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Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 27

- Vous n'étiez pas censés éviter de quitter vos chambres, vous deux ?

Megumi grimaça, mal à l'aise tandis qu'Akihoshi les accueillait d'un air un peu contrarié.

Kenji le regarda en clignant des yeux d'un air choqué.

- Qu'est-ce que vous avez fait de vos cheveux ?! Bégaya-t-il.

- Nous sommes désolés, dit-elle mal à l'aise. Mais nous avions besoin de prendre l'air, n'est-ce pas, Kenji ?

- Euh, oui... oui, de l'air, c’est ça, répéta-t-il sans lâcher le crâne du commandant de ses grands yeux surpris.

- Et vous ne pouviez pas vous contenter du jardin ? Soupira-t-il. Vous êtes blessés tous les deux...

- Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas partis très longtemps... Hum, euh bon, je retourne dans ma chambre, moi...

La jeune femme échangea un regard avec Kenji et se dirigea vers sa chambre en vérifiant que son précieux sachet se trouvait toujours dans sa poche.

Elle s'assura que les deux portes étaient bien fermées, puis elle se servit un verre d'eau avant de verser le contenu de son sachet.

Cela ressemblait à de la menthe séchée, mais avec une odeur bien moins agréable.

Elle secoua le verre pour mélanger, puis, sans hésiter, elle but, cul sec en grimaçant de dégoût.

Elle n'avait jamais rien avalé d'aussi infect de sa vie. Elle ferma les yeux, la bouche, et la mâchoire pour contenir son intense envie de vomir.

- Mon Dieu, quelle horreur...

Megumi en avait les larmes aux yeux. Elle but de l'eau pour faire passer, s'allongea sur son futon, et fixa le plafond en espérant voir sa nausée disparaître rapidement...

Mais au bout d'une heure, des douleurs dans l'estomac vinrent se mêler à sa nausée, et elle se jura de ne plus jamais laisser qui que ce soit la toucher.

 

Tout à coup, elle fut tirée d'un sommeil houleux par des éclats de voix.

« Tiens... »

« À quel moment me suis-je endormie ? »

Son ventre lui faisait bien moins mal, mais la nausée était toujours là.

Peut-être aurait-elle dû manger quelque chose avant d'avaler cet immonde mixture qui s'accrochait à sa gorge.

Les voix se firent plus fortes.

Elle ouvrit péniblement son œil valide, sa tête lui faisait un mal de chien et son estomac se retournait à chacun de ses mouvements.

Intriguée par les éclats de voix, Megumi se traîna jusqu'à la porte extérieure mais elle n'était pas plus avancée, alors elle rassembla ses forces pour se lever et marcha en direction de la porte d'entrée.

Elle entendit Kyosuke et pouffa de rire en se demandant avec qui il pouvait bien encore se disputer...

Puis soudain, elle se figea sur place, en reconnaissant le rire mauvais d'Hayate.

Elle retint son souffle, les yeux ronds comme des billes.

« Non... Il est déjà rentré ? » réalisa-t-elle, le cœur battant à tout rompre.

Megumi se sentait à la fois heureuse et frustrée par son retour.

Elle ne voulait pas le revoir. Pas maintenant ! C'était beaucoup trop tôt ! Elle devait avant faire le ménage dans ses sentiments ! Et surtout guérir de sa plaie au cœur...

Elle n'était vraiment pas prête !

« Allons, respire, tout va bien... » tenta-t-elle de se rassurer en posant la main sur sa poitrine.

« Tu n'es pas obligée de lui parler... »

Elle prit une inspiration pour se calmer et garder la tête froide.

Après ce qu'il lui avait fait subir, il était de toute façon hors de question pour elle de lui parler, alors sa présence n'allait rien changer.

« Oui absolument rien du tout... »

Cependant, lorsqu'elle l'aperçut au loin, elle comprit rapidement que son cœur et sa raison n'allaient jamais réussir à s'entendre...

Malgré tout ce qu'il venait de lui faire subir, elle se sentait désespérément heureuse de le revoir.

Les joues en feu sous le coup de l'émotion, elle s'efforça de détourner les yeux, le cœur complètement ébranlé.

Il était là...

Il était rentré.

Akihoshi s'interposa soudain entre Kyosuke et Hayate, forçant le géant à se calmer.

Megumi pensa au départ que les deux hommes se disputaient une fois de plus, mais elle comprit vite qu'elle se trompait en voyant Aku, ligoté et assis sur le sol, juste devant Hayate.

Akihoshi empêchait Kyosuke de s'acharner sur Aku.

- Mon Dieu, Aku... s'étouffa-t-elle avant de se mettre à courir.

« Oh mon Dieu, non ! Il l'a retrouvé ! »

Elle se prit maladroitement les pieds contre les planches de bois, puis se retint de justesse au poteau pour ne pas s'étaler de tout son long sur le sol.

Eisuke et Kenji, les plus proches d'elle, se tournèrent vers elle, stupéfaits.

- Megumi, fit le vice-commandant.

Elle se remit correctement sur ses jambes en rougissant de gêne avant de s'avancer vers eux.

- Megumi, tu ne devrais pas assister à cela... Retourne à l'intérieur, recommanda Eisuke.

Megumi ne jeta qu'un bref coup d'œil au visage amoché d'Aku avant de croiser le regard d'Hayate.

Il était d'un vert désespérément imperturbable.

La jeune femme eut alors la soudaine impression que son cœur se transformait en fournaise.

Elle revoyait ce même regard vert contempler sa nudité avec convoitise.

Elle ressentait la brûlure de ses baisers sur sa peau.

Elle s'efforça de détourner froidement son regard pour cacher son trouble.

- Je refuse de le tuer maintenant ! Ça serait trop facile ! Il doit payer pour ce qu'il a fait !

- Calme-toi... marmonna Daisuke en le retenant par le bras.

- Non Kyosuke, fit patiemment Akihoshi. Je condamne ce genre de pratique. Il vaut mieux en finir tout de suite !

Megumi les regarda sans comprendre avant de donner un petit coup de coude à Kenji.

- Que se passe-t-il ?

- Tu le vois bien, non ? Il doit mourir mais Kyosuke veut le faire souffrir avant, en le condamnant aux travaux forcés, en le battant, ce genre de choses...

- Mourir ? Mais...

Megumi sortit soudain de sa torpeur en réalisant précipitament la situation.

« Mon Dieu... »

« Ils vont tuer Aku ?! »

À cet instant-là, elle croisa son regard et Megumi sentit les larmes lui monter aux yeux tandis que les souvenirs affluaient dans son esprit.

Ces instants heureux où elle riait à ses plaisanteries de bon cœur.

Ces moments où il l'avait imitée pour la taquiner...

Son sourire si doux et gentil.

« Mon Dieu, ce n'est pas vrai... »

La tristesse envahissait son cœur.

Comment avaient-ils pu en arriver là ?

- Pendant qu'on y est... s'amusa Hayate en posant son pied contre le dos d'Aku. Tu n'aurais pas deux ou trois infos à nous lâcher avant de crever ?

Aku ferma les yeux, le visage indéchiffrable.

- Tuez-moi, qu'on en finisse...

Sa voix était saccadée. Épuisée...

Il était clair qu'Hayate ne s'était pas gêné pour le punir à sa façon, durant le voyage de retour...

- Tu n'es pas très arrangeant, toi, ricana Hayate.

- De toute façon, vous avez déjà prévu de me tuer, alors je ne vois pas pourquoi je parlerais...

Megumi se mordilla la lèvre et ravala la boule qui lui montait à la gorge.

Elle savait qu'il les avait tous trahis.

Elle n'avait pas oublié ce qu'elle avait subi, mais...

C'était toujours Aku.

Et lorsqu'elle donnait son affection à quelqu'un, Megumi avait toujours beaucoup de difficulté à la reprendre.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, Aku leva les yeux vers elle, et Megumi sentit son cœur manquer un battement en voyant sa mine s'assombrir.

Durant une seconde, elle vit toute une palette d'émotions passer dans ses yeux. Peine. Colère. Regret. Tristesse. Nostalgie...

« Aku... »

Elle serra les lèvres tandis que ses larmes coulaient pour de bon.

Le regard triste, il la dévisagea quelques instants puis il baissa honteusement les yeux.

- Commandant ? Souffla-t-elle en s'avançant vers lui tandis qu'il tentait encore de calmer Kyosuke. Je... je suis désolée, je... Mais vous comptez vraiment le tuer ?

Ils la regardèrent tous avec de grands yeux ronds, visiblement surpris.

- Évidemment... Il est condamné à mort pour espionnage, trahison, et enlèvement...

« Mais... il ne doit pas être jugé avant ? »

Elle retint juste à temps cet argument. Les choses devaient se passer différemment dans ce monde.

- Mais... Peut-être pourrions-nous lui donner une seconde chance ? Je ne sais pas... bégaya-t-elle hésitante.

Ils la regardèrent tous soudain comme si des cornes avaient poussées sur sa tête.

Même Aku fixait le sol avec des yeux surpris, les traits tirés.

- Non, mais tu es tombée sur la tête ?! S'énerva Kenji. Tu veux qu'on te rappelle ce qu'il t'a fait ?!

- Je le sais, merci ! Mais...

Elle chercha ses mots, le regard torturé.

- Mais... C'est Aku.

Megumi vit un éclat de tristesse passer dans le regard d'Akihoshi, et elle comprit combien cette situation était aussi pénible pour lui que pour elle.

Sa mine affligée en disait long sur ses véritables pensées.

Il ne voulait pas tuer Aku.

Lui aussi s'était attaché à lui.

Mais il n'avait pourtant pas le choix.

Il devait le faire...

Quelle horrible situation !

- Megumi... murmura Daisuke en posant doucement sa main sur son bras, tu devrais retourner à l'intérieur... Tu n'as pas à voir ça.

« À voir quoi ?! »

Le visage de Megumi grimaça de douleur.

« Alors ça y est ? C'est décidé, ils vont le tuer ?! »

Ses larmes continuaient de couler. Elle était désespérée.

Que pouvait-elle faire ?

Que devait-elle dire pour sauver la vie d'Aku ?

- Attendez... fit Aku d'une voix âpre.

Ils se tournèrent vers lui et Megumi croisa le regard attristé mais chaleureux d'Aku.

Pendant un instant, elle eut l'impression de retrouver son ancien camarade et son cœur se serra.

- Avant... j'aimerais parler à Megumi, murmura-t-il difficilement. J'ai... quelque chose à lui dire...

Megumi voyait la culpabilité envahir son regard humide, et à cet instant précis, elle sut qu'elle lui avait déjà pardonné.

Il n'avait probablement pas eu le choix. Peut-être qu'Akiyama retenait un être cher prisonnier en échange de ses services.

Il y avait une bonne raison.

Elle en était certaine.

- Je t'écoute, dit-elle, un sourire ému sur les lèvres.

Aku la dévisagea longuement, puis, à l'instant où il s'apprêtait à parler, Megumi vit soudain une lame jaillir hors de sa gorge dans une explosion de sang.

- HAYATE, NON ! Hurla Akihoshi.

Mais il était trop tard, Megumi eut à peine le temps de voir le visage démoniaque et rieur d'Hayate que la tête d'Aku roulait déjà sur le sol, jusqu'à ses pieds.

Elle la suivit des yeux, le regard éteint tandis que la main de Daisuke s'empressait de lui cacher la vue avant de la tirer en arrière.

- MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS ?! BORDEL ?! Explosa soudain Daisuke en la ramenant contre lui.

- T'ES COMPLÈTEMENT CON, MA PAROLE ! Hurla Kyosuke.

Megumi se retint au bras de Daisuke pour ne pas s'écrouler.

Elle ne comprenait pas ce qui venait de se produire...

Tout s'était passé bien trop vite.

Ses jambes tremblaient comme des feuilles.

- Tu ne pouvais pas attendre au moins qu'on la fasse entrer ?! Tu étais obligé de le faire juste devant Megumi ?! Tu ne crois pas qu'elle a déjà été assez traumatisée comme ça ? Explosa Daisuke, fou de colère. Elle n'en dort plus la nuit !

- Mets la tête dans un bocal et pose-le près de son futon, elle dormira comme un bébé, répondit-il avec une insolence moqueuse.

- On n'est pas tous des tarés comme toi !

- Je me sens mal... souffla-t-elle.

Sa tête tournait, elle était à deux doigts de tomber dans les pommes.

- Il faut que je rentre... murmura-t-elle en forçant Daisuke à la lâcher.

La douleur était terrible. Megumi coulait dans un océan déchaîné et se noyait dans ses émotions.

Elle ne pouvait plus réfléchir...

Elle entendait les garçons hurler, et le rire démoniaque d'Hayate qui martelait sans merci l'intérieur de son crâne.

- Je dois rentrer... Je dois rentrer chez moi... murmura-t-elle, en se broyant la tête.

Megumi s'arrachait presque les cheveux.

Elle devenait folle. Elle perdait la tête !

- Eh, Megumi ?! S'écria Kenji en la retenant par les coudes alors qu'elle allait s'écrouler sur le sol.

« Il faut que je parte d'ici ! »

« Il faut que je retourne à Tokyo ! »

Elle avait soudain une envie irrépressible de quitter très vite cet endroit et de rentrer chez elle. Mais elle n'avait pas retrouvé sa bille à temps.

Elle était coincée ici pour toujours !

- Eh ?! Megumi ?! s'inquiéta Kenji en la secouant légèrement par les bras.

- Il faut que je voie ma mère, souffla-t-elle, le regard écarquillé figé dans le vide, il faut que je voie ma mè...

Soudain, son souffle se coupa et Megumi se mit à suffoquer à toute vitesse en roulant des yeux épouvantés.

Que se passait-il ?!

Elle ne pouvait plus respirer !

Elle ne pouvait plus du tout respirer !!

- PAR L'UNIQUE, QU'EST-CE QU'ELLE A ?! s'affola Kyosuke en se ruant vers eux.

Tout à coup, Eisuke força doucement Kenji à la relâcher, puis, il la souleva dans ses bras avec douceur.

- Je m'en occupe, dit-il d’une voix calme.

 

 

* * *

 

 

- Tout va bien...

La voix d'Eisuke se frayait un chemin dans son esprit. Megumi était consciente, mais elle était dans un tel état qu'elle était devenue comme prisonnière de son propre corps. La peur qui lui prenait le ventre rendait sa peau moite. Elle ne contrôlait plus rien, et plus son affolement grandissait, moins elle parvenait à retrouver son calme. C'était un terrible cercle vicieux.

Elle frissonna en sentant vaguement la main froide d'Eisuke sur son front.

Elle réalisa alors qu'elle était de nouveau allongée sur son futon. Elle fixa le plafond sans vraiment le voir, en roulant des yeux tétanisés. Ses poumons continuaient de chercher l'air, son cœur battait à mille à l'heure, la terre tournait, elle avait chaud et tout son corps tremblait comme une feuille.

La crise ne passait pas !

Que lui arrivait-il ?

Était-elle sur le point de mourir ?

- Au fait, désires-tu que je te coupe les cheveux, tout à l'heure ? Lui demanda-t-il d'une voix douce en prolongeant sa caresse sur sa chevelure.

« Hein ? »

Megumi le chercha des yeux, perdue dans sa torpeur.

Il était serein et prenait un air pensif, comme si elle n'était absolument pas en train de se tortiller pour respirer.

- Je coupe moi-même mes cheveux, il m'est également arrivé de couper ceux de Daisuke et de Kenji, continua-t-il en posant une main apaisante sur son front. Je ne suis pas un maître en la matière, mais je ferais de mon mieux. Qu'en dis-tu ?

Megumi le dévisagea d'un air perdu.

Pourquoi lui parlait-il de sa coiffure dans un moment pareil ?

La jeune femme hocha la tête et lorsque sa gorge se serra, elle se mit brutalement à tousser et Eisuke l'aida à s'asseoir avec douceur avant de lui caresser le dos.

- Dis-moi... reprit-il lorsqu'elle se remit à chercher l’air à toute allure. Te souviens-tu de la fleur que j'ai créée ?

Elle fronça les sourcils et se sentit un peu gênée en se remémorant la scène.

- Oui... suffoqua-t-elle. Mais... je... suis nav... navrée, j'ai... oublié son... nom !

- Vraiment ? Allons, fais un effort, il n'était pas si compliqué...

« Hein ? »

Megumi l'avait rarement vu aussi bavard. Il choisissait mal son moment.

Elle leva un regard interrogateur vers lui, et s'étonna une nouvelle fois de son étrange sérénité.

-Euh... bégaya-t-elle en tentant de fouiller sa mémoire embrumée. Une... orlostuli...te de Ghyrione ?

Elle vit un sourire passer dans son regard, et Megumi sentit un étrange trouble s'éveiller en elle.

La jeune femme fut soudain bien consciente de cette main douce et chaleureuse qui lui caressait délicatement le dos.

- Non, presque... dit-il doucement. Réessaye.

Megumi le regarda pendant un instant, troublée, puis elle détourna les yeux pour réfléchir.

- Une... Orlikastulite...de Ghysterone ?

- Mmh...réfléchit-il en secouant la tête. Tu as raison, ce nom est décidément bien trop compliqué.

Son ton léger arracha un demi-sourire à Megumi, et au bout de quelques tentatives, il finit par lui révéler de nouveau le nom de la plante, à voix basse, comme pour l'aider à s'endormir :

- Une Orlohkastulite de Ghysterione...

- Ah... Je n'étais pas trop loin, non ?

- Tu as fait de ton mieux, dit-il, taquin.

Leurs regards se croisèrent et Megumi le dévisagea avec l'étrange impression de flotter.

Ses yeux d'un bleu profond la fixaient intensément et ses mâchoires se contractaient, mais son expression restait indéchiffrable. Troublée, elle sentit son cœur s'emballer et se perdit dans la contemplation de son visage tandis que ce silence étrange s'éternisait.

Les mots de la sorcière lui revinrent en mémoire, et le feu lui monta doucement aux joues tandis qu'un léger sourire étirait les lèvres du vice commandant.

- Comment te sens-tu ? Demanda-t-il doucement.

- Hein ?

Megumi réalisa soudain avec stupeur que sa crise était passée.

- Euh... mieux... dit-elle surprise en détournant le visage. Euh, je... Que s'est-il passé ?

- Tu as fait une crise d'angoisse, dit-il en relâchant doucement son dos. Était-ce la première fois ?

Megumi réalisa, un peu troublée, qu'elle aurait voulu garder sa main apaisante sur son dos un peu plus longtemps...

- Euh... Oui, je n'avais jamais... vécu ça avant.

Il hocha la tête avec un petit sourire rassurant.

- C'est compréhensible, tu as accumulé bien trop de choses ces derniers temps, et cet imbécile n'a rien arrangé...

Son esprit, encore absorbé par ce qui venait de se produire, réalisa brusquement qu'Aku venait d'être tué par Hayate.

Elle retint son souffle, choquée par la violence de la scène qui s'était jouée devant elle et s'empressa de ravaler sa crise de larmes.

Son cerveau et son cœur étaient en ébullition. Aku était mort !

Il s'apprêtait à lui parler... probablement afin de lui présenter ses excuses, et Hayate l'avait tué froidement, sans lui laisser l'occasion de vider son cœur avant !

Quel genre de monstre agissait ainsi ?!

Son cœur battait dans ses tempes, elle voulait exploser.

- Je vais te préparer quelque chose pour t'aider à te détendre, dit-il doucement avant de se lever. Accorde-moi un instant...

Megumi lui offrit un pâle sourire en guise de réponse, puis elle ferma les yeux afin de contenir ses larmes, les lèvres tremblantes.

Très vite, elle se retrouva seule dans sa chambre...

Les éclats de voix avaient cessé. Que faisaient-ils tous à présent ?

Hayate, allait-il recevoir une énième sanction pour son acte ?

De guerre lasse, elle s'allongea, exténuée par toutes ses émotions et chassa ses bons souvenirs avec Aku de toutes ses forces.

Elle était déjà bien assez mal, il était inutile d'alourdir davantage son cœur.

Mais c'était plus fort qu'elle.

L'image d'Aku, amusant la galerie en imitant la chute de Megumi ne cessait de lui revenir, la blessant comme un poignard.

Son rythme cardiaque devenait de plus en plus rapide.

Megumi avait la sensation que si elle restait seule trop longtemps, elle allait de nouveau perdre le contrôle de son corps.

Angoissée, elle s'extirpa de son futon et se dirigea vers la porte intérieure en boitant.

Eisuke avait dû se rendre en cuisine ou dans son cabinet.

Elle devait le rejoindre.

Son corps était crispé, et elle était terrifiée à l'idée d'affronter une nouvelle crise, seule.

Elle referma mollement la porte derrière elle et commençait à peine à s’avancer le long du couloir, qu’elle se figeait déjà sur place, comme pétrifiée tandis qu'Hayate se retrouvait à son tour dans ce même couloir…

« Oh mon Dieu... »

Elle ne s'attendait tellement pas à tomber sur lui qu'elle avait l'impression de rêver. Ou plutôt de cauchemarder.

Une bouffée d'adrénaline monta en elle, et la jeune femme eut soudain beaucoup de mal à respirer correctement.

N'était-il pas censé être encore dehors ?

Ses vêtements étaient si poisseux et tâchés de sang qu'il avait déjà ôté une manche pour s'en débarrasser, révélant son bras et une partie de son torse. Ses cheveux fauves avaient été attachés en chignon, probablement à la va-vite, quelques mèches folles s'échappaient et lui retombaient dans les yeux.

Il était comme toujours, si beau qu'il en devenait irréel...

Si beau qu'il lui brisait le cœur simplement en étant là, à la toiser de son regard malfaisant .

- Tu es calmée, Megu chan ? S'enquit-il, rieur.

Sa voix chaude et grave la fit frémir, mais elle parvint à cacher son trouble.

« Megu chan ? »

« Il me redonne du Megu chan maintenant ? »

Megumi fronça les yeux et le toisa tandis que les mots terribles d'Hayate lui revenaient en mémoire.

Ce rejet froid et cruel...

Jamais elle ne pourrait l'oublier.

Ces mots lui avaient lacéré le cœur. Ils l'avaient blessée dans ses sentiments, et dans son estime pour elle-même.

Cet homme l'avait traitée comme un mouchoir usagé, lui faisant perdre le peu de confiance qu'elle avait en elle-même.

Son rejet l'avait rongée, et noyée dans un flot de douleur sans fond.

Le simple fait de le regarder lui faisait mal...

Si mal !

- Tu as perdu ta langue, fillette ? S'amusa-t-il.

Megumi tiqua et serra les poings pour se retenir d'exploser. Son corps tremblait convulsivement, elle était à deux doigts de se ruer vers lui pour le cogner de toutes ses forces.

Mais il en était hors de question.

Elle valait mieux que cela.

Elle prit une discrète inspiration pour garder son calme.

- J'aimerais passer... dit-elle d'une voix tranquille.

Il haussa un sourcil et émit un léger ricanement mauvais.

- Je ne t'en empêche pas...

Il la défiait.

Encore et toujours.

Megumi le fusilla du regard, puis en entendant du bruit vers la cuisine, elle se sentit un peu soulagée.

Eisuke n'était pas loin.

Elle évita le regard d'Hayate et tenta d'ignorer l'affolement de son cœur tandis qu'elle s'apprêtait à croiser le capitaine.

Mais alors qu'elle pensait avoir réussi, Hayate glissa soudain son doigt sous sa ceinture, au niveau de ses reins, l'empêchant d'aller plus loin.

Elle écarquilla les yeux, complètement sidérée par la violence de la réaction de son propre corps. Ce simple contact avait suffi à embraser son corps tout entier, éveillant des envies inavouables.

Elle se sentait si honteuse et minable qu'elle aurait voulu mourir sur place.

- Megu chan....

Son souffle contre son oreille lui donna la chair de poule. Elle pinça les lèvres de colère.

- Tu ne te demandes pas pourquoi je suis venu dans cette partie-là de la maison ?

Megumi frissonna de nouveau.

Effectivement, sa chambre était de l'autre côté de la salle principale...

Ses seuls voisins étaient Kenji et Eisuke.

Pourquoi donc était-il ici ?

Avait-il prévu de la rejoindre dans sa chambre ?

« Mais... Pourquoi ? »

Megumi n'était pas certaine de le suivre.

Ne l'avait-il donc pas rejetée froidement après avoir obtenu ce qu'il désirait ?

Pourquoi revenait-il à la charge ?

Que cherchait-il ?

- Oui, murmura-t-il de cette voix sombre et malicieuse qui la rendait folle. Je venais te voir...

Son cœur implosa et Megumi sentit soudain un espoir fou naître dans son cœur.

Avait-il changé d'avis ? Regrettait-il ses paroles ?

Souhaitait-il arranger les choses avec elle ?

Il tira doucement sur sa ceinture pour la rapprocher de lui et sa main libre enserra sa taille. Son toucher l'enflammait d'une passion dévorante.

Et elle dût user de toute sa volonté pour ne pas se retourner et se jeter dans ses bras.

Non...

Non !

Même si elle en mourait d'envie, elle devait rester sur ses positions.

Craquer maintenant ?! Jamais ! Ce serait trop facile !

- Me voir ? Pour quoi faire ? Demanda-t-elle froidement.

Il pouffa de rire et se pencha doucement vers son oreille avant de la mordiller légèrement.

- À ton avis... ?

Elle sentait son torse à demi-nu contre son dos. Son odeur réveillait en elle une pulsion douloureuse.

Elle ferma les yeux pour se contrôler.

- Je n'ai pas l'habitude de baiser deux fois la même femme, mais... Pour toi, Megu chan, je veux bien faire une exception...

Megumi eut la sensation de recevoir un saut d'eau sur la tête.

Elle fixa un point dans le vide, sidérée...

Avait-elle vraiment entendu ce qu'elle avait entendu ?

« Évidemment, imbécile ! À quoi tu t'attendais encore ?! »

Megumi n'avait pas eu l'intention d'accepter ses avances.

Pourtant, elle avait l'étrange impression d'avoir été rejetée une seconde fois.

Elle se sentait doublement minable...

Megumi s'efforça de garder son calme et répondit froidement.

- Si ça te démange trop, tu devrais aller chasser en ville. Tu en trouveras bien une qui voudra de toi...

Il pouffa de rire en appuyant sa tête contre la sienne.

Ce geste était si intime que Megumi en eut des palpitations de nouveau.

- Pourquoi ? Tu veux me faire croire que tu n'en as pas envie ? Chuchota-t-il contre ses cheveux. Pas à moi, Megu chan... Je peux sentir juste en te touchant, à quel point tu as pensé à moi pendant mon absence...

- Lâche ma ceinture, dit-elle d'une voix mordante pour cacher son trouble grandissant.

Il rit et détacha doucement sa tête de la sienne.

- D'accord, mais avant... tourne-toi vers moi, et dis-moi en me regardant dans les yeux que je ne t'ai pas manqué... la défia-t-il avec arrogance.

Megumi sentit la panique la gagner tandis qu'il tirait sur sa ceinture pour la forcer à lui faire face.

La jeune femme s'accrocha à sa rage pour noyer ses sentiments et ne pas les laisser transparaître, tandis qu'elle levait ses yeux froids vers lui.

Son regard vert était une vraie torture, elle se retint de détourner le sien et le regarda avec un petit sourire supérieur en levant le menton.

- Figure-toi qu'après ce qu'il s'est passé, j'étais persuadée que tu me manquerais... dit-elle d'une voix sereine. Mais finalement, c'est surprenant, je n'ai pas du tout pensé à toi...

Hayate eut l'air de trouver sa réponse amusante, pourtant, étrangement, elle se sentit en danger...

Son sourire mauvais s'était légèrement tordu, le rendant bien plus cruel et malfaisant.

Elle fit mine de n'avoir rien remarqué, et le força à la relâcher avant de s'avancer le long du couloir, en se retenant d'aller trop vite ou de regarder en arrière.

Elle tremblait de tous ses membres et sa cheville était si douloureuse.

Soudain, Eisuke sortit de la cuisine avec une tasse fumante et Megumi ne put s’empêcher de soupirer de soulagement en le voyant.

- Megumi, tu es sortie ? S'étonna-t-il.

Il jeta un bref regard sombre vers Hayate avant de lui demander à voix basse :

- Tout va bien ?

- Oui, je... Je suis désolée, j'avais l'impression d'étouffer dans ma chambre...

- Ah... réfléchit-il en lui donnant la tasse avec précaution. Allons marcher un peu dans les jardins dans ce cas. Je pense que cela te fera du bien.

- Bonne idée... Merci. Je suis désolée de vous embêter.

Il lui sourit gentiment et secoua la tête avant de l'inviter à se diriger vers la porte.

Megumi se laissa guider, en évitant de regarder vers Hayate qui n'avait toujours pas bougé du couloir.

Elle brûlait d'envie de voir sa réaction, mais il aurait immédiatement compris ses sentiments en croisant son regard, alors elle préféra faire mine d'avoir oublié sa présence.

- Tout va bien ? Demanda de nouveau Eisuke. Il ne t'a pas importunée ?

- À peine... répondit-elle avec un petit sourire fier.

 

* * *

 

 

Megumi sentit une sorte d'euphorie lui saisir le cœur à l'idée qu'Hayate ait pu se faire des idées concernant sa relation avec Eisuke.

Lui dire qu'elle n'avait pas du tout pensé à lui avant de s'éloigner avec le vice-commandant était clairement une provocation et elle espérait de tout son cœur être parvenue à le contrarier un peu.

De toute façon, il n'était pas amoureux d'elle, il venait clairement de prouver qu'il la considérait comme un jouet.

Qui était-il pour s'amuser avec elle, la jeter puis la reprendre lorsque l'envie l'en prenait ?

Certes, elle l'aimait et tout son corps était irrésistiblement attiré par lui d'une façon inexplicable, mais elle ne voulait plus jamais lui céder.

Cet homme l'avait déjà brisée une fois, elle serait totalement folle d'y retourner.

« Mes sentiments partiront avec le temps... »

« J'ai bien oublié mon ex du jour au lendemain, alors c'est possible. »

Certes, ce qu'elle ressentait pour Hayate était incomparable mais elle avait besoin de s'accrocher à cet espoir. Elle devait se débarrasser de cette incroyable et terrifiante attirance.

- Bois tant que le tysole est chaud, lui dit doucement Eisuke en s'avançant sur le petit chemin qui scindait le jardin.

- Euh, oui...

« Tysole ? C'est l'équivalent d'une tisane ? »

Elle trempa ses lèvres et s'étonna du goût agréablement sucré du liquide verdâtre.

- C'est bon... murmura-t-elle.

Il sourit légèrement.

- C'est excellent pour les nerfs. Cela devrait t'aider à te détendre. Tes épaules sont si raides que l'on aperçoit à peine ton cou.

Megumi rougit et s'efforça de les baisser, un peu mal à l'aise, avant de le regarder du coin de l'œil.

Le changement s'était opéré progressivement, mais son comportement à son égard avait énormément évolué depuis leur première rencontre.

À présent qu'il était certain qu'elle n'était pas une espionne, il était particulièrement doux et gentil.

Le souvenir de la tête tranchée d'Aku lui revint soudainement et Megumi s'empressa de boire en le chassant de son esprit.

Elle ne voulait pas penser à la mort d'Aku pour le moment.

Elle refusait de pleurer et de se montrer de nouveau faible devant les autres.

« Je pleurerai ce soir, dans l'intimité de ma chambre... »

Elle posa les yeux sur les fleurs pour se changer les idées et s'étonna de leur beauté, comme à chaque fois qu'elle prenait le temps de s'y attarder.

Comment avait-il pu créer un tel jardin tout seul ?

Dans son monde, il serait devenu célèbre et passerait sur les plateaux de télévision pour présenter ses nouvelles variétés de fleurs.

Les touristes se déplaceraient et payeraient cher pour aller visiter ses jardins.

Et avec un visage comme le sien, il aurait assurément son propre fanclub...

Elle soupira, amusée en l'imaginant avec un chapeau de paille, et une salopette tâchée de terre.

Puis elle s'arrêta pour contempler l'une de ses préférées, une grande fleur ronde d'un rouge vif, fermée comme une tulipe.

- Vous avez la main tellement verte... soupira-t-elle.

Silence.

- Hein ? S'étonna-t-il en jetant un regard perdu vers ses mains.

- Ah... pouffa-t-elle en secouant la tête, non, désolée, je veux dire que vous êtes très doué. Avec les plantes. Je ne cesse de m'étonner lorsque je prends le temps de les contempler...

- Ah... Je te remercie, dit-il doucement en les regardant de nouveau. En réalité, c'est mon grand-père qui a créé une grande partie de ce jardin. Je n'ai fait que le compléter et l'entretenir.

Megumi se tourna vers lui, un peu surprise.

C'était la première fois qu'il se dévoilait devant elle.

- Votre grand-père... a vécu ici ? À Ilias ?

- Effectivement, sourit-il. Il est resté longtemps le vice-commandant, et a servi le grand-père ainsi que le père du commandant Akihoshi.

Une lueur de nostalgie passa dans son regard et Megumi comprit à quel point il avait aimé et admiré son grand-père.

Il était inutile de lui demander de ses nouvelles, ses yeux parlaient pour lui.

- Vous deviez beaucoup l'admirer... murmura-t-elle.

Son regard se perdit dans le vague et s'attendrit chaudement.

Les bons souvenirs affluaient, il sembla les revivre pendant quelques secondes.

- C'est lui qui m'a tout appris. Il m'a montré comment traiter la terre, comment faire pousser les plantes, comment les entretenir...

Un court silence s'écoula et Megumi eut à peine le temps d'apercevoir une lueur mélancolique passer dans son regard qu'il l'avait déjà chassée.

- Lorsqu'il est mort, continua-t-il. Je me suis mis à entretenir son jardin pour lui, et il m'arrive encore d'entendre sa voix patiente me réprimander lorsque je fais une erreur...

Il sourit, entre tristesse et nostalgie et Megumi le regarda d'un air troublé.

- Quel âge aviez-vous ?

- Lorsqu'il est décédé ? Je devais avoir dix-sept ans...

- Ah... C'est assez récent.

- Cinq ans, en effet... confirma-t-il, pensif.

Il cligna soudain des yeux, comme s'il venait de réaliser quelque chose.

- Ah... Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi j'ai évoqué un tel sujet, ce n'est guère le moment.

Il était visiblement surpris lui-même de s'être ainsi dévoilé.

Elle lui sourit doucement et secoua la tête.

- Non, je suis heureuse, au contraire, de connaître enfin le secret de cet incroyable jardin, sourit-elle. Je comprends à présent pourquoi vous vous en occupez avec tant de soin...

Il détourna la tête et Megumi crut le voir rougir pendant un bref instant.

« Ou peut-être que je me fais des idées... »

Une légère brise chassa doucement les nuages, et Megumi leva les yeux au ciel, tandis que le soleil tentait de se frayer un chemin pour les réchauffer. Le ciel était d'un bleu intense et magnifique...

Tout ici lui semblait plus beau que dans son monde. Jusqu'à ce soleil qui lui caressait le visage.

Elle ferma doucement les yeux pour mieux savourer ce contact doux et apaisant, et s'y abandonna pendant un instant.

Après toutes ces émotions, ce moment de calme était comme un baume sur son cœur. Elle se sentait si apaisée...

- Connais-tu le langage des fleurs ? Lui demanda-t-il à brûle-pourpoint.

Megumi ouvrit les paupières et le chercha des yeux.

Celui-ci touchait les pétales d'une fleur jaune avec douceur, en regardant étrangement la jeune femme.

Elle se sentit troublée et secoua la tête, les joues légèrement rosées.

- Pas du tout, non... répondit-elle dans un souffle.

Il la dévisagea durant un instant, et Megumi sentit les battements de son cœur s'accélérer en réalisant qu'une ambiance étrange s'était installée entre eux.

- Les fleurs jaunes sont atypiques, murmura-t-il avant de baisser le regard vers les pétales. Elles possèdent plusieurs significations très contradictoires... Elles symbolisent le luxe, la gloire, le succès, la prospérité. Mais aussi l'infidélité et la trahison.

Son cœur battait de plus en plus fort, elle n'était pas certaine de comprendre ce qui était en train de se passer, mais la voix de la sorcière ne cessait de raisonner en elle, lui rappelant quel était son destin...

« C'est donc... lui que je vais aimer à en perdre le souffle ? » se demanda-t-elle intriguée.

Il la troublait beaucoup, alors elle n'avait pas vraiment de mal à l'imaginer, mais le visage d'Hayate lui revenait à chaque fois, comme pour s'y opposer, et elle ne savait plus quoi penser de tout ceci...

Megumi se racla discrètement la gorge et s'approcha de lui pour les voir de plus près.

- Que signifient les autres fleurs ? Demanda-t-elle, à voix basse.

Leurs regards se trouvèrent une nouvelle fois et il fut le premier à détourner le sien.

Il rougit et recula légèrement, comme pour mettre un peu de distance entre eux.

Quelle était cette étrange tension ? Elle ne savait plus quoi faire de ses mains tant elle était gênée.

Eisuke posa délicatement un doigt sur une autre fleur, le regard voilé.

- Les ciascas roses signifient l'élégance, expliqua-t-il doucement, les adopolusis, un souvenir douloureux...les azalias rouges signifient : je t'aime passionnément et cela me rend vraiment heureux. Tandis que les blancs signifient plutôt : je t'aime désespérement, et cela me brise l'âme...

Pour une raison inconnue, Megumi rougit jusqu'à la racine des cheveux.

Il avait dit ces derniers mots avec tant de douceur qu'elle n'avait pu s'empêcher de frémir.

Après un court silence, Eisuke sortit un petit poignard de sa ceinture, saisit délicatement une tige et coupa une fleur jaune avec précaution.

- Les Nizalées jaunes signifient, murmura-t-il doucement : « célébrons notre amitié naissante ».

Megumi leva un regard troublé vers lui et réalisa soudain qu'il était en train de la dévisager avec un sourire tendre.

Le temps sembla s'arrêter et Megumi frissonna tandis que la brise faisait légèrement danser ses longs cheveux sombres et épais.

Elle rougit de plus belle et son cœur manqua un battement lorsqu'il lui tendit doucement la fleur, mais sans la lui imposer, comme une interrogation muette.

Célébrons notre amitié naissante.

Son regard bleu la dévisageait intensément, il attendait visiblement sa réponse.

Intimidée et attendrie, Megumi lui sourit doucement et saisit la fleur, frôlant ses doigts au passage, tandis que les pétales des fleurs virevoltaient autour d'eux, emportés par le vent.

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