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Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 8

- Tu l'es, n'est-ce pas ? Insista-t-il doucement.

Son regard l'hypnotisait. Megumi commençait à perdre ses moyens.

Elle secoua vivement la tête, la lèvre tremblante avant de détourner les yeux.

Certes, il avait vu juste. Songer à sa mère l'avait rendue triste, mais il était hors de question pour elle de se laisser aller dans le jeu des confidences.

Encore moins avec lui.

Soudain, il saisit doucement son menton et ramena de nouveau son regard à lui.

Un sourire enjôleur étirait ses lèvres, et une lueur pernicieuse brillait dans le fond de ses prunelles.

Elle retint son souffle et son cœur s'affola brutalement en comprenant ce qu'il avait en tête...

- Laisse-moi apaiser ta peine, Megu chan, Murmura-t-il en approchant doucement ses lèvres des siennes.

- Dégage ! Rugit-elle par réflexe en lui assenant un violent coup de poing à la mâchoire.

Un geste qui la surprit autant que lui.

Le visage d'Hayate se renversa sur le côté tandis que la jeune lycéenne secouait sa main en gémissant de douleur.

- Aïe, aïe aïe ! Pleurnicha-t-elle.

- Mais, qu'est-ce qui t’as pris ? Je plaisantais, Megu chan ! S'amusa-t-il en frottant sa joue. Tu t'es fait mal ?

Elle leva un regard furibond et choqué vers lui.

- Tu as un sens de l'humour vraiment nul ! Ce n'était pas drôle du tout ! S'écria-t-elle, hors d'elle.

Hayate éclata de rire et la jeune femme oublia sa douleur le temps d'un instant.

Son rire était aussi doux que rauque...

Il raisonnait autour d'elle comme un chant enchanteur.

Étrangement, sans son expression froide et mauvaise, il avait l'air beaucoup plus jeune...

Elle détourna la tête et s'efforça de reprendre ses esprits.

- Je persiste à dire que tu as un sens de l'humour vraiment tordu. Tu fais ça à toutes les filles que tu rencontres ?

- Pourquoi ? Es-tu jalouse, Megu chan ? S'amusa-t-il.

Elle fronça des sourcils en pouffant de rire d'un air mauvais.

- Ne rêve pas... Pour que je le sois, il faudrait déjà que j'ai des vues sur toi.

Il fit couler sur elle un regard pénétrant...

- Et ce n'est pas le cas ?

Megumi retint sa respiration sans s'en rendre compte et le regarda d'un air perdu.

Quel était le but de cette discussion ? N'était-elle pas leur prisonnière ?

Alors pourquoi avait-elle l'impression qu'il tentait... de la séduire ?

Qu'avait-il derrière la tête ?

Était-ce un simple divertissement pour lui ou... ?

- Désolée de te décevoir, mais... Non, ce n'est pas le cas du tout, répondit-elle enfin. Et quand bien même, qu'est-ce que ça t’apporterait ? Je vais probablement bientôt me faire exécuter, alors je...

Elle s'interrompit en voyant son sourire perfide s'accentuer...

Son regard rivé au sien la dévisageait étrangement, comme s'il se retenait de ricaner.

« Qu'est-ce que... ? »

- Ils ne te tueront pas, dit-il enfin, j'y ai veillé personnellement...

Megumi fronça les yeux et le regarda pendant un instant, tandis qu'elle découvrait peu à peu la vérité dans ses yeux.

« Non... Ce n'est tout de même pas... ? »

- C'est... c'est toi qui as inscrit mon nom dans le registre ? Chuchota-t-elle.

C'était davantage une affirmation qu'une question. Elle n'avait plus aucun doute face à son expression satisfaite...

- Qui d'autre à ton avis ? S'amusa-t-il à voix basse.

La jeune femme retint son souffle en réalisant que son visage était soudain beaucoup trop proche du sien.

- P... Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?

- Parce que ça m'amuse... répondit-il sur le ton de l'évidence.

Megumi déglutit difficilement en tentant sans succès de mettre une distance entre elle et le capitaine.

Une tension étrange s'installait entre eux.

Une tension déstabilisante... mais aussi étrangement grisante.

Pourquoi avait-elle si chaud tout à coup ?

- Ça t'amuse ? Bégaya-t-elle. Et si j'étais vraiment une espionne ? Tu viens peut-être de mettre ta vie et celles des tiens en danger...

Megumi était consciente qu'elle ferait mieux de se taire, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir déstabilisée par les propos d'Hayate.

Quelle inconscience...

Et si elle avait vraiment été leur ennemie ?

Comment pouvait-il agir avec autant d'imprudence ?

Son regard rieur la détailla de nouveau.

- Au lieu de parler pour rien dire...Tu ne crois pas que tu devrais plutôt me remercier ?

Elle marqua un temps d'arrêt, avant de se reprendre le regard fuyant...

- Je te remercierais volontiers, répondit-elle, hésitante. Si je n'étais pas certaine que tu avais une idée derrière la tête...

- Ha ha, tu me juges bien vite... N'ai-je donc pas le droit de te sauver simplement par bonté d'âme ?

Elle le regarda d'un air si blasé qu'il dû visiblement se mordre la langue pour ne pas rire.

- Je suis certaine que tu l'as fait uniquement par ennui... Et que tu comptes m'utiliser pour te distraire.

Il pouffa de rire, le regard de plus en plus espiègle.

- Je vois que tu as bien pris le temps d'essayer de me cerner, Megu chan... pour quelqu'un qui n'aurait pas des vues sur moi...

Elle se raidit et le foudroya du regard pour cacher son trouble, malgré ses joues rougissantes.

- Et il ne te vient pas à l'esprit que je suis peut-être vraiment une espionne, et que je n’ai pas cessé de TOUS vous observer depuis mon arrivée ici ?

Une petite voix lui criait de se taire. De cesser de chercher ainsi les problèmes, mais c'était plus fort qu'elle. D’autant plus qu’il venait de la déstabiliser...

Hayate la dévisagea intensément, le regard railleur, puis il pouffa sans la lâcher des yeux.

Visiblement, il ne la croyait pas du tout...

« Il doit croire que je suis dingue de lui, et qu'il pourra donc facilement faire de moi ce qui lui plaît !  Ce sale type arrogant ! C'est bien mal me connaître ! »

Excédée par son regard moqueur, elle ravala le flot d'insultes qui lui brûlait les lèvres, puis, elle se leva d'un bond en s'aidant de l'arbre derrière eux.

- J'ai suffisamment pris l'air... Je veux rentrer !

Il ricana en se levant à son tour, avec sa paresse habituelle.

- Bien, tu as raison, nous serons mieux à l'intérieur...

- Non, "JE" serai mieux à l'intérieur ! S'énerva-t-elle en se dirigeant vers la maison en tapant des pieds avec colère, je retourne dans ma chambre et NE T'AVISE PAS DE M'Y REJOINDRE !

- Mais voyons ? Pourquoi irais-je dans ta chambre ? Fit-il mine de s'étonner. Ça ne serait pas correct...

Megumi gronda d'impatience et accéléra le pas tandis qu'Hayate marchait derrière elle en riant.

- Allons Megu chan, calme-toi, je te taquine...

Elle pesta et se retint de lui répondre en marchant aussi vite qu'elle le pouvait.

Ce sale type ne faisait que s'amuser à la tourmenter, elle en avait assez !

- Il me semblait pourtant t'avoir demandé de la ramener dans sa chambre, retentit soudain une voix devant elle.

Megumi leva les yeux et tressaillit en voyant Eisuke s'avancer à leur rencontre, en fixant Hayate avec sévérité.

Hayate pouffa de rire derrière elle.

- Quel manque de délicatesse...Tu viens de briser notre petite ambiance romantique là, Eisuke-kun, s'amusa-t-il.

Megumi ferma les yeux avec lassitude pendant un bref instant avant de chercher le regard du vice-commandant.

Celui-ci ne prêtait déjà plus aucune attention à Hayate.

- Rentre. Le commandant veut te parler, dit-il d'une voix blanche.

 

 

 

* * *

 

 

Megumi suivait Eisuke d'un pas indécis tandis qu'il l'escortait jusqu'à Akihoshi.

Elle sentait la présence d'Hayate derrière elle, et le simple fait d'imaginer son regard sur elle, suffisait à la décontenancer.

Son cœur battait à tout rompre, ses mains devenaient moites...

Elle en oubliait presque sa propre situation.

« Ce n'est vraiment pas le moment... Je suis peut-être sur le point de gagner ma liberté, alors concentrons-nous... »

Elle prit une inspiration pour tenter de reprendre ses esprits.

Elle allait peut-être enfin pouvoir sauver sa vie pour de bon, grâce à l'intervention d'Hayate...

- Entre... fit soudain Eisuke en ouvrant une porte en bois coulissante.

Megumi marqua un temps d'arrêt et entra dans la pièce avec de grands yeux surpris.

Les pièces de la maison n'étaient pas bien spacieuses, mais cette bibliothèque était aussi grande que l'appartement qu'elle avait laissé dans son monde.

Les murs étaient intégralement cachés sous cette impressionnante collection de livres.

Une simple petite table basse entourée de coussins fins meublait la pièce.

Akihoshi, qui y était justement installé devant un ouvrage ouvert et une carte, lui fit signe de s'asseoir avec un sourire bienveillant.

- Bonjour ma peti… Euh bonjour, Megumi ! Viens, je te prie.

Elle hocha la tête avec un petit sourire hésitant et prit place face à lui.

- As-tu passé une bonne nuit ? Tu as bien pris ton petit déjeuner ?

Megumi hocha de nouveau la tête en le dévisageant à la dérobée.

Akihoshi avait toujours été adorable avec elle, mais la jeune femme préférait rester sur ses gardes.

Il était bien trop gentil pour être honnête...

Elle s'attendait à découvrir son vrai visage à tout moment.

- Oui... J'ai même fait une petite promenade dans votre jardin... C'était très agréable, lui répondit-elle avec un sourire poli.

- J'en suis heureux, soupira-t-il, tu avais le teint si pâle à ton arrivée ici, je suis ravi de te voir reprendre des couleurs.

Megumi se sentit dubitative, mais elle se garda de le montrer.

Elle chercha brièvement Hayate et Eisuke du regard avant de reporter son attention sur le commandant.

Hayate avait visiblement pris congé, mais Eisuke était adossé contre les livres, les bras croisés et la mine sinistre.

- Bon...

Akihoshi se racla la gorge et chercha ses mots pendant un instant.

- Puis-je te demander si des souvenirs te sont revenus dernièrement ? demanda-t-il avec douceur, comme par crainte de l'ébranler.

Megumi secoua la tête en pinçant les lèvres.

- Je ne me souviens que de la forêt...

Il hocha tristement la tête.

- Bon... En tout cas, nous t'avons trouvée dans le registre... continua-t-il en tournant l'ouvrage vers elle.

Akihoshi pointa son nom du doigt, il était effectivement inscrit dans l'une des colonnes.

- Tu viens du village Eldevir... Cela te dit quelque chose ?

Elle inclina la tête sur le côté avant de la secouer. La jeune femme n'était guère accoutumée au mensonge, alors elle peinait à entrer dans son personnage d'amnésique.

« Allez, courage... Tu ne fais rien de mal, c'est pour sauver ta vie après tout... »

- Bon... souffla Akihoshi.

Il baissa tristement les yeux, comme s'il hésitait à continuer.

- Je suis désolé, mais... Je vais devoir t'apprendre une terrible nouvelle...

Il pesta et passa sa main dans ses cheveux en fouillant la carte des yeux, comme pour fuir le regard de la jeune captive.

- Il se trouve que... Eldevir a sombré dans les flammes durant un affrontement...

Megumi cligna des yeux d'un air un peu interdit, tandis que le commandant se levait pour s'asseoir à ses côtés.

Il la couva d'un regard peiné avant de poser délicatement sa main sur son bras dans un geste de réconfort.

- Nous ignorons quels sont les survivants, certains ont fui vers les villages voisins mais...

Il hésita une dernière fois avant de se décider enfin à lui annoncer cette nouvelle qu'il peinait visiblement à lui révéler.

- Ton père... Ayam Minami a malheureusement péri pendant l'incendie.

Megumi haussa les sourcils et le regarda d'un air choqué.

Elle ignorait comment réagir face à ce type de révélations... lorsque l'on était censé être amnésique.

- Euh...

Elle déglutit difficilement en baissant les yeux vers le registre.

Le nom était inscrit juste au-dessus du sien et affichait « décès » sur la colonne voisine.

« Est-ce que cet homme... a vraiment existé ? »

Hayate avait peut-être ajouté ce nom pour rendre le mensonge plus crédible...

- Il était... ta seule famille, ajouta-t-il d'une voix tremblante. Je suis navré...

Megumi hocha la tête, le regard perdu dans le vague.

« Comment suis-je censée réagir, en fait ? »

- Euh... Je ne sais pas... Je ne me souviens pas de lui...

Elle se sentait si mal à l'aise et gênée de lui mentir de la sorte que ses yeux s'embuaient de culpabilité.

Akihoshi interpréta ses larmes de travers, et lui tapota le dos en hochant la tête, le regard affligé comme s'il partageait sincèrement son « deuil ».

- Même si tu as perdu tes souvenirs, ton cœur se souvient, il est donc naturel que tu te sentes triste...

Voir cet homme si bouleversé pour elle, acheva la jeune lycéenne.

Elle baissa la tête en se mordillant nerveusement la lèvre.

« Mon Dieu, quel malaise... »

- Tu as dû traverser des épreuves terribles, ma pauvre enfant... Je comprends à présent la raison de ton amnésie. Il paraît que le cerveau bloque les souvenirs, parfois, lorsqu'ils sont trop lourds à porter...

Elle hocha la tête, de plus en plus mal à l'aise.

- Mais ne crains rien, tu es en sécurité ici, reprit-il. Tu peux rester aussi longtemps que tu le voudras...

Megumi marqua un temps d'arrêt, puis elle se détendit intérieurement.

Elle se sentait si soulagée...

Sa vie n'était plus en danger.

- Je pourrai partir... quand je le voudrai ?

- Oui, bien sûr, à présent que nous savons qui tu es, et que nous sommes certains que tu n'es pas une espionne, tu es libre.

Megumi hurla intérieurement de joie.

Il n'était à présent plus nécessaire pour elle de préparer sa fuite.

Elle n'était plus leur prisonnière. Elle était libre de s'en aller !

- Merci... Je...

Elle s'apprêtait à lui annoncer qu'elle souhaitait partir dans la minute, mais sa raison l'en empêcha et elle ravala la fin de sa phrase.

« Pas de précipitation, réfléchissons... »

Megumi ne connaissait rien de ce monde.

Elle savait qu'elle devait retrouver sa bille mais ignorait comment retourner à la clairière...

« Et en admettant que je le sache, je pense qu'il ne serait pas très prudent de m'aventurer seule jusque là-bas... »

- Megumi ? s'inquiéta Akihoshi.

La jeune lycéenne sortit de ses pensées et le regarda sans comprendre avant de se reprendre.

- Oh euh, pardon... Je... Je suis désolée, mais... Est-ce que je peux abuser de votre hospitalité pendant quelques jours ? Le temps de réfléchir un peu et de...

- Mais bien sûr, répondit-il sans la laisser terminer. Comme je te l'ai dit, tu es la bienvenue, fais comme chez toi.

Il était si gentil et généreux, que Megumi en avait les larmes aux yeux.

« Je vais probablement brûler en enfer pour avoir ainsi profité d'un homme si bon... »

- Merci beaucoup...

Elle s'inclina devant lui, le cœur serré.

- Je tiens à participer aux tâches de votre demeure... pour vous payer.

- Oh, que dis-tu ? s'indigna-t-il. Tu es notre invitée, contente-toi de te reposer !

- J'y tiens, s'il vous plaît... insista-t-elle en levant un regard brillant vers le commandant, vous avez été si bon avec moi... Je tiens à vous être utile !

Akihoshi la regarda d'un air embêté pendant un instant, puis, il jeta un regard hésitant vers Eisuke avant de soupirer.

- Bon... Très bien, mais abstiens-toi d'effectuer des tâches trop dures pour toi. Tu es si petite et fragile. Je ne tiens pas à ce que tu te blesses...

- Je ne suis pas petite, râla-t-elle

- Ah oui, c'est vrai, pardon, ha ha ha ! s'amusa-t-il en lui caressant soudain la tête avec entrain.

Elle tressaillit et le regarda avec étonnement pendant un instant, puis, elle fondit face à l'expression joyeuse de son bienfaiteur.

Elle soupira et un petit sourire amusé lui échappa.

- Bon, je te libère, tu peux retourner à ta balade, si le cœur t'en dit, l'invita Akihoshi.

Megumi hocha la tête avec un sourire, puis elle se leva en s'appuyant contre la table basse.

- Merci encore, commandant.

Il lui sourit gentiment puis Megumi tourna les talons et tressaillit en croisant le regard froid d'Eisuke.

Toujours adossé contre la bibliothèque, celui-ci fixait Megumi, les bras croisés.

Visiblement, son instinct lui soufflait que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire...

La jeune femme fit de son mieux pour garder un air naturel, et elle se dirigea vers la sortie, en évitant de regarder dans sa direction.

« Tout va bien, il ne peut rien contre toi... »

« Tu as la protection de son commandant et tu n'as rien à te reprocher, tu n'es pas une espionne... »

« Alors ne fais pas de vague, et tout se passera bien... »

La jeune femme sortit de la pièce et son cœur manqua un battement en réalisant qu'Hayate était toujours dans le couloir.

Son épaule était appuyée contre le mur, et ses mains étaient nonchalamment nichées dans ses manches.

Elle fit de son mieux pour cacher son trouble et referma derrière elle.

- Alors ? dit-il malicieusement.

Megumi leva des yeux curieux vers lui et se braqua aussitôt face à cette lueur étrange qui luisait dans ses prunelles.

Une lueur qui ne lui plaisait pas du tout...

- Alors quoi ? marmonna-t-elle en le contournant, tu as tout entendu, non ?

- Évidemment, s'amusa-t-il en la suivant le long du couloir.

- Alors, tu n'as pas besoin de compte-rendu...

- Je ne t'ai pas demandé de compte-rendu, rit-il. Par contre ...

Il l'attrapa par le bras, l'attira à lui et plaqua brusquement son dos contre son torse, un sourire démoniaque aux lèvres.

Megumi roula des yeux affolés, le cœur battant à mille à l'heure et un frisson lui traversa le dos tandis qu'elle sentait son souffle chaud lui caresser la nuque.

- Par contre, ce que je veux savoir... chuchota-t-il contre son oreille. C'est comment tu comptes me payer, Megu chan ?

Sa voix rauque et basse contre son oreille raisonnait comme le sifflement d'un serpent.

Elle en avait des frissons d’effroi... ou plutôt d'excitation, elle ne savait plus.

Son cœur battait à tout rompre, mais elle ignorait si c'était lié à la peur ou à la sensation de son torse chaud contre son dos.

De sa bouche contre son oreille.

De son souffle contre son cou.

De ses bras puissants qui la bloquaient contre lui...

C'était la première fois qu'un homme l'enlaçait ainsi.

Megumi secoua la tête pour reprendre ses esprits et entrouvrit ses lèvres tremblantes.

Elle était si essoufflée...

- Lâche-moi... tout de suite ! Suffoqua-t-elle en tentant de se défaire de sa poigne, en vain.

- Sinon quoi... ? Ricana-t-il dans un souffle.

- Sinon, je hurle !

- Je t'en prie, ne te gêne pas... Je me ferai alors une joie de leur révéler que c'est moi qui ai noté ton nom...

Sa voix était si machiavélique qu'elle avait l'impression d'entendre un démon.

Elle tourna la tête vers lui, à la fois choquée et tétanisée. Un geste qu'elle regretta aussitôt en réalisant à quel point leurs visages étaient proches l'un de l'autre...

Elle tenta de fuir ses prunelles démoniaques, mais il la bloqua en resserrant son emprise.

Son regard tyrannique était plongé dans le sien.

Elle retint son souffle.

- Alors ? Tu ne cries pas ? La défia-t-il en souriant.

Megumi serra ses lèvres tremblantes.

Était-il sérieux ?

Serait-il réellement capable de leur révéler la vérité ?

Son regard brillait de malice, il se délectait visiblement d'avance...

Il semblait déjà réfléchir à tout ce qu'il allait bien pouvoir faire pour la tourmenter et s'amuser à ses dépens.

Elle se sentait comme un petit lapin piégé par les crocs d'un loup cruel.

Megumi savait que la meilleure solution était de faire profil bas, et de ne surtout pas le provoquer.

Sa vie en dépendait...Mais c'était plus fort qu'elle.

Il la fixait avec un air si conquérant qu'elle sentait la moutarde lui monter au nez.

Elle contracta la mâchoire pour tenter de maîtriser cette colère qui montait en elle, mais, lorsqu'il la défia des yeux, ce fut trop pour elle.

- Je comprends mieux pourquoi tu m'as aidée... Tu avais prévu dès le départ de faire de moi ton nouveau petit passe-temps, je me trompe ?

Cette lueur démoniaque qui scintillait dans le vert de ses prunelles s'intensifia, tandis que son sourire effronté s'étirait presque jusqu'à ses oreilles.

Elle ravala cette trouille qui vibrait en elle, et continua, sans baisser les yeux.

Il était hors de question que ce type fasse d'elle son jouet.

Elle allait l'en empêcher ! Quitte à y perdre la vie !

- Je vais t'arrêter tout de suite, mon pote, ça ne prend pas avec moi, siffla-t-elle avec sévérité. Et tu n'auras ABSOLUMENT RIEN de moi, c'est clair ? Je préfère encore aller leur dire moi-même la vérité et tant pis si je dois mourir !

Silence.

Il pouffa doucement de rire, sans la lâcher des yeux, puis il se mordilla la lèvre inférieure, d'un air sadique...

Megumi fronça des yeux.

Visiblement, au lieu de le contrarier, elle n'avait fait qu'attiser le brasier en lui...

Il semblait même prendre énormément de plaisir à la voir lui tenir tête.

Furieuse et agacée, elle lui flanqua un violent coup de coude dans le ventre. Il broncha à peine mais la laissa s'extirper de ses bras avec un rire amusé.

Elle recula d'un mètre par sécurité en le toisant avec irritation.

- Fais ce que tu veux, va tout leur dire si ça t'amuse, mais je ne rentrerai pas dans ton petit jeu ! Je ne te laisserai pas me faire du chantage ! Trouve-toi une autre cible pour tromper ton ennui !

Elle tourna les talons et s'avança en direction de sa chambre d'un pas vif et colérique, comme pour le dissuader de marcher à sa suite.

Mais celui-ci se contentait de la suivre des yeux avec un ricanement étrange...

Un ricanement qui la força presque à courir pour fuir ce regard sur elle, qu'elle sentait aussi intensément que s'il était sur le point de la rattraper de ses mains puissantes.

Elle pesta et entra dans sa chambre avant de la fermer dans un claquement sonore.

- Ce sale type...

Elle comprenait à présent pourquoi il l'avait aidée.

Il avait visiblement prévu de lui faire du chantage afin d'obtenir ses faveurs en échange de son silence.

« C'est hors de question ! Plutôt mourir que de me prostituer pour rester en vie ! »

Elle soupira d'impatience et se laissa tomber sur son futon plié dans le coin de la pièce.

La jeune femme avait le ventre noué, elle s'adossa contre le mur et prit une inspiration pour se détendre.

« Vu comment je l'ai rembarré, il est peut-être déjà en train de leur dire la vérité... »

Elle imagina la réaction d'Akihoshi, et l'image de son visage naïf ravagé par la déception lui fit presque regretter sa témérité...

« Allons, tu te fiches bien de ce que ce bonhomme peut bien penser ! Tu ne le connais pas ! » se reprit-elle.

Elle passa ses mains sur son visage et poussa un soupir las.

« Bon, il me faut un plan. Je ne sais pas si ce type prévoit de tout leur révéler, mais en supposant qu'il ne le fera pas... Que dois-je faire ? »

Elle se souvenait que le voyage avait duré toute une journée, alors si elle tentait de retrouver cette clairière et que par miracle, elle retrouvait cette bille dans la foulée, que ferait-elle ensuite ?

D'après la sorcière, le pouvoir de la bille allait de nouveau se déclencher à la prochaine pleine lune. Elle avait donc plus de trois semaines devant elle.

« Je n'ai pas d'argent, pas d'arme et je ne sais pas me défendre... »

« Je crois que je ne ferai pas long feu toute seule... »

« Que dois-je faire alors ? Rester ici pendant trois semaines et partir deux ou trois jours avant la pleine lune, histoire de me laisser une marge ? »

Le visage sadique d'Hayate passa dans son esprit, lui arrachant un soupir fatigué.

Avec cet homme dans les parages, elle allait devoir vivre avec la sensation d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Alors, elle n'était pas certaine que rester sous le même toit que lui était la meilleure décision.

« De toute façon, ai-je le choix ? Au pire, je dirais qu'il ment, voilà tout... »

« Ça sera sa parole contre la mienne, et de toute façon, vu le personnage, je suis quasiment certaine qu'ils ne le croiront pas... »

La jeune lycéenne se leva, puis, elle fit les cent pas tout en continuant à préparer mentalement son plan.

Et peu à peu, Megumi commença à reprendre espoir.

« J'y arriverai... »

« À la prochaine pleine lune, je rentrerai chez moi ! »

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