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Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 11

- Daisuke... commença-t-elle, hésitante, il est au courant pour le registre. Je lui en ai parlé, ce matin...

Elle avait fait de son mieux pour garder un ton fluide et tranquille, mais sa voix tremblante la trahissait.

Elle pesta intérieurement.

- Et alors ? Chuchota-t-il.

Un frisson la parcourut de la tête aux pieds lorsqu'elle sentit son souffle chaud caresser sa nuque.

Il était bien trop près d'elle...

- Je... Rien, je me suis dit... que tu voulais peut-être le savoir... bégaya-t-elle, tu es aussi... concerné, après tout...

L'idée qu'il puisse comprendre à quel point il la troublait la faisait rougir de honte.

Elle rassembla les morceaux de sa dignité égarée et murmura entre ses dents :

- Qu'est-ce que tu fais ?

Elle sentait sa main tirer doucement sur la couverture...

- Hayate ?... Aïe !

Soudain, elle sursauta et plaqua sa main contre sa nuque en se tournant vivement vers lui, rougissante jusqu'à la racine des cheveux.

- Mais tu... tu m'as mordue !? S'étouffa-t-elle soudain, ahurie.

Une lueur étonnée passa dans le regard coquin d'Hayate, et son visage bascula en arrière alors qu’il éclatait de rire.

Un rire puissant, rauque... et diablement sexy.

Elle le regarda, comme captivée et tressaillit lorsqu'il la regarda de nouveau en inclinant la tête sur le côté, le regard espiègle.

- Tu as des réactions vraiment innocentes, Megu chan... Tu cherches à m'exciter ? Parce que si c'est le cas, c'est réussi... souffla-t-il avec un sourire enflammé.

- Non, arrête ! S'affola-t-elle en appuyant sa main contre son torse pour l'empêcher de s'approcher davantage. Qu'est-ce que tu fais ? Tu as promis...

- Hein ? Ricana-t-il. Mais je ne t'ai rien promis du tout, fillette...

- Si... Tu as dit que tu ne me ferais plus de chantage et... suffoqua-t-elle.

Il la regarda alors avec un sourire taquin qui lui affola le cœur comme jamais.

- Je ne suis pas en train de te faire chanter là... murmura-t-il. Et... c'est toi qui me touches.

Megumi baissa un regard perdu vers sa main appuyée contre sa clavicule solide et s'empressa de le relâcher, comme s'il l'avait brûlée.

- Je... Je ne te touchais pas, je te repoussais, s’étrangla-t-elle.

Il haussa les sourcils, l'air de dire « C'est comme ça que tu repousses les gens, toi ? »

Et lorsqu'il posa son regard narquois sur ses lèvres et sa gorge, Megumi sentit une étrange émotion lui serrer le cœur.

Ce type...

C'était le genre d'homme qui devait briser des cœurs à la pelle.

Elle ne devait surtout pas devenir l'une de ses victimes. Elle devait se reprendre et le repousser avec davantage de fermeté.

- Non, arrête, souffla-t-elle lorsqu'il se pencha vers elle.

Hayate s'immobilisa et plongea son regard émeraude dans le sien.

Elle le fixa, troublée, et sa respiration se coupa lorsqu'il approcha ses lèvres de sa nuque.

- Arrête de flipper comme ça, Megu chan, murmura-t-il contre son oreille. Je ne te ferai jamais de mal...

Elle avait du mal à écouter ses paroles, mais ses mots finirent par atteindre son esprit embrumé.

Son souffle contre sa nuque lui caressait la peau, elle en avait la chair de poule...

- Hayate, s'il te p...

Quand ses lèvres se posèrent juste sous son oreille, Megumi eut un violent frisson qui lui arracha un gémissement.

« Oh mon... Dieu ! »

« Qu'est-ce que c'était ? »

C'était aussi puissant qu'une décharge électrique.

Le sourire d'Hayate s'accentua contre sa peau et il recommença en y mêlant ses dents et sa langue.

Megumi sentit soudain son cerveau se vider, et ses paupières se fermer malgré elle.

L'excitation l'emplissait tout entière, menaçant de déborder d'un instant à l'autre.

Quelle était donc cette extraordinaire sensation ?

Une bouffée de chaleur monta en elle et la jeune lycéenne devint toute molle dans ses bras.

Ce fut seulement à ce moment-là qu'elle prit conscience de son bras puissant, autour d'elle...

Son corps à demi-nu était pressé contre le sien, son odeur masculine l'enivrait. Elle perdait la tête.

Il remonta sa langue jusqu'à son oreille, elle cessa de respirer, et un son à mi-chemin entre le grognement et le gémissement lui échappa tandis qu’il mordillait délicatement le lobe.

« Non... »

Des frissons de panique et de plaisir la parcouraient.

Cela ne lui ressemblait pas, elle devait absolument l'arrêter, mais cette sensation était si extraordinaire qu'elle ne trouvait même plus la force de penser...

Pourtant, une sonnette d'alarme se déclencha dans son cerveau lorsqu'il fit glisser sa langue vers son épaule en tirant sur son col.

Il l’avait entrouvert l’air de rien, dévoilant la naissance de son décolleté.

Et l'affolement s'empara d'elle lorsqu'elle sentit sa main, grande et brûlante, se poser sur sa cuisse, à travers ses vêtements.

« Non ! Ne le laisse pas jouer avec toi ! »

« Ne le laisse pas faire ! »

Et là, sans savoir comment, elle parvint à trouver la force de le repousser.

- Stop ! Stop, arrête, ça suffit !

Megumi appuya sur ses épaules pour l'éloigner d'elle, et se leva de son futon en tentant d'ignorer la voix de ses sens, qui auraient adoré le laisser continuer.

Le regard fuyant, elle s'approcha de la porte menant aux jardins, déterminée à partir en courant si jamais il renouvelait ses assauts.

Elle replaça le col de sa robe correctement, les joues brûlantes, et fit mine de contempler les plantes.

- Tu... Tu devrais partir. Je dois me reposer maintenant, dit-elle d'une voix éraillée qu'elle reconnut à peine.

Son cœur battait à mille à l'heure, il lui était extrêmement difficile de retrouver une expression neutre.

Un long silence s'écoula...

Hayate resta sur le sol pendant un moment sans rien dire, puis il pouffa de rire et se leva avant de s'approcher d'elle avec nonchalance.

- Megu chan...

Elle se raidit et continua de faire mine de contempler le jardin, pour ne pas l'affronter du regard.

Elle tressaillit lorsqu'il saisit une mèche de ses longs cheveux.

- Tu sais comment on appelle, les filles comme toi ? Demanda-t-il d'une voix amusée.

Elle fronça les sourcils sans comprendre et son cœur loupa un battement lorsqu'il se pencha de nouveau vers son oreille, faisant circuler son sang à toute vitesse.

- Des allumeuses... chuchota-t-il avec un sourire cruel.

Megumi se figea et le regarda d'un air choqué tandis qu'il quittait déjà la pièce, d'un pas mou et indifférent, sans se défaire de cette expression suffisante.

Et lorsqu'elle l'entendit ricaner au loin, la jeune lycéenne contracta la mâchoire afin de ne pas fondre en larmes. Elle n'avait jamais été aussi humiliée de toute sa vie…

 

 

 

* * *

 

 

 

- Toc toc, chantonna une voix joyeuse.

Megumi, qui était à demi-allongée, face à la porte menant aux jardins, dut s'appuyer sur ses coudes pour accueillir son visiteur.

- Non, non, ne bouge pas, dit-il en prenant place sur le sol près d'elle.

C'était le commandant Akihoshi. Il posa une pile de livres près de lui, avant de lever vers elle un regard inquiet mais souriant.

- Bonjour, ma petite, comment te sens-tu aujourd'hui ?

Megumi ne relevait même plus ce petit nom dont il ne parvenait manifestement pas à se défaire.

Elle ravala un soupir las.

- Beaucoup mieux, merci... Je pense pouvoir me lever à partir de demain.

- Que dis-tu ? Mais pas du tout, il te reste encore deux jours à tenir, alors courage !

Il leva le poing avec un grand sourire, comme pour lui donner de la force.

- Mais je ne tiens plus... Je m'ennuie à en mourir.

- Justement, j'ai pensé à toi, s'amusa-t-il en tapotant la pile de livres qu'il avait apportés, j'ai pris la liberté de te choisir quelques romans, je me suis dit que cela t'aiderait peut-être à tuer le temps... Oh, mais... maintenant que j'y pense, tu sais lire n'est-ce-pas ? se reprit-il inquiet.

- Oh, oui bien sûr, s'empressa-t-elle de le rassurer, je vous remercie beaucoup d'y avoir pensé ! Vraiment !

Megumi était même étonnée de ne pas y avoir songé elle-même.

Elle avait l'impression d'être cloîtrée dans cette pièce depuis des mois, et le manque d'Internet, de réseaux sociaux et de télévision commençait à se faire sentir.

Les livres ne valaient pas ses bonnes séries coréennes, mais c'était mieux que rien.

- Je te recommande, celui-ci ! dit-il en lui donnant un gros livre, à la couverture bordeaux, c'est à propos d'un géant et d'une épée ensorcelée, une véritable merveille !

Son regard s'était soudain illuminé avec un tel éclat qu'il semblait avoir rajeuni d'au moins vingt ans, le temps d'un instant.

Megumi pouffa de rire, attendrie par cet éclat d'innocence qu'il ne tentait même pas de cacher.

- Je vais commencer par celui-là, alors, promit-elle.

- J'en suis heureux, s'enthousiasma-t-il. Tu verras, tu vas vraiment beaucoup t'amuser en le lisant.

Soudain, un bruit sourd se fit entendre, alors ils se tournèrent vers les jardins et Megumi sentit son cœur lui remonter jusqu'à la gorge, lorsqu'elle aperçut Hayate au loin, qui courait à grande vitesse, suivi de ses apprentis.

Elle ne l'avait pas revu depuis qu'il s'était amusé à l'humilier, deux jours plus tôt...

Elle se mordilla la lèvre, le regard voilé.

Tout à coup, l'un d'entre eux s'écroula à quatre pattes et se mit à vomir en gémissant de douleur, visiblement exténué.

Le capitaine arrêta tout le monde en claquant des doigts, leur ordonnant par le geste d'effectuer une série de pompes, puis, il s'avança vers l'homme à terre et lui flanqua un titanesque coup de pied dans le ventre.

Megumi sursauta, choquée face à la brutalité de son geste.

Et lorsqu'il l'attrapa par les cheveux, en le toisant d'un air cruel, avant de l'étouffer brutalement dans son vomi, Megumi eut un violent haut le cœur et détourna les yeux.

- Purée... souffla-t-elle en levant instinctivement la main vers sa bouche.

Son regard trouva alors le visage affligé d'Akihoshi.

Il fixait la scène avec un mélange d'affliction et de découragement.

Megumi l’observa en silence pendant un instant avant de lui demander :

- Pourquoi n'intervenez-vous pas ?

Il la regarda d'un air interrogateur alors elle ajouta :

- C'est que... vous ne semblez pas approuver ses méthodes, alors...

Il eut un sourire sans joie, même un peu triste.

- Qui approuverait ? Nul mérite d'être traité ainsi, mais... je ne peux décemment pas intervenir devant nos hommes. Cela le discréditerait. Il est leur capitaine...

Akihoshi leva de nouveau les yeux vers Hayate, qui forçait à présent l'homme à se relever.

- Et même si je n'apprécie guère ses méthodes, je dois admettre... que c'est un peu grâce à lui que nous pouvons nous vanter d'avoir les meilleurs combattants de tous les avant-postes du royaume.

Megumi prit un air étonné et Akihoshi pouffa de rire.

- Eh oui, lorsqu'un soldat survit à l'entrainement d'Hayate, il peut survivre à n'importe quoi, s'amusa-t-il.

Megumi songea que cela tombait sous le sens, mais était-il vraiment nécessaire de faire ravaler son vomi à quelqu'un pour le rendre plus fort ?

Elle n'en était pas sûre...

- Oui, je suppose... répondit-elle hésitante, tandis qu'ils reprenaient déjà tous la course.

- Oh, pendant que j'y pense, fit soudain le commandant, Kenji a quasiment terminé de réparer ton instrument, j'espère que tu pourras nous jouer très vite un petit morceau !

Il s'était passé tant de choses que Megumi en avait oublié son violon.

- Euh... Oui, avec plaisir... accepta-t-elle avec un sourire gêné. Mais je ne suis pas très douée, alors s'il vous plait, ne vous attendez à rien...

- Oh, ne te mets surtout pas la pression ! Je suis désolé, ce n'était pas mon but ! s'excusa-t-il. C'est juste que j'aime beaucoup la musique !

Son regard étincelait, comme à chaque fois qu'il abordait un sujet qui le passionnait.

C'était une expression qui allégeait systématiquement le cœur de Megumi.

Elle se mit à rire, l'humeur soudain joyeuse.

- Très bien alors, je jouerai pour vous dès qu'il sera réparé, promit-elle avant d'ajouter : Vous jouez d'un instrument, vous aussi ?

- Oui, en effet, répondit-il avec entrain. Je joue du Hyte. Connais-tu ?

Elle secoua la tête, l'air interrogateur.

« Ça doit être un instrument de ce monde... »

- Je te jouerai aussi un morceau, la prochaine fois. Tu verras, le son est vraiment relaxant ! Oh, je peux même te le montrer maintenant, si tu...

TOC TOC TOC

Akihoshi s'interrompit et se tourna vers la porte.

- Pardonnez-moi de vous déranger, mais nous avons reçu une missive, à l'instant.

Megumi reconnut aussitôt la voix froide d'Eisuke, le vice-commandant.

Son regard fermé était focalisé sur Akihoshi. Il ne lui accorda pas un regard, ni même un hochement de tête pour la saluer...

- Ouvre le message, si c'est urgent.

- Impossible, le messager est toujours là et seul vous, avez le droit de l'ouvrir.

Akihoshi eut l'air étonné. Ce n'était visiblement pas courant.

- Oh, je vois. Je viens dans ce cas.

Il offrit un dernier sourire doux à Megumi avant de se relever.

- Je dois y aller, à plus tard et repose-toi bien.

Megumi inclina la tête et jeta un rapide regard en coin vers Eisuke qui s'avançait déjà le long du couloir.

« Bon, je suis officiellement devenue invisible, apparemment » songea-t-elle, blasée, en ouvrant l'ouvrage que le commandant lui avait vivement conseillé.

« Ça tombe bien, encore une journée et je mourrais d'enn... »

Megumi marqua soudain un temps d'arrêt, et se mit à feuilleter les pages, avec de grands yeux surpris...

- Mais qu'est-ce que... ? Souffla-t-elle en découvrant, sidérée, un alphabet qu'elle n'avait jamais vu de sa vie… What the fuck, c’est quoi ça ?

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