son visage devenir brûlant et elle s'efforça de se focaliser sur sa pataras pour reprendre le contrôle de ses émotions.

Son cœur battait si violemment qu'elle n'arrivait plus à respirer.

- Woah... Décidément ! Hayate n'a vraiment peur de rien, soupira Kenji.

Il semblait indigné, mais Megumi décelait une pointe d'admiration dans sa voix.

Les plus jeunes avaient toujours tendance à trouver les rebelles cool...

Elle soupira d'impatience.

- Épluche tes pataras, va... marmonna-t-elle.

- D'où tu me dis quoi faire, toi ?!

Étrangement, la jeune femme se sentait plus légère.

Elle s'était fait des films pour rien.

Cette femme n'avait été qu'un coup de plus pour lui, et rien d'autre.

Elle ne comptait pas...

Megumi eut un pincement au cœur lorsque le visage d'Eisuke passa dans son esprit.

Elle n'avait rien fait de mal, elle faisait même son possible pour éviter Hayate...

Mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable d'avoir ressenti un tel bouleversement à la simple idée qu'Hayate ait pu tomber amoureux d'une autre.

Ce n'était pas bien.

Elle n'était pas censée se sentir si soulagée...

« Pardon Eisuke... »

« Je suis désolée... Donne-moi encore un peu de temps et je te promets que je finirai par ne plus rien ressentir pour lui. »

Elle avait bien fini par oublier son ex petit-ami. Alors pourquoi n'oublierait-elle pas Hayate ?

Après tout, elle était destinée à vieillir auprès d'Eisuke...

 

 

* * *

 

 

Un peu plus tard, après le déjeuner, Megumi alla enfiler sa tenue de combat. Un haut retenu par une ceinture et un pantalon.

Puis elle alla rejoindre Daisuke sur l'aire d'entraînement.

C'était le moment idéal.

Peu de soldats utilisaient cet espace durant le début de l'après-midi, à part les plus jeunes qui suivaient les leçons des capitaines.

- Prête ?

- Plus que jamais ! S’amusa-t-elle en commençant à échauffer ses muscles pour suivre les conseils de Kyosuke.

- Bien, nous allons commencer par des exercices afin de fortifier un peu tes muscles. Tes bras ressemblent à des baguettes.

- Hein ? Mais ce n'est pas vrai, regarde ! J'ai pris du muscle depuis la première leçon de ton frère !

Elle leva sa manche et contracta son bras pour faire ressortir son biceps au maximum.

- Ce n'est pas en trois ou quatre leçons que l'on devient aussi musclé que Kyosuke, tête brûlée, la taquina-t-il, les bras croisés.

- Oui, je sais bien, mais bon... marmonna-t-elle. Moi, je sens une différence, en tout cas.

- C'est bon signe ça ! Continuons dans cette lancée, alors, s'amusa-t-il.

Megumi effectua au départ des exercices d'échauffement, puis Daisuke lui fit réaliser une session de musculation au sol.

Daisuke était aussi épuisant que Kyosuke, mais il était bien moins virulent et brut de décoffrage que son frère.

C'était presque reposant d'être "coaché" par cet homme si doux et apaisant.

Au bout de deux heures, la jeune femme était déjà complètement épuisée.

Allongée en étoile sur le sol, elle respirait comme si elle avait couru pendant six heures d'affilées.

- Bon, ce n'est pas trop mal. D'ici deux semaines, tu devrais déjà commencer à prendre le rythme, estima-t-il.

- C'est long, deux semaines, suffoqua-t-elle.

- Ha ha, ça viendra vite. Bon on reprend ?

- Oui, une minute... marmonna-t-elle en se relevant à contre cœur.

Ils continuèrent pendant encore une heure, puis Daisuke jugea qu'elle s'était bien assez exercée pour la journée, alors ils décidèrent d'aller se rafraîchir, tous les deux au puits.

-  Aah ! J'avais tellement soif, soupira-t-elle en se servant de nouveau.

- Étire-toi bien après, recommanda-t-il en s'asseyant contre le rebord du puits. Sinon, tu auras des crampes cette nuit.

- Ah oui, ne t'en fais pas ! Juste après, dit-elle avant de boire de nouveau l'eau de fraîche et revigorante de la réserve d'eau.

- Je pense qu'il vaut mieux attendre que tes muscles se détendent avant de t'étirer. Généralement, je conseille au moins une demi-heure de pause avant les étirements.

- Ah bon ? Avant ou après le bain ?

- Ah, vous êtes là ! S'écria soudain une voix énergique.

Megumi et Daisuke haussèrent les sourcils en voyant Kyosuke revenir avec une pile de paquets.

- Vous avez terminé ? Leur lança-t-il.

- Euh... quasiment, oui, répondit-elle.

- Parfait ! Venez, j'ai besoin de ta chambre, Megumi !

Megumi et Daisuke s'échangèrent un regard intrigué et le rattrapèrent tandis qu'il arrivait au niveau de sa chambre, depuis l'extérieur.

La jeune femme ouvrit la porte et l'observa, sans comprendre, tandis qu'il tentait tant bien que mal de ne rien faire tomber.

- Je pose ça ici, pour l'instant, dit-il en posant la pile dans un coin de la pièce. Ah, posez vos fesses, on va en avoir pour un moment !

- C'est... à dire ? Hésita Daisuke.

Ils prirent place en s'échangeant un regard intrigué, et Megumi vit une lueur passer soudain dans le regard de Daisuke.

Comme s'il venait brusquement de comprendre.

- Oh euh... Je crois que Megumi suffit comme spectatrice, je ne suis pas très utile pour...

Kyosuke posa soudain un regard si lourd et menaçant sur Daisuke qu'il ravala la suite de sa phrase.

- Tu restes, dit-il d'une voix sans appel.

Kyosuke attrapa un paquet et Megumi le regarda sans comprendre tandis qu'il allait se cacher derrière le paravent.

- Euh... Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle à voix basse.

Daisuke secoua la tête.

- Il fait ça à chaque fin de saison... soupira-t-il en posant une main sur l'épaule frêle de la jeune femme. Pardonne-moi Megumi, j'aurais dû le comprendre à l'instant où il m'a dit qu'il prenait sa journée...

- Mais de quoi parles-tu ?

- Qu'est-ce que vous foutez ? Fit soudain la voix de Kenji depuis la porte.

Daisuke lui jeta un regard agité, le jeune homme remarqua alors les paquets, puis les cheveux de Kyosuke qui dépassaient du paravent. Et il écarquilla soudain les yeux, comme s'il avait lui aussi comprit.

- Sauve ta peau... chuchota discrètement Daisuke.

- Mais... et vous alors ? Profitez-en pour prendre la fuite ! S'affola-t-il à voix basse.

- Il est trop tard pour nous ! File avant qu'il ne te voie ! Malheureux !

- Tiens, Kenji !! Fit soudain Kyosuke, les faisant sursauter, en regardant par-dessus le paravent. Tu tombes très bien ! Va t'asseoir avec les autres !

Kenji roula des yeux affolés et recula d'un pas.

- Mais c'est que... Euh, j'ai des trucs à faire là, et que...

- Quoi donc ?

Kenji perdit ses moyens et marmonna des tâches sans importances.

- Ha ha, tu feras ça après, allez, va t'asseoir avec les autres ! Tu vas adorer !

Il grimaça et pesta d'impuissance avant d'aller s'asseoir à son tour.

Megumi s'apprêtait à leur demander quelques éclaircissements sur cette situation qu'elle peinait à suivre, lorsque Kyosuke sortit soudain, vêtu d'un ensemble bleu ciel, le col dégagé.

- Alors ?! Qu'est-ce que vous en pensez ? Dit-il fièrement en se contemplant dans le haut miroir de Megumi.

La jeune femme cligna des yeux, un peu surprise en constatant que ce n'était ni plus ni moins qu'une séance d'essayage après une journée de shopping...

« C'est tout ? Je m'attendais à un truc bien plus insupportable. »

Alors, pourquoi les deux hommes assis à ses côtés semblaient si mal à l'aise ?

Peut-être était-ce à cause de la grande quantité de paquets...

Combien de temps cela allait-il durer ?

- Wouah, par l'Unique, mais regardez comment celle-là me va bien ! Qu'est-ce que vous en pensez ?! S'extasia-t-il en essayant une deuxième tenue.

- Ah ! Elle est déjà bien mieux que la première ! Dit-elle, sincèrement époustouflée par les motifs légèrement dorés sur le tissu. Mais tu devrais mettre le pantalon de la première tenue avec ce haut. Je pense que ça serait mieux.

- Tu crois ? Je vais essayer tout de suite !

Megumi avait senti ses deux camarades tressaillirent à côté d'elle.

- Mais tu es folle ou quoi ?! S'étouffa discrètement Kenji.

- Ça ne va jamais se terminer si tu commences à lui donner des conseils ! Paniqua Daisuke.

- C'est quoi le problème ? Il n'y a pas de mal à bien s'habiller.

- Ce n'est pas la question, grimaça Daisuke. Mais...

- Me voilà ! S'exclama Kyosuke en sortant fièrement. Alors ?

- Tu as fait vite... Wouah ! Ça te va tellement bien !

- Eh ! Je te plais comme ça ? Fanfaronna-t-il en prenant la pose.

- Tu es à croquer, beau gosse ! Répondit-elle en arquant un sourcil.

Ils éclatèrent de rire et se tapèrent joyeusement dans la main sous le regard perdu des deux autres.

- Par l'Unique, tu as raison ! S'exclama-t-il en contemplant son reflet. Je sais que tout me va mais on dirait que cette tenue a été créée spécialement pour moi ! Regardez comment je suis beau !

Les heures s'écoulèrent, mais Megumi ne vit rien passer tant elle s'amusait comme une folle. Kyosuke la faisait rire aux éclats en s'aimant comme Narcisse en personne, et voir Daisuke et Kenji dépérir de minute en minute était un petit bonus dont elle ne se serait pas passée.

Elle qui avait passé la journée à se torturer l'esprit à cause d'Hayate, ces trois idiots lui avaient remonté le moral sans effort.

Elle les aimait tant...

Et pour la première fois, elle remercia le ciel de ne pas être parvenu à retrouver la bille de la sorcière.

Il lui suffisait de se souvenir de ces interminables soirées, seule, au milieu de ce gigantesque appartement, pour réaliser à quel point elle avait trouvé le bonheur dans ce monde.

Certes, ce n'était pas toujours facile, et elle en avait vu de toutes les couleurs depuis son arrivée, mais ce qu'elle avait trouvé à Aldagarya était si précieux qu'elle était prête à supporter bien pire pour le garder.

« Même si Mayu et ma mère me manquent... »

- Purée de pataras, vous ne trouvez pas que ce haut met mes pectoraux terriblement en valeur ? Frima-t-il.

- Ah, oui, mais tu devrais essayer avec la ceinture de la quatorzième tenue ! Parce que celle-ci est bien trop voyante.

- Ah, tu as raison, je vais essayer !

- Bordel, mais tu ne vas pas la fermer, toi ?! Grinça Kenji entre ses dents.

Daisuke s'était endormi.

 

 

* * *

 

Megumi fut brutalement réveillée par une violente crampe à la jambe.

Encore à moitié endormie, elle se leva presque inconsciemment et sautilla sur place en grimaçant de douleur.

Au bout de quelques secondes, son mollet devint moins douloureux, et elle resta debout, droite comme un piquet, à forcer contre son talon en soupirant.

Au bout d’un moment, elle s'appuya contre sa coiffeuse, encore choquée par la violence de la crampe.

« Ah ! À cause de la petite séance d'essayage de Kyosuke, j'ai complètement oublié de m'étirer... »

« Quelle idiote... » se dit-elle en tâtant son meuble dans l'obscurité, pour trouver sa gourde d'eau.

Elle en but la moitié d'une traite en ouvrant la porte menant à l'extérieur, pour respirer un peu l'air frais.

Il faisait toujours nuit, la demeure était calme et silencieuse.

Elle ferma à moitié les yeux afin de mieux savourer la fraîcheur de la nuit contre ses joues, et remarqua soudain une étrange petite créature bleue, semblable à une grenouille. Elle sautillait joyeusement devant elle, de gauche à droite.

La jeune femme n'en avait jamais vu de pareille.

- Eh, salut, toi… Chuchota-t-elle.

Intriguée, elle la suivit en se penchant pour l'observer de plus près, puis en tournant à l'angle de la maison, elle se figea net, le cœur affolé, en tombant sur Hayate qui semblait s'être endormi sur le sol.

« Oh mon Dieu ! Mais qu'est-ce qu'il fiche là au milieu de la nuit ?! »

« Purée, mais je ne peux décidément pas sortir prendre l’air sans tomber sur lui, c’est pas possible !! »

Le sang lui monta à la tête, puis sans hésitation, elle tourna les talons et repartit à pas de loup en retenant son souffle.

- Ça, c'est terriblement vexant, Megu chan... ricana-t-il doucement.

Megumi se figea sur place et roula des yeux affolés en se tournant vers lui.

Il était toujours allongé, les yeux clos.

Comment avait-il deviné ?

- Euh, je... je voulais juste prendre un peu l'air, mais c'est fait maintenant, alors je retourne me couch...

- Ah, ça tombe très bien, s'amusa-t-il en se redressant. J'avais justement envie d'une petite balade sous les étoiles...

- Hein ? Mais... balbutia-t-elle tandis qu'il descendait de la passerelle pour atterrir dans le jardin.

Il se tourna vers elle, la main nichée dans sa manche, dans son habituelle posture nonchalante, et attendit, un petit sourire arrogant sur les lèvres.

- Allez, dépêche-toi, rit-il.

Elle rougit et recula d'un pas en s'efforçant de reprendre un air impassible.

Si elle avait été encore à moitié endormie, elle était à présent parfaitement réveillée.

- Je ne viendrai pas avec toi, dit-elle déterminée. Je vais retourner me coucher. Je dois me lever tôt pour aller travailler à la boutique, alors...

- Aah, quel dommage... fit-il mine de s'étonner. Tu en es sûre ?

- Oui, certaine ! Alors... Bonne nuit, Hayate, conclut-elle en tournant les talons.

- Mmh, vraiment dommage, déplora-t-il. Ah ! Maintenant que j'y pense ! Peut-être que mon excellent ami, Eisuke, accepterait de m'accompagner...

Megumi se figea net et se tourna vers lui, les yeux ronds comme des billes tandis qu'il grimpait de nouveau sur la passerelle avant de se diriger vers la chambre d'Eisuke.

- Non ! Ne fais pas ça ! Suffoqua-t-elle en se dressant devant lui pour lui bloquer le passage.

- Ah ? Et pourquoi pas ? S'étonna-t-il. Bon, je te l'accorde, il n'est pas très loquace, ce n'est pas un marrant non plus, mais... Je suis sûr qu'il y aura moyen de rendre la balade divertissante. J'ai deux ou trois anecdotes qui pourraient peut-être l'intéresser...

- C'est bon, je viens, s'impatienta-t-elle en plaquant sa main contre sa bouche. Mais pour l'amour du ciel, parle moins fort !

Il coula sur elle un regard malicieux et Megumi s'empressa de récupérer sa main en reculant d'un pas, le cœur affolé et torturé.

Sa main la brûlait. Elle avait l'impression de sentir encore ses lèvres souriantes contre sa paume.

« Ce sale type... »

Megumi ne voulait pas le suivre.

Elle avait terriblement peur de se retrouver seule avec lui, mais avait-elle le choix ?

Le visage d'Eisuke commença à flotter dans son esprit, et son cœur se serra. Elle avait déjà l'impression de le trahir...

- Bien... Puisque tu insistes, Megu chan, allons-y, s'amusa-t-il en passant de nouveau devant elle.

Il descendit la passerelle et attendit patiemment qu'elle le suive avant d'ouvrir la marche.

Megumi peinait à respirer correctement tant son cœur battait avec violence. Il semblait vouloir quitter sa cage thoracique.

Elle tremblait, ses mains étaient moites, elle peinait à garder un air impassible, tandis que cet homme marchait tranquillement, avec sa nonchalance habituelle.

Ce n'était pas juste.

Vraiment pas juste.

Le silence était insupportable, elle était si mal à l'aise...

« Bon sang, si Eisuke nous voyait... »

Enfin, Hayate se laissa tomber sur la pelouse avec un soupir et Megumi recula, embarrassée, tandis qu'il tapotait le sol de sa main droite, l'invitant à s'y installer à son tour.

- Je... Je préfère rester debout !

- Ah, quel dommage... Moi qui voulais contempler les étoiles aux côtés de quelqu'un... Ah ? Et si je demandais à Eis...

- Bon sang, ce que tu es lourd ! Marmonna-t-elle en s'allongeant à contrecœur.

En entendant Hayate pouffer de rire, elle le regarda du coin de l'œil et le rouge lui monta aux joues en réalisant qu'il avait ri de bon cœur. Sans moquerie, ni méchanceté.

Troublée, elle détourna les yeux et joignit ses mains moites sur son ventre.

- Idiot... Tu t'amuses bien à ce que je vois.

- Comme un petit fou, fillette... pouffa-t-il de nouveau.

Elle secoua la tête avec lassitude et leva les yeux vers le ciel dégagé.

Il était effectivement magnifique...

Les étoiles étaient si nombreuses qu'elle pouvait apercevoir la voie lactée.

- Sérieusement, souffla-t-elle, malgré tout époustouflée par le spectacle. Je travaille tôt et je suis épuisée, il ne faut pas que je tarde trop...

- Au pire, si tu es trop fatiguée, tu n'auras qu'à t'endormir ici. Je te borderai... dit-il malicieusement.

- C'est ça, ouais... Il faudrait être inconscient pour s'endormir à côté de toi...

- Pourquoi, Megu chan ? Susurra-t-il. Tu as peur que je te fasse des choses pendant ton sommeil ? Ou que je te tue ?

Elle tressaillit en sentant sa main se poser délicatement sur sa gorge.

- Je n'ai pas besoin d'attendre que tu t'endormes, tu sais ? Je peux te tuer ici et maintenant, si j'en ai envie...

Megumi tâcha d'ignorer à quel point ce contact l'électrisait, elle pesta et attrapa son poignet avant de le forcer à la lâcher.

- Arrête ton char, tu ne me feras rien du tout, marmonna-t-elle en reposant ses mains tremblantes contre son ventre.

- Ha ha, quelle confiance ! Tu penses que je n'en serais pas capable ?

- C'est évident... C'est comme cette fameuse nuit, quand tu m'as fait assez peur pour que je tente de m'enfuir... C'était stupide quand j'y repense. Évidemment que tu ne m'aurais pas tuée.

- Tu es bien sûre de toi, Megu chan... Ça me donne presque envie de te tuer maintenant pour te contredire...

Megumi croisa son regard et attendit patiemment, le mettant au défi d'aller au bout de sa menace.

Mais il détourna la tête en souriant, visiblement amusé, et elle comprit qu'elle avait vu juste. 

Il n'aurait jamais pu la tuer.

Elle poussa un soupir et reporta son attention sur le ciel pendant un instant.

-  Tu as pris cher aujourd'hui.  Je n'avais jamais vu le commandant aussi furieux...

-  Pas plus que d'habitude. Il aura oublié d'ici demain.

-  Je ne pense pas, cette fois.  Tu devrais faire attention si tu ne veux pas perdre ta place de capitaine.

Il s'esclaffa avant de secouer la tête en soupirant.

-  Ce n'est pas drôle, Hayate. Tu devrais le prendre au sérieux.

-  Aah ? S'amusa-t-il en lui jetant un regard malicieux du coin de l'œil. Pourquoi ? C'est l'idée que je parte qui t'inquiète ?

- Hein ? Mais pas du tout ! Je dis ça pour toi, enfin !

- Vraiment ? La taquina-t-il en se tournant vers elle.

Elle retint son souffle et son cœur se stoppa net lorsqu'il se hissa sur un coude, la main contre son visage, les yeux braqués sur elle.

« Je croyais qu'il voulait regarder les étoiles !! »

Il était bien trop près !

Elle se tortilla un peu, terriblement mal à l'aise et se clarifia la gorge.

- C'est uniquement pour moi ? Insista-t-il, amusé. Ose me dire que je ne te manquerais pas, Megu chan...

- Arrête, râla-t-elle pour cacher son trouble. Comment pourrais-tu me manquer après tout ce que tu m'as fait ?

- Ha ha, tu désires mon départ, alors ?

- Oui ! Oui, je veux que tu t'en ailles ! Lui assura-t-elle en plongeant son regard déterminé dans le sien.

Elle avait peut-être répondu avec un peu trop de virulence, mais si elle ne se fâchait pas, il comprendrait tout de suite à quel point elle était troublée.

De toute manière, cela ne lui faisait ni chaud ni froid.

Il se contentait de la fixer d'un air serein, sans se défaire de son habituel sourire malin.

- Tu n'as jamais su me mentir, Megu chan. Mais j'apprécie l'effort.

- Purée... soupira-t-elle avec impatience en reportant son attention sur le ciel. Tu m'épuises !

- Tu m'étonnes que ça t'épuise. Tenter de te convaincre nuit et jour que tu n'es pas accro à moi doit être tellement fatiguant...

- Étant donné que c'est toi qui me harcèles sans arrêt, et qui me menace pour pouvoir passer du temps avec moi, je pense que c'est plutôt toi qui es accro à moi, retorqua-t-elle.

- Eh, mais quelle répartie, Megu chan ! S'enthousiasma-t-il, étonnamment émoustillé.

Elle fronça les sourcils et l'affronta des yeux tandis qu'il la dévisageait dangereusement, la tête inclinée.

- Mais... C'est peut-être un petit peu vrai, avoua-t-il d'une voix légère.

Ces mots glissés, de ce ton rauque, lui firent l'effet d'une explosion dans son cœur. Elle en perdit sa faculté de penser, le temps d'une seconde.

- Arrête... dit-elle d'une voix à peine audible.

- Quoi donc, Megu chan ? murmura-t-il.

- De flirter avec moi de cette manière !

- Ose me dire que ça ne te plaît pas... la taquina-t-il.

Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux et s'empressa de fuir son merveilleux regard vert.

- Je te rappelle que je ne suis pas libre !

- Allons, Megu chan, s'esclaffa-t-il. Tu ne vas pas me faire croire que tu es sérieuse avec lui ? Ce serait franchement ridicule...

Elle fronça les sourcils.

- Tu me penses capable de jouer avec les sentiments de quelqu'un ?

- Tu joues bien avec les miens, s'amusa-t-il.

« HEIN ?! ALORS LÀ ?! »

- Non mais tu te fous de moi, Hayate ?! S'énerva-t-elle en se hissant soudain sur ses coudes.

Une réaction qui amusa visiblement beaucoup le capitaine.

- Toi, tu as des sentiments pour moi ? Tu ne crois quand même pas que je vais avaler ça ?!

- Bah, c'est vrai que le mot sentiment est un peu fort, lui accorda-t-il avec humour. Mais... Tu ne peux pas nier que physiquement, on s'entend très bien...

Hayate risqua une main sur une de ses mèches et l'enroula autour de son index, en laissant planer un silence lourd de sous-entendus.

- Où veux-tu en venir ? Demanda-t-elle, sur ses gardes. Tu vas me dire de quitter Eisuke et de devenir ton nouveau jouet sexuel ?

- Pas du tout, je ne te demande pas de quitter ce mec barbant, s'amusa-t-il. Tu peux le côtoyer, faire votre jardinage là, parler de poèmes et d'autres conneries de ce genre, comme d'habitude, et le soir... ajouta-t-il avec un petit sourire malicieux en serrant sa mèche. Toi et moi, on pourrait passer du bon temps. Qu'en dis-tu ?

Megumi plissa les yeux, se demandant sincèrement s'il était sérieux.

Il lui demandait vraiment de devenir sa « sexfriend » ?

Elle serra les dents et les poings pour ne pas le frapper. Il comptait donc l'humilier jusqu'au bout ?

Et le pire, c'était qu'il semblait incroyablement sûr de lui.

Pour Hayate, tout était clair : Megumi était dingue de lui, mais étant donné qu'elle ne pouvait pas l'avoir, elle s'était rabattue sur Eisuke.

Et à présent qu'Hayate lui proposait une relation, même charnelle, évidemment qu'elle allait accepter !

Elle était tellement « dingue de lui » ! 

« Espèce de pauvre mec arrogant... »

- Et qui te dit que je ne suis pas déjà occupée, le soir ? Le défia-t-elle.

Il pouffa de rire d'un air supérieur.

- Allez arrêtes, ça se voit au premier coup d'œil que votre relation est tout ce qu'il y a de plus platonique. Tant qu'il ne t'aura pas fait son serment à la con, il ne te touchera pas.

- Qu'en sais-tu ? Dit-elle avec un petit sourire mauvais. Si c'est l'image que tu as de lui, c'est que tu ne le connais pas vraiment.

Hayate rit de nouveau, mais il semblait un peu moins serein. Elle était parvenue à le faire douter.

Cette lueur dans son regard était si jouissive...

- Arrête, ricana-t-il. Tu ne vas pas me faire croire qu'il t'a baisée ?

Elle tiqua, agacée par sa vulgarité et lui répondit, sereinement :

- Non, ça, c'est ce que toi tu fais : « baiser » comme tu dis. Mais entre Eisuke et moi, c'est bien plus que ça.

Elle lui sourit méchamment et se hissa légèrement pour le forcer à la regarder dans les yeux.

- C'est l'amour, qui me lie à Eisuke. L'amour véritable. Alors lorsqu'il pose les mains sur moi, c'est pour m'aimer, pas pour me baiser...

Megumi eut la soudaine impression de voir ses pupilles rétrécir d'une manière diabolique, comme si elle venait d'invoquer le démon en lui.

Un sourire cruel étira les lèvres du capitaine, puis sans crier gare, il se jeta sur elle, la cloua au sol et plaqua ses lèvres contre les siennes, sans douceur.

Stupéfaite, il fallut quelques secondes à Megumi pour réaliser que ceci était bien réel et qu'elle n'était pas en plein rêve. Ou plutôt en plein cauchemar !

Hayate l'écrasait sous son poids et fouillait sa bouche de sa langue sans aucune douceur.

Aussitôt, un étrange mélange de peur, d'indignation et d'excitation bouleversa son être et elle poussa un cri étouffé.

« Non ! »

Megumi tenta de le repousser, mais il redoubla d'ardeur et coinça ses poignets au-dessus de sa tête avec une seule main, tandis que sa main libre s'attaquait à sa ceinture.

- NON ! NON ARR... !

- Chut ! Souffla-t-il d'une voix démoniaque en plaquant sa main contre sa bouche. Voyons... Tu ne voudrais tout de même pas que ton légumiste de mes deux, nous surprenne, si ?

Elle roula des yeux épouvantés et poussa un cri de stupeur lorsqu'il lâcha sa bouche pour ouvrir sa tenue sans ménagement.

Sa main empoigna son sein nu presque brutalement et sans douceur, et Megumi sentit une onde de choc retentir jusqu'à son intimité.

- Non ! Hayate, Arrête !! Suffoqua-t-elle d'un air paniqué.

- Que j'arrête ? Fit-il mine de s'étonner, un sourire sadique sur les lèvres. Mais enfin, Megu chan, regarde-toi...

Il passa sa main sur sa gorge, sur sa poitrine, puis sur sa hanche.

Son corps tremblait comme une feuille...

- Regarde, je te touche à peine et tu es déjà à deux doigts de jouir... Alors soit tu es une putain de chaudasse, soit ton « amour véritable » n'arrive pas à te satisfaire...

- Arrête... suffoqua-t-elle au bord des larmes. Je t'en prie...

- Ha ha ! Ne t'en fais pas, ricana-t-il en écartant ses cuisses de force avec son genou. Tu vas adorer ce que je vais te faire...

- Arrête, Hayate ! Non !

Elle se débattait frénétiquement mais elle ne faisait pas le poids face à lui. Il était si fort qu'il pouvait l'écraser d'une seule main s'il le désirait.

Elle était terrifiée, et se retrouver à moitié nue, exposée à son regard cruel et tortionnaire ne faisait qu'accentuer sa détresse.

Sa main se retrouva soudain entre ses cuisses, puis il plongea son regard conquérant dans le sien avant de s'emparer de son intimité.

- Hayate, commença-t-elle à pleurer, en fouillant son regard des yeux. Je t'en supplie, arrête... Pas comme ça !

Il pouffa de rire et accéléra la cadence sans aucune pitié en la dévisageant sournoisement.

Megumi poussa un cri, à la fois de plaisir et de détresse et lorsqu'il introduisit un doigt en elle, un tsunami la frappa de la tête aux pieds et elle se mit à pleurer tandis que la culpabilité commençait à lui ronger le cœur.

Les réactions de son propre corps la couvraient de honte. Elle était désespérée.

- Bordel, tu n'attendais que ça, ou quoi ? Ricana-t-il en appuyant sur ce point précis qui lui faisait perdre la tête. Quelle petite perverse hypocrite... Tu fais tes niaiseries avec l'autre coincé, tout en rêvant que je te baise...

- Oh mon Dieu, je t'en supplie, Hayate, arrête ... sanglota-elle de douleur.

- Arrête ton char, susurra-t-il en lui mordant le cou. Tu n'as pas du tout envie que j'arrête...

Elle pleurait tellement qu'elle n'arrivait même plus à voir son visage.

- Pourquoi te donnes-tu tant de mal pour essayer de cacher à quel point tu rêves nuit et jour que je te la mette ? Ça crève les yeux, même l’autre légume le sait...

Ces mots la blessaient, dans son cœur et dans sa fierté.

Elle se sentait si humiliée...

Le visage d'Eisuke la hantait, Megumi commençait à ressentir du dégout envers sa propre personne… Elle était horrible !

Comment pouvait-elle le laisser faire une chose pareille ?

Comment pouvait-elle lui montrer à quel point son corps en redemandait ?

Comment pouvait-elle lui donner ce qu'il voulait ?

Elle était si faible ! Si pitoyable !

Le regard intense et sombre d'Hayate ne lâchait pas son visage, comme s'il ne voulait pas rater une miette de ce spectacle qui le rendait manifestement si fier.

Elle voulait le détruire et le dévorer à la fois, tant sentir ses yeux sur elle l'excitait autant que cela la révoltait.

- Il ne t'a jamais baisée, en fait... souffla-t-il soudain avec un sourire mauvais.

Elle tressaillit et son sourire s'accentua diaboliquement.

Il venait visiblement de trouver la réponse dans ses yeux.

- Petite menteuse, souffla-t-il en lui mordant la nuque.

Un désir puissant la submergea, et elle gémit de détresse en sentant l'orgasme monter du plus profond de son ventre.

« Non ! Non ! »

Elle aurait voulu prendre la fuite, partir en courant et s'enfermer dans sa chambre, mais il la tenait beaucoup trop solidement. Elle était prise au piège.

Ses lèvres, sa langue et ses doigts se promenaient entre sa gorge et sa poitrine, elle allait devenir folle !

- Hayate, je t'en supp... !

Soudain, son cœur bondit hors de sa poitrine et elle fixa le ciel de ses grands yeux ronds en sentant l'orgasme arriver.

- Non ! Gémit-elle, Arrê...

Elle secoua la tête, désespérée, le visage larmoyant, puis soudain elle étouffa un cri de jouissance contre son épaule musclée et cambra instinctivement le dos pour aller à la rencontre de sa main...

Puis très vite, un intense orgasme explosa en elle. Hayate l'attrapa par les cheveux pour la forcer à relâcher son épaule et il plaqua de nouveau ses lèvres contre les siennes, pour venir cueillir ses cris avec un sourire cruel.

Son intimité battait comme un tambour. Les élans de plaisir palpitaient, implosaient, s'éternisaient... puis se dissipèrent en elle tandis qu'Hayate la toisait, un sourire triomphant aux lèvres.

- Eh bien, eh bien... Tout ça ? Ricana-t-il à voix basse contre ses lèvres. Je t'ai pourtant à peine stimulée, Megu chan...

Encore choquée, Megumi fixait un point devant elle, sans vraiment le voir.

Un froid hivernal s'était emparé de son cœur, et elle se sentit un peu déconnectée de la réalité pendant quelques secondes.

- Oh Eisuke ? s'étonna-t-il soudain en regardant vers la maison. Tu es là depuis longtemps ?

Le sang de Megumi ne fit qu'un tour, elle donna un coup de genou dans le ventre d'Hayate et s'empressa de rabattre sa robe sur sa nudité avant de se tourner vers la maison.

Mais il n'y avait personne.

Et elle comprit vite à son rire railleur que ce n'était qu'une blague...

Exténuée, elle se tourna lentement vers lui, et le dévisagea avec de grands yeux vides tandis qu'il continuait de rire, visiblement très satisfait de sa plaisanterie.

- Ha ha, tu ne marches pas, toi ! Tu cours ! Se moqua-t-il en riant de bon cœur.

Il semblait sincèrement s'amuser de la situation, comme si tout ce qu'il venait de lui faire subir n'était qu'un jeu pour lui.

La jeune femme baissa mollement la tête, le regard tourmenté sur le sol puis, une grimace de douleur la défigura et elle explosa soudain en sanglots en plaquant ses mains contre son visage.

C'était trop. La douleur et l'humiliation la coupaient en deux, elle gémit de détresse en se laissant tomber en avant, le front contre le sol.

Elle se sentait si désespérée et extenuée qu'elle aurait voulu disparaître six pieds sous terre.

Elle avait trahi Eisuke...

Ou plutôt, il l'avait forcée à le trahir.

- Eh ? Qu'est-ce qui te prend de chialer comme ça ?

La voix d'Hayate résonnait dans son esprit, mais Megumi était bien trop occupée à se noyer dans sa peine pour y faire attention.

Le visage doux et gentil d'Eisuke lui venait encore et encore, lui saignant le cœur à blanc, et elle s'insulta de tous les noms...

Elle se sentait si sale, si coupable, si horrible...

Elle n'était pas une fille bien, contrairement à ce qu'elle avait toujours pensé.

Non, seul Hayate avait compris depuis le début, qui elle était vraiment.

Il avait raison… Elle n'était qu'une « chaudasse » !

Et Eisuke méritait bien mieux qu'une fille comme elle...

- Eh ? S'impatienta-t-il en l'attrapant par le bras.

Il la redressa d'une main et Megumi aperçut à peine son visage à travers son rideau de larmes.

- Qu'est-ce que tu me fais là ?

Il semblait sincèrement perdu, et un peu inquiet aussi.

Pourquoi ? Avait-il déjà oublié ce qui venait de se passer ?

Ou n'avait-il pas conscience de la gravité de ce qu'il lui avait fait ?

De ce qu'ils avaient fait ?

- S'il te plait... dit-elle entre deux sanglots. Je ferais tout ce que tu voudras mais par pitié... Ne dis rien à Eisuke !

Elle le sentit frémir légèrement, puis la pression sur sa main s'accentua et il la rejeta sur le sol avec mépris.

- Par pitié, ne lui dis rien ! Sanglota-t-elle en se redressant difficilement.

Il se mit à ricaner, d'un air si froid qu'elle sentit la température de son propre corps chuter d’un seul coup.

- Juste parce que tu me le demandes, non seulement, je vais lui raconter, mais je vais aussi et surtout lui révéler tout le reste...

- Non... Gémit-elle de douleur tandis qu'il s'accroupissait devant elle.

- Et tu sais quoi ? Ajouta-t-il avec enthousiasme en l'attrapant par les cheveux pour la forcer à le regarder. Je ne vais même pas attendre, demain ! Je vais le dégager de son futon, maintenant, et me délecter de sa douleur en lui racontant chaque détail !

- Hayate, s'il te plait... pleura-elle tandis qu'il la rejetait de nouveau. Attends !

Elle tenta de le retenir par la jambe, mais il avait déjà tourné les talons.

Il s'avançait à présent vers la maison, l'abandonnant ainsi, à moitié déshabillée, seule et désespérée...

Cette fois, tout était fini. Il allait briser le cœur d'Eisuke. Pour de bon.

Elle lui avait donné ce pouvoir, et il s'apprêtait à l'utiliser...

Tout était de sa faute !

Épuisée, elle se laissa retombée sur le sol et éclata en sanglot en s'arrachant les cheveux.

C'était fini. Elle avait perdu Eisuke.

Jamais il ne lui pardonnerait une telle trahison...

Et elle n'était même pas certaine de réellement désirer son pardon. Il était si droit, si digne et pur. Il méritait une femme bien mieux qu'elle !

Mille fois mieux qu'elle !

« J'ai envie de mourir... »

« Je veux disparaître ! »

De sa vie, jamais elle n'avait ressenti un tel degré d'humiliation.

Son cœur et sa fierté avaient été violemment écrabouillé sous la botte d'Hayate.

- Putain, arrête-ça... retentit soudain la voix d'Hayate. Tu fais chier, merde !

À sa grande surprise, Megumi sentit des bras tendres l'enlacer avec douceur, et elle tressaillit en tentant désespérément de lui échapper.

Mais le capitaine la ramena de force contre lui et attrapa sa tête dans sa grande main pour l'appuyer contre sa poitrine.

Elle l'empoigna par les manches et tenta une nouvelle fois de le forcer à la relâcher, mais il la serrait solidement contre lui…

Megumi laissa échapper un sanglot épuisé, ses forces diminuaient de seconde en seconde.

- Dégage... gémit-elle avec rage.

- Non, je reste...

Elle pleura de plus belle et grogna en lui donnant un coup de tête contre la poitrine, elle aurait voulu lui faire mal, mais elle était si fatiguée.

Dans sa tourmente, elle réalisa soudain que le cœur d'Hayate battait à tout rompre contre son oreille.

Avait-il couru pour revenir la voir ? Ou était-ce autre chose ?

- Ne me touche pas... gémit-elle en remuant. Laisse-moi...

- Non, pas tant que tu ne te seras pas calmée...

Ses mains qui la martyrisaient juste avant, étaient à présent douces et réconfortantes.

À quoi jouait-il ?

Elle n'était plus certaine de le suivre...

- Megu chan... souffla-t-il.

Son cœur n'était pas encore vidé, mais elle était bien trop épuisée pour continuer de pleurer, alors les sanglots se calmèrent d'eux-mêmes et elle se retrouva molle dans ses bras, comme une poupée de chiffon.

Elle aurait voulu lui dire qu'elle ne pleurait plus, et qu'il pouvait à présent la relâcher, mais elle n'avait plus l'énergie de prononcer le moindre mot.

Les bras d'Hayate se resserrèrent autour de Megumi et un gémissement faible lui échappa lorsqu'elle sentit le visage d'Hayate plonger dans sa nuque.

Étonnamment, le responsable de ses tourments avait également le pouvoir de l'apaiser.

Elle se sentait un peu moins mal à présent...

- Hayate... Ne lui dis rien, dit-elle dans un souffle.

Il pesta un juron.

- C'est bon, pourquoi irais-je lui balancer un truc pareil ? Marmonna-t-il avec impatience.

« Ah... ? »

C'était si surprenant qu'elle se demanda pendant un instant si ce n'était pas encore une de ses blagues.

Mais quelque chose dans sa voix lui fit comprendre qu'il était sincère, alors elle sentit soudain un poids lui libérer le cœur.

Soulagée, elle rassembla l'énergie qui lui restait et fit un mouvement pour se dégager, mais Hayate resserra son étreinte.

- Attends... souffla-t-il. Juste une minute...

Megumi fronça les sourcils et regretta de ne pas pouvoir se tourner pour voir son expression.

Que se passait-il ?

Il venait de changer du tout au tout en l'espace de quelques minutes.

C'était si soudain qu'elle se demanda pendant un instant s'il n'était pas schizophrène.

Il poussa soudain un soupir désespérément lourd qui lui chatouilla la nuque.

Elle frémit et un frisson incontrôlable la traversa lorsqu'il murmura contre sa peau :

- Pardonne-moi, Megumi...

Le ton de sa voix, et la façon dont il avait prononcé son prénom étaient si doux, si désespérés, que la jeune femme sentit de nouveau les larmes lui monter aux yeux.

Elle grimaça et se mordit la lèvre en broyant la manche du capitaine entre ses mains.

Une couche de chaleur vint délicatement envelopper son cœur glacé et brisé, puis elle appuya son front contre son bras et se perdit dans son odeur...

Plus blessée et perdue qu'elle ne l'avait jamais été...

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