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Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 25

Megumi monta les escaliers de l'auberge et traversa le couloir, le regard perdu dans le vague.

Elle ignorait où était Hayate et elle s'en moquait, elle avait justement marché le plus vite possible pour se débarrasser de lui.

En arrivant au bout du couloir, elle vit les deux soldats qui gardaient sa porte, dormir tranquillement contre le mur, la bouche ouverte.

En d'autres circonstances, elle en aurait sûrement ri, mais elle n'était pas d'humeur.

Elle ouvrit la porte et la referma dans un claquement.

- Hein ?! Quoi ?! Qu'est-ce qui... ?! Se réveilla l'un d'entre eux en sursaut.

Mais elle était déjà entrée.

Sans attendre, elle se débarrassa de ses bottes boueuses et plongea dans les couvertures du futon, le cœur en miettes.

« C'est bon ? Tu as compris maintenant ? La sermonna son cerveau, j'ai essayé de te prévenir mais tu faisais la sourde oreille ! »

Elle pesta et cogna contre son oreiller en grondant de rage.

Elle avait l'impression qu'on lui avait complètement charcuté la poitrine !

La douleur était physique, elle en suffoquait...

« Toc toc toc. »

Elle tressaillit et pesta.

- Oui ?! S'écria-t-elle en se hissant sur ses coudes.

- Euh... Tout va bien ? S'enquit l'un d'entre eux. Je suis presque sûr d'avoir entendu ta porte claquer.

« Gardiens en carton ! »

- Tu as rêvé ! Laisse-moi finir ma nuit ! Râla-t-elle avant de se cacher de nouveau sous sa couverture.

Megumi.

Megumi.

Sa voix raisonnait dans son cerveau.

Ses mots, son regard distant, ses éclats de rire moqueur...

Elle s'était complètement laissée bernée.

Sa rage était si forte qu'elle serrait les dents à s'en faire mal pour ne pas éclater en sanglots.

Même si son cœur pleurait, il était hors de question pour elle de verser la moindre larme.

« Tout à l'heure, c'était de la transpiration ! Uniquement de la transpiration ! »

- Aaaah... soupira-t-elle en empoignant sa poitrine.

Son cœur lui faisait un mal de chien.

Elle pensait savoir ce que c'était qu'avoir le cœur brisé après avoir vu son ex petit ami avec une autre femme, mais elle réalisait que ce n'était rien, en comparaison de ce qu'elle ressentait depuis le rejet d'Hayate.

Cela lui faisait horreur, mais elle devait admettre que ses sentiments pour lui s'étaient incroyablement intensifiés depuis qu'elle s'était donnée à lui.

Elle avait la sensation d'avoir été « marquée » comme une bête.

Son odeur la suivait, tout comme la sensation de ses doigts sur sa peau.

Finalement, il avait eu ce qu'il voulait.

Il l'avait bel et bien tuée...

- S'lut, fit une voix morne en rentrant.

Megumi sursauta et se redressa vivement avant de se tourner vers la porte.

C'était Kenji, il se dirigeait vers elle, le regard endormi en baillant à s'en décrocher la mâchoire.

- Tu aurais pu frapper, tout de même ! Balbutia-t-elle en détournant les yeux, mal à l'aise.

Elle voulait être seule, il n'arrivait pas au bon moment.

- C'est Daisuke qui m'a envoyé te réveiller, râla-t-il pour sa défense.

- Euh, oui, mais ça ne t'empêchait pas de frapper, non ?

- Bon bref, on s'en fout, c'est pas comme s'il y avait quelque chose à voir... s'impatienta-t-il.

- Espèce d'avorton...

- Et toi, t'es qu'une rapiane...

- Hein ?

- Bref, vas-y, lèves-toi, on va rentrer. On a une longue route qui nous attend !

- Ah ? Nous rentrons aujourd'hui ? S'étonna-t-elle. Vous abandonnez les recherches ?

- Hayate va rester encore un peu sur place avec ses hommes, mais nous rentrons tous, oui. Avec ce qui se passe en ce moment, il vaut mieux qu'on soit tous à Ilias au cas où.

- Mmh... Je vois.

« Hayate... »

Elle n'allait donc pas le voir pendant plusieurs jours.

C'était la première bonne nouvelle de la journée.

« S'il pouvait disparaître et ne plus jamais revenir, ça serait même mieux ! »

- Si tu vois, alors magne et lèves-toi ! Râla Kenji.

- Oui oui, c'est bon...

Megumi se leva en grimaçant de douleur. Elle avait un peu trop forcé sur sa cheville dernièrement.

Elle ramassa machinalement les couvertures, et commença à les plier, le cœur lourd.

Ce n'était que de la baise ! 

Ces mots ne cessaient de revenir, comme des poignards se plantant en permanence dans son cœur.

Les évènements de ces derniers jours étaient surréalistes...

Elle s’était rapprochée d’Hayate, Aku l'avait enlevée, elle avait manqué de se faire violer, Hayate avait torturé et tué son agresseur… Puis il s'était amusé à lui faire croire qu'il comptait la tuer, ils avaient couché ensemble…

Et alors qu’elle avait eu la sensation d’avoir enfin goûté au véritable bonheur, elle avait été rejetée avec des paroles cruelles quelques temps après.

Tout ceci n'avait aucun sens...

Aucun !

- Eh ?

Megumi sortit de ses pensées et releva la tête vers Kenji qui la dévisageait du coin de l'œil.

Il fronça les sourcils et tourna complètement le visage vers elle afin de mieux la dévisager.

- Ça va ? Demanda-t-il, intrigué.

Megumi marqua un temps d'arrêt et le regarda d'un air interrogateur.

- Oui, pourquoi ?

Elle peina à empêcher sa voix de trembler et fit mine de continuer de plier les couvertures.

- Ça n'a pas l'air... marmonna-t-il.

« Non, tu ne pleureras pas ! »

- Si, ça va très bien !

Elle aurait voulu le frapper pour avoir osé lui poser cette question. C'était comme s'il avait appuyé sur le mauvais bouton.

Megumi posa la couverture pliée au sol, et au moment où elle s'apprêtait à saisir ses bottes, elle entendit les éclats de rire moqueurs d'Hayate depuis la fenêtre. Celui-ci s'amusait à taquiner des soldats à l'extérieur de l'auberge.

Tout allait visiblement très bien pour lui...

« Mais quel... !! »

Son indignation lui arracha des larmes et elle se mordit les lèvres pour contrôler leurs tremblements.

Elle ne voulait pas pleurer. Certainement pas pour un type pareil, mais ses yeux débordaient.

Les larmes coulaient à flot, elle ne pouvait plus les retenir ni les contrôler.

Elle lâcha ses bottes et cacha son visage derrière sa main pour étouffer ses sanglots.

Kenji la regarda sans rien dire pendant un instant, puis, il s'approcha d'elle et lui tapota maladroitement le dos.

- Comme si t'étais pas assez laide comme ça... marmonna-t-il, mal à l'aise.

Megumi lâcha un rire à travers ses sanglots, et le jeune homme continua de lui caresser le dos, en silence. Il n'était visiblement pas habitué à consoler les gens, mais sa présence était si réconfortante qu'elle ne parvenait plus du tout à reprendre le contrôle.

Elle avait l'impression de déborder, comme un vase bien trop rempli.

- Mais... qu'est-ce qui se passe ici ?! S'écria soudain Kyosuke en entrant en trombe dans la chambre.

« Ah mince !! Il faut que je me reprenne ! Je ne veux pas que ça aille jusqu'aux oreilles d'Hayate ! » paniqua-t-elle.

- SALE MIOCHE ! QU'EST-CE QUE TU LUI AS FAIT ?! Explosa-t-il en se jetant soudain sur Kenji.

- HEIN ?! MAIS RIEN DU TOUT ! S'écria-t-il en bondissant sur le côté pour l'éviter.

- TU TE FOUS DE MOI ?! POURQUOI ELLE CHIALE ALORS ?!

- MAIS BORDEL, J'EN SAIS RIEN !

- AH BON ?! Hurla-t-il, sarcastique. ELLE CHIALE COMME ÇA ? SANS RAISON ?!

« Oh la la...Bonjour la discrétion ! » grimaça-t-elle en jetant un regard vers la fenêtre.

- Non, mais Kyosuke, l'appela-t-elle en tentant de les séparer, c'est un malentendu, Kenji ne m'a rien fait !

- POURQUOI IL FUIT ALORS ?! Aboya-t-il. S'IL N'AVAIT RIEN À SE REPROCHER, IL N'AURAIT PAS BOUGÉ UNE OREILLE !

- Hein ? Tiquèrent-ils en chœur.

- Mais il a bougé parce que tu t'apprêtais à le cogner ! Le défendit-elle. Coupable ou pas, quel est le rapport ?! N'importe qui aurait fait pareil...

- N'ESSAYE PAS DE LE DÉFENDRE, ALORS QU'IL T'A FAIT PLEURER ! ÇA ME FOUT LA RAGE !!! Explosa-t-il en se jetant sur Kenji.

Aussi vif que l'éclair, le jeune homme évita le pied de Kyosuke qui fracassa l'armoire de la chambre.

« Non mais, il ne tourne pas rond lui non plus ! »

Megumi se rapprocha de la porte pour éviter de recevoir un coup perdu.

Les deux capitaines se battaient en se hurlant des injures qu'elle ne comprenait pas.

Et malgré la violence de la scène, elle ne put s'empêcher de les trouver comiques.

Alors elle se mit à rire... et réalisa tout à coup qu'elle avait cessé de pleurer.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ?! S'étonna Daisuke en entrant soudain dans la pièce.

Megumi sourit, sans lâcher le combat des yeux et lui répondit, rieuse :

- Mystère et boule de gomme...

Daisuke la regarda d'un air intrigué.

- Et « boule de gomme » ?

« Ah oui, c'est vrai... »

Elle pouffa de rire et secoua la tête.

- Non rien, oublie...

Elle rit de nouveau face à son regard perdu, puis elle reporta son attention sur les deux bagarreurs, et un sourire attendri étira ses lèvres.

Sa tristesse était à vif, mais elle se sentait si reconnaissante de les avoir dans son nouveau quotidien qu'elle aurait pu en pleurer de nouveau...

« Je les adore… »

 

 

* * *

 

 

- Tu n'as rien oublié ? S'enquit Daisuke.

Megumi franchissait le couloir de l'entrée pour rejoindre les autres.

Tous étaient prêts pour le départ, une longue marche les attendait.

- Oui. De toute façon, je n'ai rien à part ce que je porte sur le dos, lui rappela-t-elle.

- Ah, ton sac, je l'ai gardé, fit Kyosuke derrière elle.

Megumi se tourna vers lui et trouva son sac pendu à son épaule.

Avant son enlèvement, elle l'avait effectivement laissé près du camp.

- Je suppose que je peux toujours courir si je te demandais de me laisser le porter ?

Il avait beau être grand et fort, il portait tout de même un énorme sac sur le dos, en plus du sien et ses armes.

- Non seulement tu peux effectivement toujours courir, mais tu vas en plus devoir supporter l'idée de faire le voyage sur mes épaules.

- Ah mais là, pour le coup, c'est toi qui peux toujours cour...aaaaaaah !

Kyosuke la souleva joyeusement dans ses bras et la cala sur ses épaules.

- Non, non, tu ne vas pas me porter jusqu'à la fin du voyage, c'est hors de question ! S'indigna-t-elle en gigotant dans tous les sens.

- Je ne t'entends pas ! S'amusa-t-il en la maintenant sur lui.

- Tu te fiches de moi !? Fais-moi redescendre tout de suite !!

- Je ne t'entends pas ! S'obstina-t-il.

- Bon sang mais dis quelque chose, Daisuke !

Il lui fit un sourire désolé.

- Je regrette, mais ta cheville a enflé depuis hier justement parce que tu as trop forcé dessus...

- Mais... Mais pas tant que ça !

-Tu rigoles, j'espère ? Râla Kyosuke.

Elle grimaça avec impuissance.

Ils avaient raison, elle ne s'en était rendu compte qu'en enfilant de nouveau ses bottes avant le petit déjeuner.

Elle avait passé la journée et la nuit à cavaler malgré les recommandations du médecin.

Elle soupira de lassitude et accepta l'idée de rester un boulet encore une journée de plus...

- Allez, ne t'en fais pas, s'amusa Kyosuke en lui tapotant le pied. Tu me remercieras en me préparant de quoi me remplir l'estomac quand tu seras rétablie !

Megumi haussa les sourcils, un peu surprise.

- Si tu veux, mais... Il en faudrait au moins dix pour te rembourser.

- Va pour dix dans ce cas, rit-il en lui présentant son poing.

Megumi mit une seconde à comprendre, elle pouffa de rire et appuya son poing contre le sien pour sceller l'accord.

- C'est réglé dans ce cas, s'amusa Daisuke, visiblement soulagé avant de retourner à l'intérieur pour chercher les derniers hommes.

« Bon... ça me va dans ce cas. »

La jeune femme se sentait effectivement un peu moins mal en sachant qu'elle allait devoir concocter dix repas pour ce gorille, mais elle était néanmoins inquiète concernant la quantité qu'elle allait devoir préparer.

« Il doit manger pour vingt personnes au moins... »

Le cœur de Megumi rata soudain un battement lorsqu'elle croisa le regard d'Hayate.

Celui-ci venait de détourner les yeux et faisait à présent mine de discuter gaiement avec deux soldats.

Cela n’avait duré qu’un quart de seconde, mais elle en était certaine, elle avait bien croisé son regard...

Un jour plus tôt, elle se serait probablement emballée en le pensant jaloux de la voir si complice avec Kyosuke, mais à présent qu'elle avait cerné son personnage, elle ne se faisait plus d'illusion.

Hayate était un homme cruel, sans limite, sans principe et qui rejetait les femmes après les avoir obtenues.

Son cœur était brisé, elle aurait tout donné pour remonter dans le temps et ne l'avoir jamais suivi cette nuit-là, mais il était trop tard pour les regrets.

Elle allait devoir accepter sa défaite et avancer.

« Je ne m'abaisserai pas à continuer de soupirer après un homme qui m'a humiliée de la sorte. Je vais l'oublier et rapidement passer à autre chose ! »

Les types qui rejetaient les femmes après avoir couché avec elles étaient les pires. Combien d'autres femmes avait-il brisées avant elle ?

Elle le toisa avec un sourire sombre et mauvais, et lorsqu'il la regarda de nouveau, elle parvint difficilement à ne pas détourner les yeux.

« Je ne te laisserai pas faire de moi une épave, Hayate. Je vais m'en remettre ! »

« Je vais m'en remettre et être heureuse devant ta face. Ça sera la plus belle des vengeances ! »

Hayate la regarda d'un air indéchiffrable, puis son habituel sourire moqueur et irrésistible étira ses lèvres. Le cœur de Megumi rata un battement mais elle parvint à lui faire le même sourire sans se démonter.

Elle ne se ferait plus avoir, c'était terminé.

Quoi que lui dise son cœur, son cerveau avait repris les commandes et c'était bien mieux ainsi !

- C'est bon, on peut y aller, annonça Daisuke en sortant.

- Parfait, bailla Kyosuke.

Daisuke fit quelques dernières recommandations à Hayate, puis ils reprirent la route et Megumi fit la conversation à Kyosuke pour se retenir de jeter un dernier regard vers Hayate.

Elle en mourrait d'envie mais il en était hors de question. Il fallait qu'il croie qu'elle était déjà en train de l'oublier.

- Pourquoi tu te marres si fort ? S'étonna Kyosuke.

Megumi marqua un temps d'arrêt, puis elle soupira d'un air las.

Elle se sentait un peu ridicule...

- Pour rien... marmonna-t-elle. Laisse tomber...

Elle observait l'horizon tandis qu'ils quittaient le village et Megumi rougit, honteuse en voyant les habitants la regarder par leurs fenêtres avec curiosité.

Elle avait l'impression d'être une bête de foire.

- Ne boude pas, tête brûlée, s'amusa Daisuke. C'est pour ton bien.

- Oui, je le sais mais... j'ai l'impression d'être au milieu d'une parade, sur le dos d'un éléphant, c'est un peu la honte...

- C'est quoi une parade ? S'enquit Kenji en se tournant vers eux.

- C'est moi que tu traites d'éléphant ? S'énerva soudain Kyosuke.

- Ah parce que tu sais ce que c'est ? S'étonna Daisuke.

Kyosuke marqua un temps d'arrêt, puis il fronça les sourcils.

- Ah bah non, maintenant que tu le dis...

Megumi pouffa de rire et fixa le vide pendant un instant tandis que les autres la regardaient d'un air interrogateur.

- Je vous expliquerai tout un jour... leur promit-elle. Ah d'ailleurs, vous savez quand aura lieu la pleine lune ?

- La pleine lune ? S'étonna Daisuke en échangeant un regard avec Kenji. Aucune idée, ce n'est pas demain ?

- Ah, ce n'était pas hier ? Fit Kenji.

- Moi, je ne fais jamais attention à ce genre de chose... marmonna Kyosuke.

Megumi hocha distraitement la tête et fixa le vide pendant un instant.

En admettant que la pleine lune soit la nuit suivante, ils étaient bien trop loin de la plaine. Elle aurait pu s'y rendre. Elle était certaine que si elle leur demandait, ils seraient capables de faire ce détour, mais elle refusait de leur causer davantage de problèmes...

D'autant plus qu'ils devaient tous rentrer pour protéger Ilias. Akihoshi et sa place de commandant étaient sans arrêt menacés.

Était-elle donc condamnée à ne plus jamais rentrer chez elle ?

Avait-elle perdu pour toujours son quotidien, sa mère et sa meilleure amie Mayu ?

- Tu ne vas pas te remettre à chialer, non ? Râla Kenji en la toisant du coin de l'œil.

- Hein ? S'étonna-t-elle en sortant de ses pensées. Non, non, c'est que...

Elle hésita pendant un instant, puis son regard se perdit tristement dans le vide.

- Je viens juste de réaliser... que je ne rentrerai plus jamais chez moi.

 

* * *

 

 

« Aidez-moi ! Que quelqu'un m'aide ! »

Megumi suffoquait, son visage était bloqué sous l'eau, son cœur battait à cent à l'heure. Elle allait mourir !

Si elle ne respirait pas très vite, elle allait vraiment...

« De l'air ! De l'air ! Vite, vite ! Je vous en supplie ! »

Une ombre démoniaque ricanait dans son dos, en la tenant par la nuque, lui glaçant les veines...

« Lâchez-moi ! Par pitié ! »

Et lorsqu'elle parvint à trouver son agresseur du regard, elle réalisa qu'il ne s'agissait pas du grand blond comme elle l'avait pensé... mais d'Hayate.

Son rire était aussi terrifiant que celui d'un démon.

Il serra sa nuque un peu plus fort, la broyant dans sa main avant de la plonger de nouveau dans les profondeurs.

- Eh, Megumi ?

« Hein ? »

- Megumi ?

Elle fut vaguement consciente qu'une main lui pinçait doucement la joue, elle ouvrit les yeux et tressaillit en prenant soudain une inspiration avec soulagement, le cœur battant à mille à l'heure.

Elle était en nage et peinait à reprendre son souffle.

Il lui fallut quelques secondes pour remettre les pieds dans la réalité. Elle était toujours sur l’épaule de Kyosuke et le voyage pour rentrer n'était toujours pas terminé.

- Ah...Désolée, murmura-t-elle en se frottant l'œil, je me suis endormie sur ta tête...

- On s'en fiche de ça, marmonna-t-il, tu m'as fait flipper, j'ai eu l'impression que tu avais arrêté de respirer tout à coup...

- De respirer ? S'étonna-t-elle. Pendant longtemps ?

- Oui, quand même... Je dirais que tu avais au moins six ou sept inspirations de retard...

- Ah...

« Effectivement... »

Megumi revit cette main puissante la noyer dans la rivière.

Elle voyait le regard malfaisant d'Hayate qui la toisait, dans l'attente de la voir rendre l'âme...et elle s'empressa de chasser cette image de son esprit.

Il s'était passé tant de choses dernièrement que son cerveau avait visiblement du mal à tout trier correctement.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est rien... Je faisais seulement un cauchemar. On arrive bientôt ? S'enquit-elle pour changer de sujet.

- Mmh, encore une heure de marche, je pense, estima-t-il. On s'est arrêté un peu trop longtemps pendant le déjeuner.

- Ce n'est pas grave, il fait encore jour...

Pensive, elle leva les yeux au ciel, et chercha instinctivement la lune.

Étrangement, elle avait hâte de la voir.

Tant qu'elle n'était pas certaine qu'elle n'avait plus aucune chance de rentrer, elle savait qu'elle ne cesserait de se torturer l'esprit.

« Si jamais une nouvelle bille tombait du ciel, qu'est-ce que je ferais ? »

« Je partirais bien sûr... »

Évidemment qu'elle partirait...

Mais étrangement, il lui suffisait de penser à son gigantesque appartement vide pour en douter.

Certes, ce monde n'était pas le sien, mais depuis qu'elle vivait avec cette drôle de bande, elle n'avait plus eu le temps de se sentir seule...

Lorsque Daisuke l'avait retrouvée dans les bois, elle s'était sentie comme une fillette perdue, sauvée par son grand frère.

Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, pourtant, elle se sentait bien à leur côté. Elle se sentait protégée et entourée. Un peu comme une famille.

Celle qu'elle avait toujours rêvé d'avoir...

« Mais ce n'est pas ton monde ! Ce n'est pas chez toi ! »

« Si tu es condamnée à rester là, tu devras les quitter et vivre par tes propres moyens, quoi qu'il arrive ! »

C'était un lieu pour des hommes. Pour des soldats. Et elle était loin d'en être un...

Sans parler d'Hayate.

Elle ne pourrait pas supporter de vivre sous le même toit que lui...

« Bon sang, je ne sais plus quoi en penser... »

« Tout est si compliqué... »

Elle baissa le regard vers l'horizon et son regard trouva Kenji, qui marchait en tête. Il tremblait légèrement et semblait bien plus épuisé que les autres.

Megumi l'observa pendant un instant, et songea à sa blessure au ventre.

Cet idiot était censé rester couché pendant une semaine.

Il ne l'avait pas avoué mais Daisuke l'avait taquiné en insinuant que l'enlèvement de Megumi l'avait tant inquiété qu'il avait décidé de participer aux recherches malgré sa blessure.

Ils passaient leur temps à se chamailler et à se jeter des vacheries à la figure, alors même si cette idée la touchait, elle avait tout de même du mal à y croire.

« Enfin, ça ne change rien au problème. »

- Kenji ! L'appela-t-elle en criant.

Il se tourna vers elle, au loin, d'un air intrigué.

- Ça ne te dit pas de te reposer un peu sur les épaules de Kyosuke ? Proposa-t-elle.

- Mais hein ?! Sursauta Kyosuke.

- HEIN ?! QUOI ?! TU TE FOUS DE MOI ?! S'indigna Kenji en s'arrêtant net.

Les soldats continuaient d'avancer et baissaient la tête pour cacher leur fou rire. Ils se concentraient tous pour se contrôler, à part Daisuke qui ne se gênait pas pour s'esclaffer, le visage levé vers le ciel.

- Qu'est-ce que j'ai dit ? S'étonna-t-elle.

- Des conneries ! Râla Kyosuke.

- TU M'AS PRIS POUR QUOI ?! UN GOSSE !? Eclata Kenji. POURQUOI JE MONTERAIS SUR SES ÉPAULES ?!

- Mais pourquoi tu cries ? Marmonna-t-elle avec impatience. Je m'inquiétais juste pour ta blessure, alors...

- Je t'ai rien demandé, espèce de boule à boireau ! La coupa-t-il avec virulence. Le jour où j'aurai besoin de tes idées moisies, je te ferais signe !

 

 

- C'est toi le boireau, espèce de braillard, pesta-t-elle. Tu t'étonnes qu'on te prenne pour un gosse mais en attendant, tu es le seul qui chouine pour rien ici.

C'était le comble. Elle s'inquiétait pour lui, et au lieu de la remercier, il lui hurlait à la figure.

C'était totalement gratuit.

- De quoi ?! S'indigna-t-il.

- Tu as bobo au ventre, non ? Dit-elle avec sarcasme. Alors viens sur ses épaules et fais une sieste ! Tu brailleras moins après...

- QUOI ?!

- Même pas en rêve, fit Kyosuke sans hésitation.

- MAIS JAMAIS JE MONTERAI SUR TES ÉPAULES !! Explosa-t-il en rougissant de colère.

- Je te le dis au cas où, répondit-il en posant sur lui un regard blasé, j'ai cru voir une lueur d'hésitation dans tes yeux... alors je te le dis tout de suite, c'est non.

- MAIS JAMAIS DE LA VIE, T'ES MALADE OU QUOI ?!

Il était si rouge de honte et de rage que Megumi se mit à rire en chœur avec les autres.

Elle avait cru bien faire, mais elle comprenait à présent que son âge et sa virilité étaient les points faibles de Kenji.

Il démarrait au quart de tour à chaque fois qu'elle le titillait à ce sujet, volontairement ou non.

« Au moins, s'il m'embête, je saurai le faire enrager... »

- Ah, j'aperçois Ilias ! S'écria un soldat. Nous sommes presque arrivés !

 

* * *

 

Lorsque Megumi croisa le regard choqué et bouleversé d'Akihoshi, elle se sentit si coupable qu'elle aurait pu en pleurer.

Il avait visiblement passé des heures sombres à cause d'elle.

- Par l'Unique... souffla-t-il d'une voix tremblante en s'avançant vers elle.

Megumi tressaillit et écarquilla les yeux lorsqu'il la prit spontanément dans ses bras.

- Je me suis fait tellement... tellement de soucis ! Dit-il d'une voix remuée.

Le cœur brûlant, la jeune fille serra les dents pour contenir les larmes qui lui montaient aux yeux.

Il était clair que cet homme s'était véritablement inquiété pour elle.

Elle répondit à son étreinte, la lèvre tremblante.

- Je vais bien, commandant...

Il se redressa et saisit son visage entre ses mains avec douceur pour constater ses blessures.

- Bon sang... souffla-t-il, les larmes aux yeux en touchant les pointes de ses cheveux courts. Ma petite Megumi... Je suis tellement... tellement désolé. Tout est de ma faute.

- Hein ?! Mais pas du tout ! S'exclama-t-elle en saisissant ses coudes. Vous n'avez rien fait de mal ! C'est Akiyama, le responsable ! Vous ne faites que vous battre pour garder cette place qui vous revient de droit ! Vous n'avez rien à vous reprocher...

Le regard dévasté d'Akihoshi se perdit dans le vide pendant un instant.

- Me battre ? Murmura-t-il. À part laisser une petite fille se faire enlever, et mes hommes se faire tuer pour moi, je ne fais rien d'autre...

- Hein ? Sursauta-t-elle. Mais...

Il secoua la tête avec un sourire triste, puis il recula, avant de chercher le regard de Daisuke.

Les soldats étaient retournés vaquer à leur occupation.

Il ne restait plus que Kenji, Daisuke et Kyosuke devant l'entrée.

- Faites venir le médecin... Puis faisons une réunion. Je pense qu'il est temps de trouver une solution. Cette situation ne peut plus durer.

- Bien commandant... répondit Daisuke, hésitant, avant de tourner les talons.

Kyosuke et Kenji s'échangèrent un regard interrogateur.

Quelle était cette ambiance ?

Elle attrapa instinctivement Akihoshi par la manche alors qu'il retournait à l'intérieur.

Il se tourna vers elle, un peu surpris.

- Vous ne comptez pas... abandonner, non ? Murmura-t-elle.

Il la dévisagea pendant un instant, le regard torturé, comme si voir son visage boursoufflé et ses cheveux coupés de travers le confortait dans sa décision.

- Certains de mes hommes sont morts lors de l'attaque nocturne... Des types s'en sont pris à toi pour me faire céder, chuchota-t-il en détournant les yeux. Je ne veux plus jamais me sentir si coupable et démuni... Je ne veux plus voir personne souffrir !

- Mais... justement, c’est maintenant que vous devez vous accrocher et ne pas baisser les bras ! Vos hommes ont lutté pour vous défendre, et… J’ai tout fait pour échapper à Aku et l’empêcher de m’utiliser contre vous !

Il tiqua lorsqu’elle prononça le nom de leur ancien camarade. La nouvelle de sa trahison avait dû l’anéantir…

Lui plus que quiconque.

- Avez-vous donc subi toutes ces horreurs pour rien ? Continua-t-elle tout bas. Je vous en prie, armez-vous de patience, commandant ! Ne laissez pas tomber…

Il la regarda tristement, les épaules basses.

Il avait l’air si fatigué...

- Elle a raison, le vieux... marmonna Kyosuke, le regard sombre. C'est votre fardeau. Si vous abandonnez maintenant, vous seriez un lâche... une fois de plus.

Megumi fronça les sourcils et jeta un regard vers Kyosuke avant de regarder de nouveau vers le commandant.

Celui-ci fixait le capitaine dans les yeux, d'un air étrange...

Avec un mélange de culpabilité, de tristesse et de regret.

« Un lâche... une fois de plus ? »

- Vous avez raison, tous les deux, mais...

Il s'interrompit, le regard perdu dans le vide, puis il secoua la tête en souriant tristement.

- Bref, nous en reparlerons plus tard, lorsque vous aurez mangé et prit un bon bain... Vous devez être épuisés après toutes ces mésaventures.

Megumi aurait voulu le retenir, mais il repartait déjà, le dos courbé, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules...

La jeune femme le suivit tristement des yeux, avant de se tourner vers Kenji et Kyosuke qui étaient visiblement furieux de voir leur commandant baisser les bras.

- Ça va aller... Il a juste... le moral dans les chaussettes, murmura-t-elle avant de tourner les talons, ça va s'arranger...

- Dans les chaussettes... ? Drôle d'expression, fit Kyosuke, songeur.

Megumi se dirigea vers sa chambre en boitant, le regard perdu dans le vague.

Elle se sentait épuisée et lasse.

Après avoir été enlevée et maltraitée par son ancien ami et ses camarades, elle avait assisté à la pire séance de torture qui soit, puis elle avait offert sa première fois à Hayate pour être ensuite rejetée comme un vulgaire mouchoir usagé... et voilà qu'Akihoshi songeait à abandonner cette position que sa famille avait vaillamment défendu de génération en génération...

Elle ne savait plus comment gérer tout ceci dans son esprit. Elle se sentait si dépitée.

Elle ouvrit péniblement la porte de sa chambre et marqua un temps d'arrêt en pensant s'être trompé de pièce.

Mais non, c'était bien la sienne.

Sa commode simple et vide avait disparu pour laisser la place à une élégante table de toilette portant trois miroirs circulaires et six petits tiroirs.

Elle s'en approcha et toucha distraitement les deux brosses soyeuses avant de lever les yeux vers l'armoire assortie et le paravent, dans le coin de la pièce.

C'était à présent une vraie chambre de femme...

« Commandant... »

Elle étouffa un sanglot derrière sa main.

Elle se sentait si émue qu'elle avait l'impression de fondre sur place.

- Ta nouvelle installation te plaît ?

Megumi se tourna vers la porte et croisa le regard d'Akihoshi. Il la regardait depuis le seuil, un petit sourire triste sur les lèvres.

- Beaucoup, mais... dit-elle d'une voix tremblante. Je ne peux pas accepter.

- Si, tu le peux. Au moins le temps de ton séjour ici.

- Mais... je... hésita-t-elle. Je partirais forcément un jour, alors...

- Alors nous aviserons à ce moment-là, mais d'ici là, s'il te plait, laisse-moi au moins faire ça pour toi... Pour me faire pardonner.

Il se mordit la lèvre avec rage en s'inclinant profondément devant elle.

Elle ne l'avait jamais vu s'incliner devant qui que ce soit. Elle le regarda en retenant son souffle, surprise, avant de faire un pas vers lui.

- Non, relevez-vous, je vous en prie ! Il n'y a rien à pardonner, ce n'était pas de votre faute...

Il se redressa, le regard tourmenté et elle ajouta avec un sourire reconnaissant :

- Et j'accepte vos présents avec gratitude... Merci beaucoup, je suis vraiment heureuse...

Un petit sourire rassuré étira ses lèvres et il hocha la tête.

- Je te remercie... Repose-toi maintenant, tu dois être épuisée.

- C'est vrai... répondit-elle avec un sourire amusé pour détendre l'atmosphère. Je vais prendre un bain avant l'arrivée du médecin.

Il hocha la tête en la regardant avec un sourire attendri, puis il repartit.

Elle suivit des yeux son dos tristement courbé et essuya une larme qui lui avait échappé.

Cet homme était extrêmement touchant...

Megumi n'avait jamais connu son père. D'après sa mère, il les aurait abandonnées avant sa naissance, alors elle n'avait jamais eu l'occasion de savoir ce que cela faisait d'avoir un père au quotidien.

« En tout cas, si j'avais pu choisir le mien, j'aurais voulu un homme aussi gentil et attentionné que le commandant... »

Elle ouvrit les tiroirs de l'armoire en caressant le bois ancien, et découvrit stupéfaite que celle-ci était remplie de vêtements.

« Hein ?! »

« Il m'a carrément acheté une garde-robe ?! » s'étonna-t-elle en découvrant les tenues.

Elles étaient simples mais féminines, et le tissu était bien plus souple que ce qu'elle avait pris l'habitude de porter.

Elle soupira en souriant d'un air attendri, puis elle choisit une tenue au hasard et se rendit à la salle de bain.

Étrangement, plonger dans l'eau fraîche n'était plus aussi désagréable que la première fois. Elle se surprit même à pousser un soupir de soulagement en plongeant sa tête en arrière pour nettoyer son cuir chevelu.

Elle se frotta vigoureusement avec une brosse souple et un savon qu'elle avait trouvé sur sa coiffeuse, et lorsqu'elle se sentit enfin propre de la tête aux pieds, elle enfila sa tenue bleu clair neuve et laissa ses cheveux sécher à l'air libre, avant de retourner dans sa chambre en boitant.

Elle avait si mal à la cheville qu’elle peinait à poser son pied sur le sol.

Une fois revenue, elle referma la porte derrière elle et se laissa tomber sur le futon avec soulagement. Elle aurait voulu inaugurer sa coiffeuse mais elle n'en avait pas le courage, elle était si fatiguée...

Elle appuya sa tête contre son oreiller en soupirant d'aise, et se mit à somnoler tandis que le visage d'Hayate se dessinait dans son esprit.

Son cœur lui faisait mal à chaque fois qu'il surgissait, alors elle devait vite l'oublier, mais c'était instinctif...

Elle ne pouvait pas s'en empêcher.

Penser à lui était devenu aussi naturel que de respirer...

Toc toc toc.

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle ne rêvait pas et que quelqu'un avait bien frappé.

Elle sortit difficilement de sa somnolence.

- Entrez...

Elle se réveilla pour de bon lorsqu'elle reconnut la silhouette d'Eisuke.

Elle se redressa légèrement et croisa son regard indéchiffrable habituel.

Eisuke...

Elle était si heureuse de le revoir...

- Bonsoir, Megumi.

Elle cligna des yeux, un peu surprise par la froideur de sa voix.

- Bonsoir... murmura-t-elle, hésitante.

Il entra dans la pièce et posa une boîte sur le sol avant de s'asseoir près d'elle. Elle reconnut aussitôt son matériel de soin.

- J'étais en pleine patrouille lorsque j'ai su que tu étais rentrée, dit-il d'une voix blanche en préparant des bandages propres, le médecin d'Ilias s'occupe d'une famille malade alors... je suis désolé, mais tu vas devoir te contenter de mes soins jusqu’à demain.

- Ça me va... répondit-elle timidement.

En le voyant prendre soin des blessés après l'attaque, elle avait bien remarqué ses qualités de soigneur.

« Il a raté sa vocation... » se dit-elle en souriant.

Elle le dévisagea longuement tandis qu'il la débarrassait de son bandage au visage avec douceur.

L'ambiance était étrange.

Quelque chose clochait. Une tension sombre se dégageait de lui et il évitait clairement son regard.

Elle repensa à sa dévotion envers Akihoshi et songea tristement qu'il devait lui en vouloir.

C'était à cause de son enlèvement qu'Akihoshi songeait à partir...

Elle baissa tristement les yeux, le cœur lourd.

Elle le comprenait. Elle était la première à s'en blâmer.

Pourquoi cette sorcière l'avait-elle donc envoyée jusqu'ici ?!

Elle ne causait que des problèmes aux autres !

Elle soupira tristement tandis qu'Eisuke appliquait un onguent parfumé sur son œil gonflé.

- Il va vraiment... céder sa place au fils Akiyama ? Demanda-t-elle doucement.

- Ce n'est pas ton problème, répondit-il, cassant.

Elle tressaillit, et fixa le vide, surprise, tandis qu'un grand froid s'abattait sur sa poitrine.

Il marqua un temps d'arrêt, comme s'il venait de prendre conscience de ce qu'il venait de dire, puis, il reprit ses soins comme si de rien n'était.

Megumi serra la mâchoire et se contint pour ne pas pleurer...

Elle aurait voulu fondre en larmes et s'excuser pour tous les problèmes qu'elle avait causés, mais elle ne ferait que l'agacer.

Elle commençait à le connaître et elle savait pertinemment qu'il avait les pleurnicheuses en horreur.

Alors elle prit sur elle...

Difficilement.

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