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Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 30

Megumi observa Eisuke, un peu intriguée en le voyant arranger son futon avec soin.

Il avait préparé sa couche alors qu'elle était partie se changer...

Avait-il réellement l'intention de la border ?

Lorsqu'il la remarqua, il lui fit signe de s'installer et elle s'exécuta en rougissant.

Il était si prévenant et attentionné...

Pourtant, son regard était ailleurs. Megumi se sentait mal à l'idée qu'il puisse cogiter à cause d'Hayate.

Elle ignorait si elle se faisait des idées ou non, mais elle ne pouvait pas croire qu'un homme aussi respectable qu’Eisuke, ait pu l’embrasser sur un coup de tête...

Se pourrait-il donc... qu'il ait de réels sentiments pour elle ?

Cette idée la faisait rougir...

Savoir qu'un homme aussi beau et élégant qu’Eisuke lui portait un peu d’intérêt, la flattait énormément.

Et cette histoire de fil rouge du destin ne faisait que la troubler davantage.

Et si c’était vrai ?

Et s’ils étaient réellement destinés à finir ensemble ?

« Je ne sais pas... »

« Je ne sais pas quoi en penser ! »

Que ressentait-elle réellement pour lui ? Elle se sentait perdue dans ses sentiments.

Tant de choses s'étaient produites en si peu de temps...

Mais même si elle ignorait toujours ce qu'elle ressentait, l'idée qu'il puisse la juger à cause d'Hayate lui était intolérable...

Megumi s’asseyait sur le futon en cherchant son regard.

Elle avait besoin de lui parler. De lui expliquer...

- Eisuke... murmura-t-elle doucement.

Il se raidit légèrement, et fixa un point devant lui en plaçant la couverture sur ses jambes.

- Je... hésita-t-elle. À propos d'Hayate, je...

- Ne t'inquiète pas, l'interrompit-il soudain. Sois tranquille. Je ne l'ai pas cru un seul instant.

Megumi tressaillit et le dévisagea pendant un long moment sans rien dire.

Elle ne se sentit soulagée que le temps d'une seconde, avant de sentir une vague de culpabilité lui saisir le cœur.

Elle se sentit alors tiraillée entre la tentation de le laisser croire que c'était faux, et le désir de rester honnête envers lui...

Elle se pinça les lèvres, les yeux perdus dans le vague, et lorsque Eisuke fit un geste pour se lever, Megumi le retint par la manche par réflexe.

- Euh... Eisuke, je... pardonnez-moi, je... bégaya-t-elle en s'empressant de le relâcher. Mais... il faut que je vous avoue, que... que j'ai...

- Megumi, l'interrompit-il soudainement.

Elle le regarda avec surprise.

Sa respiration était maîtrisée mais légèrement sifflante, comme s'il se contenait pour garder son calme.

- S'il te plait... dit-il d'une voix rauque.

Son regard torturé fixait le sol et Megumi comprit à cet instant-là, qu'il éprouvait des sentiments sincères envers elle, et que les révélations d'Hayate l'avait réellement affecté.

Au point qu'il préférait essayer de se convaincre qu'il ne s'était rien passé entre eux.

L'idée qu'il pouvait avoir de la peine la faisait tant souffrir qu'elle ne pouvait empêcher les larmes de lui monter aux yeux.

Elle se sentait si mal...

Elle aurait voulu se blottir dans ses bras et lui dire à quel point elle regrettait cette nuit-là, mais il semblait si torturé et furieux qu'elle osait à peine respirer. Elle avait si honte…

Elle essuya discrètement ses larmes, la gorge nouée.

- Ne serait-ce pas plutôt à moi de pleurer, Megumi ? Lâcha-t-il dans un souffle rauque.

La jeune fille tressaillit et leva ses yeux larmoyants vers le vice-commandant.

La tête baissée, il la regardait tristement en biais et Megumi dut se contenir pour ne pas éclater en sanglots.

Il ne faisait plus aucun effort pour garder son masque. Il se dévoilait totalement à elle, et la laissait plonger dans le bleu tourmenté de ses yeux.

- Puis-je te poser une question ? Commença-t-il d'une voix blanche.

- Bien sûr...

Il hésita pendant un instant, comme s'il n'était pas certain de désirer entendre sa réponse.

- Que ressens-tu exactement envers Hayate ?

Un peu surprise par la question, Megumi resta pendant un moment à le regarder d'un air perdu avant de rougir jusqu'à la racine des cheveux.

- Euh, je... bégaya-t-elle en fouillant le sol des yeux, pour fuir son regard.

Elle aurait voulu lui jurer qu'elle ne ressentait rien pour lui, mais lui mentir pour éviter de le perdre n'aurait pas été correct, alors elle décida d'être honnête.

- Je ne souhaite rien de lui. Il est clair que ce n'est pas un homme pour moi. D'ailleurs, il m'insupporte, la plupart du temps… Quasiment tout le temps, en fait !

- Mais ? Insista-t-il, tandis qu'un silence s'installait.

Megumi sentit un malaise lui nouer le ventre.

Elle chercha ses mots pendant un instant, le cœur battant de plus en plus fort à l’idée de lui en parler.

- Mais... j'éprouve une inexplicable attirance envers lui, avoua-t-elle difficilement. Je pense même... que je l'aime, malgré le dégoût qu'il m'inspire.

Le regard d'Eisuke la détailla pendant un long moment, d'un air indéchiffrable. Comme s'il cherchait à analyser chaque inspiration, chaque mot, chaque battement de cil...

- Mais je finirai par m'en débarrasser, continua-t-elle. Je ne veux pas d'un type aussi déséquilibré et toxique dans ma vie, alors je dois faire en sorte de m'en défaire rapidement... afin d'en souffrir le moins possible.

Un silence s’écoula...

Eisuke hocha la tête et fixa le vide pendant un instant avant de la regarder de nouveau.

- Je peux t'aider, si tu le désires... proposa-t-il doucement.

- M'aider ? À quoi ?

- Eh bien... À passer à autre chose, répondit-il, le regard droit, plongé dans le sien.

Elle le regarda sans comprendre.

- Comment ?

Il fixa le sol d'un air hésitant pendant un instant, avant de relever ses yeux intenses vers elle.

- Tu me laisses faire ? Murmura-t-il.

- Oui, accepta-t-elle, curieuse.

Il se racla la gorge d'un air gêné, puis, le regard troublé, il prit délicatement son visage entre ses mains, comme si elle avait été aussi fragile que du cristal.

Elle rougit, les yeux légèrement arrondis et après une dernière hésitation, il se pencha doucement vers elle, avant d'appuyer ses lèvres sur les siennes.

Cette fois, ce n'était plus dans le feu de l'action.

C'était un vrai baiser, chaste et doux. Il embrassait ses lèvres, les caressant avec les siennes, la plongeant dans un océan de douceur et de chaleur.

Lorsqu'il se détacha d'elle, Megumi dévisagea Eisuke comme si elle le voyait pour la première fois.

Celui-ci avait les yeux baissés, les joues plus rouges que jamais, elle ne l'avait jamais vu ainsi.

« Je n'ai pas rêvé ? Il m'a bien embrassée ? »

« Encore une fois ? » réalisa-t-elle soudain en rougissant de plus belle.

Il fouilla le sol des yeux en jetant des regards furtifs vers elle.

- Dis quelque chose... chuchota-t-il.

Elle cligna des yeux avant de les baisser timidement.

- Vous ne parlez pas non plus... souffla-t-elle.

Il sourit légèrement et hocha la tête, le regard pensif, avant de saisir sa main avec douceur.

Elle se mit à rougir et son cœur s'emballa tandis qu'il lui caressait la peau avec son pouce.

Son visage était encore tout près du sien, Megumi n'arrivait plus à le regarder.

- Je viens de faire un pas vers toi, chuchota-t-il doucement. Afin que tu réalises que tu as d'autres alternatives...

Silence.

- Enfin, plutôt, « une autre » alternative, se reprit-il en rougissant. J'espère que tu n'en auras pas d'autres... même si c'est un peu égoïste de ma part.

Megumi cligna des yeux en le regardant d'un air perdu, les joues brûlantes.

Cette scène lui semblait si irréelle qu'elle voulait se pincer pour s'assurer qu'elle n'était pas en train de rêver.

« Il me fait... une déclaration là ? Pour de vrai ? »

« Je rêve ou... ?? »

Il glissa doucement sa main sous la sienne, la saisit avec douceur, puis il se pencha lentement avant de déposer un baiser sur le bout de ses doigts.

Un baiser de prince !

Elle crut s'évanouir sur place. Elle n’était vraiment pas habituée à ce genre d’attention...

- Pourrais-tu y réfléchir ? Souffla-t-il contre sa peau.

Son souffle caressait son poignet, elle en frissonnait.

Il se redressa doucement et plongea son regard bleu dans le sien, attendant patiemment sa réponse.

Elle hésita un instant et fuya son regard en bégayant, mal à l'aise :

- Mais vous... vous savez ce que je ressens pour Hayate, non ? Je ne peux pas être avec vous en ayant ce genre de sentiments...

- Comptes-tu tenter quelque chose avec lui ?

- Bien sûr que non ! S'indigna-t-elle.

- Dans ce cas, je te prie d'accepter... Megumi.

Elle tressaillit avec surprise tandis qu'il la couvait, le regard doux et sérieux à la fois.

Elle avait du mal à croire que l'homme qui se trouvait devant elle, et celui qui se montrait si froid et taciturne un mois plus tôt étaient une seule et même personne.

Leur relation avait tant évolué en si peu de temps...

Son regard s'adoucit tandis qu'il lui souriait en caressant de nouveau sa main.

- Que ressens-tu en me regardant ? Demanda-t-il à voix basse.

Elle déglutit, et rougit de plus belle en baissant les yeux.

- Vous m'intimidez...

- C'est un bon début, s'amusa-t-il dans un souffle.

Megumi n'osait plus lever les yeux, elle était si rouge qu'elle aurait voulu se cacher sous sa couverture.

Un silence s'écoula et il leva la main pour lui caresser la joue avec douceur.

- J'attendrai patiemment ta réponse, Megumi, murmura-t-il. Mais je t'en prie, ne me fais pas trop attendre…

 

 

 

 

* * *

 

 

« Bon... Qu'est-ce que je fais, moi maintenant ? »

Megumi observait son reflet en se coiffant, le regard troublé.

La jeune femme avait la mine fatiguée, elle avait à peine dormi...

Entre l'attaque nocturne, la crise d'Hayate, et son rapprochement avec Eisuke, elle ne savait plus où donner de la tête.

Elle cogitait tant qu'elle n'avait même plus la force de stresser pour son premier jour de travail.

Elle avait d'ailleurs, pour l'occasion, décidé d'enfiler une robe rose pâle, sans ceinture, simple mais très féminine. 

« Bien, je suis prête... »

Elle prit une inspiration pour se donner du courage, puis elle s'avança vers la porte en espérant ne pas croiser Hayate.

La veille, il avait dépassé les bornes.

Elle ne voulait plus le voir tant que sa raison et son cœur n’étaient pas en phase.

À présent qu’elle connaissait les sentiments d’Eisuke à son égard, elle devait se montrer deux fois plus vigilante avec Hayate. Elle n’avait vraiment pas envie de le blesser...

Eisuke la troublait depuis le premier jour, et elle avait énormément de respect pour lui, mais ce n'était pas du tout comparable à cette passion incontrôlable qui l'animait à chaque fois qu'elle pensait à Hayate.

Cette passion inexplicable enflammait son sang, lui brûlait les veines, lui coupait le souffle, lui faisait perdre la raison, éveillait ses instincts primaires...

Mais cette passion, elle ne l'avait pas choisie, et elle ne la désirait pas non plus.

Si elle avait su comment s'en défaire, elle s'en serait déjà débarrassé depuis longtemps...

« De toute manière, peu importe mes sentiments, je ne lui laisserai plus jamais l'occasion de m'humilier de nouveau. »

Son cerveau avait repris le contrôle, alors son cœur pouvait bien râler, cela n'avait plus d'importance.

« Les sentiments sont changeants, après tout… se dit-elle. Un beau jour, ce sera de l’histoire ancienne... »

J'attendrai patiemment ta réponse, Megumi. Mais je t'en prie, ne me fais pas trop attendre... 

Megumi se mit à rougir tandis que son cerveau lui soufflait gentiment l'idée d'accepter.

Mais elle ne pouvait pas faire une chose pareille. Cela ne serait pas correct.

Eisuke était un homme bon et gentil, elle ne pouvait pas prendre le risque de le blesser.

Non, elle devait faire le ménage dans son cœur avant.

Même si elle n'avait jamais été insensible à son charme.

« Qui le serait, de toute manière ? » se dit-elle en pénétrant dans la cuisine.

Daisuke et Kyosuke préparaient le repas, la mine un peu sinistre.

Ce qui n'était guère surprenant, ils avaient perdu quelques hommes durant l'attaque.

- Bonjour les garçons, dit-elle joyeusement pour détendre un peu l'atmosphère.

- Ah, bonjour, tête brûlée, fit Daisuke, avec un sourire attendri.

- Eh, c'est moi qui t'accompagne aujourd'hui, lui dit Kyosuke.

- Ah bon ?

- Ouais, c'est mon tour de patrouille, ce matin, et c'est Kenji qui passera te chercher, après, je crois. Je n'ai pas le programme en tête.

- Mais... hésita-t-elle en acceptant l'assiette que lui tendait Daisuke. Vous ne comptez tout de même pas m'accompagner tous les jours, tout de même ?

- Bien sûr que si ! Râla Kyosuke. Parce que tu comptais y aller toute seule ? Avec la forêt au milieu du chemin ? Tu rêves !

- Mais lorsque tu m'auras appris à me battre, je n'aurais plus besoin de personne, s'amusa-t-elle en se mettant à table.

- Ouais eh bah, d'ici là, il va se passer du temps, alors si ça te gêne à ce point, tu n'as qu'à pas aller travailler.

- Ha ha, s'esclaffa Daisuke. Mais pourquoi tu lèves le ton comme ça ?

- Parce que ça m'énerve ! Elle est bien trop mignonne pour aller travailler ! Les mecs vont l'emmerder !

- Ah, c'est possible, ça, s'amusa Daisuke en échangeant un regard rieur avec Megumi.

Kyosuke avait beau être un peu lourd, Megumi ne pouvait rester insensible face à sa volonté de la protéger.

Elle qui avait grandi sans père, ni frère, c'était une sensation agréable de savoir que ce balourd aux grands yeux innocents s'inquiétait sincèrement pour elle.

- Non seulement c'est possible mais ça va arriver ! Rien que d'y penser ça me rend fou ! Se tortura-t-il avant d'annoncer, déterminé : Bon, je vais dire au vieux de m'embaucher aussi dans son truc de plantes !

- Hein ?

Megumi faillit avaler son petit déjeuner de travers.

- N'importe quoi, oublie, marmonna-t-elle.

- Et pourquoi pas ?

- Tu ne connais rien aux plantes et je doute qu'il ait les moyens de payer deux personnes.

- Ah, ne t'inquiète pas pour ça, je ne lui demanderais pas un sou. Il ne pourra pas refuser de main-d’œuvre gratuite !

Megumi avala la dernière bouchée, le regard mauvais, avant d'aller laver sa vaisselle dans le bac un peu plus loin.

- Et ce n'est pas la peine de bouder, râla Kyosuke. Ça sera comme ça et pas autrement !

- Si tu fais ça, Kyosuke, j'irais vivre toute seule en ville, le menaça-t-elle.

Le fruit qu'il s'apprêtait à couper, explosa dans son poing tandis qu'il tournait son regard choqué vers elle.

- Tu n'oserais pas !

- Je vais me gêner !

Il tiqua en croisant son regard déterminé.

Elle l'aimait beaucoup, mais il était hors de question qu'il vienne travailler avec elle.

- Mais... mais Megumi ! Chouina-t-il avec impuissance, sous les éclats de rire de Daisuke.

Megumi essuya sa vaisselle, fière de lui avoir fait fermer son clapet, puis elle se dirigea vers la sortie.

- Bien, je t'attends dehors, Kyosuke, annonça-t-elle.

Elle pouffa de rire en se dirigeant vers l'entrée, et se figea sur place en sentant instinctivement la présence de celui qu'elle aurait préféré ne pas croiser...

Elle retint son souffle et leva lentement la tête, se préparant mentalement à rester indéchiffrable.

Mais lorsqu'elle posa les yeux sur lui, elle fut remuée par des sentiments très contradictoires.

Des visions de meurtres à coup de massues lui traversaient l'esprit, tandis que la température de son corps grimpait en flèche à la vue de ses cheveux mouillés cascadant sur ses épaules.

Il venait visiblement de prendre un bain, un parfum de savon mêlé à son excitante odeur embaumait le couloir.

Une part d'elle-même aurait voulu plonger son visage dans son cou, s'enivrer de son odeur et le supplier de la prendre...

« Purée, mais jamais de la vie ! Garde la tête froide ! »

Elle ne devait plus jamais se donner à lui !

Elle l'avait laissé faire durant toute une nuit, et elle en avait tiré une bonne leçon.

Malgré sa tempête intérieure, elle garda un visage impassible et le croisa sans même le saluer.

Étant donné son dernier dérapage, il allait comprendre sans mal la raison de son impolitesse.

Mais le capitaine leva soudain son bras devant elle, lui barrant la route.

- Dis donc, fillette... s'amusa-t-il. Tu en fais une tête...

Megumi retint son souffle et s'empressa de reculer d'un pas pour mettre de la distance entre eux.

Son cœur avait explosé à la seconde où elle avait frôlé son bras tendu.

« Purée ! Ce n’est pas vrai ! » pesta-t-elle intérieurement.

Elle était dégoûtée des réactions de son propre corps, au point que si elle avait pu en choisir un autre, même au physique ingrat, elle l'aurait fait sans hésiter.

Elle ne supportait plus cette honteuse attraction. Elle se sentait comme un insecte attiré par sa flamme...

- Megu chan ? Chantonna-t-il, amusé en se penchant vers elle.

Megumi leva un regard furieux vers lui et recula de nouveau.

Dieu, ce qu'il sentait bon...

- Laisse-moi passer, je n'ai pas envie de te parler et je dois aller travailler.

Il pouffa de rire, le coude contre le mur.

- Ne me dis pas que tu fais la gueule à cause d'hier soir ? Dit-il avec légèreté. Il fallait bien qu'il le sache, non ? Ça n'aurait pas été correct, sinon...

Megumi serra les dents et les poings, le regard noir et agité.

Cette nonchalance, qu'elle avait toujours trouvé sexy, était à présent en train de l'agacer.

- Depuis quand te soucies-tu de ce qui est correct ou pas ? Demanda-elle d'une voix calme.

Elle s’efforçait de rester impassible.

Si elle voyait encore une seule fois son regard briller de satisfaction à l’idée de l’avoir fait enrager, elle allait devenir folle pour de bon !

Non ! Elle devait garder son calme, quitte à s’en faire un ulcère.

Un silence s’écoula.

Le regard malin d’Hayate scintillait alors qu'il la dévisageait en souriant avec dédain.

- C'est vrai, je m'en fous, admit-il en inclinant la tête sur le côté.

Son sourire de démon était insupportable. Il avait un charisme criminel...

Elle n'en pouvait plus. Son cœur battait si vite qu'elle en avait le tournis.

- Mais... ajouta-t-il, Eisuke est un homme d'honneur, et malgré les apparences, je l'aime plutôt bien. C'est pour lui rendre service que j'ai pris la décision de tout lui dire. Il mérite tout de même mieux qu'une femme dépucelée et peut-être enceinte...

Malgré son indignation, Megumi parvint à rester impassible.

« Dépucelée et peut-être enceinte. »

Comment osait-il... ?

« Non, garde ton calme ! Poker face ! »

Au bout de quelques secondes, un sourire serein mais glacial se dessina sur le visage de Megumi.

- Premièrement, navrée de ruiner tes illusions, mais je ne porte pas ton enfant. J'ai pris un médicament par prévention, deux jours après, lui révéla-t-elle.

Était-il soulagé, surpris, indifférent ? Il était quasiment impossible de déchiffrer ce visage stoïque et souriant.

- Deuxièmement, hier soir, après ta ridicule tentative pour dégouter Eisuke de moi, figure-toi qu'il m'a fait une déclaration. Il se fiche complètement de ce qui s'est passé entre toi et moi.

Enfin une réaction.

Hayate tiqua et son regard s'agrandit très légèrement tandis qu'il la dévisageait fixement, comme pour tenter de déceler si elle n'était pas en train de bluffer.

Même s'il ne la considérait que comme un jouet, Megumi peinait à s'empêcher de sourire tant le voir piqué la rendait euphorique.

Mais très vite, il se reprit, et son sourire s'accentua alors que son regard devenait de plus en plus sombre.

- Et que lui as-tu répondu ? Demanda-t-il avec dédain, comme s'il était persuadé de connaître la réponse.

- Ça ne te regarde pas, sourit-elle glaciale, en passant soudain sous son bras pour reprendre son chemin.

Elle se mordit la lèvre pour se retenir de rire.

Voir leurs rôles s'inverser était si jouissif qu'elle avait l'impression de s'envoler.

Hayate la suivit des yeux en souriant d'un air sadique, et alors qu'il s'apprêtait à faire un pas pour la rejoindre, Kyosuke sortit soudain de la cuisine, la mine sinistre.

- Bon... Tu es prête ou pas ? Marmonna-t-il avec mauvaise humeur.

- Bien sûr. Je t'attendais, Kyosuke, s'amusa-t-elle en évitant de regarder vers Hayate.

Megumi ignorait avec quel genre de regard le jeune homme la toisait à présent, mais lorsqu'elle lui tourna le dos, elle sentit un frisson si intense lui traverser le corps qu'elle cessa net de sourire.

La jeune femme jouait à un jeu dangereux, elle en avait conscience, mais elle n'avait plus rien à perdre.

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