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Akai ito
livre 1

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Chapitre 33

Lorsque Megumi ouvrit l'œil, à l'aube, elle se retrouva emprisonnée sous le poids d'une cuisse et d'un bras.

Une main s'était égarée dans ses cheveux et le souffle régulier d'un homme lui chatouillait le front.

Elle écarquilla les yeux, choquée, en se demandant comment diable elle était parvenue à s'endormir dans le lit d'Hayate ?

Le cœur sur le point d'éclater, elle retint son souffle en se retenant tant bien que mal de soupirer de bien-être.

Comment pouvait-il sentir si bon après une cuite pareille ?

Cette odeur la rendait folle. Elle pourrait la respirer pendant des heures...

« Bon sang, mais secoue-toi et sors de cette chambre ! » se fâcha sa raison.

Mais le soleil avait à peine commencé à se lever...

Elle pouvait bien rester encore quelques minutes...

Tiraillée entre son cœur et sa raison, Megumi observa son visage profondément endormi et se mordit la bouche pour contenir cet incontrôlable sourire qui lui brûlait les lèvres.

Elle ignorait pourquoi des milliers de papillons lui chatouillaient la poitrine de cette manière, elle ignorait aussi pourquoi son cœur battait si fort...

Car elle savait qu'à la seconde où il allait se réveiller, tout serait de nouveau comme avant.

Le Hayate vulnérable et touchant allait s'évaporer...

Pour laisser le véritable Hayate reprendre sa place, avec ses sarcasmes et ses méchancetés...

Il se pourrait même que le capitaine n'ait gardé aucun souvenir de cette nuit...

C'était même certain tant il avait abusé de l'alcool, mais c'était plus fort qu'elle.

Son corps chaud contre le sien, sa main dans ses cheveux, son visage contre son front... tous ces petits détails lui brûlaient le cœur.

Et il était si mignon lorsqu'il dormait. Si mignon qu'elle en oubliât même les raisons de sa haine.

Elle le contempla longuement et son regard s'arrêta sur ses lèvres, joliment ourlées.

Elle voulait tant les embrasser...

« Non, arrête ! »

Megumi baissa les yeux vers sa gorge pour fuir sa tentation, et fixa sa clavicule pendant un instant avant de s'en approcher pour le respirer.

« Mais bon sang, pourquoi suis-je dingue à ce point de son odeur ? » se demanda-t-elle en fermant les yeux de bien-être.

Était-ce lui qui sentait si bon, ou était-ce Megumi qui en était tout simplement accro ?

Soudain, Hayate émit un léger grognement et remua dans son sommeil avant de l'attirer tendrement contre lui.

Megumi sentit son cœur s'arrêter et s'affoler de plus belle lorsqu'il posa un doux baiser près de son oreille.

« Oh mon Dieu... »

« OH MON DIEU ! »

Tout son corps avait viré au rouge tant ce geste tendre tombait de nulle part.

Son cœur allait exploser, elle peinait à respirer...

- Tu es réveillée ? Chuchota-t-il d'une voix endormie. Naoko chan ?

Silence.

Le choc fut si violent que Megumi en eut une brutale envie de vomir.

Elle fixa un point devant elle, sans vraiment le voir, tandis qu'un grand froid lui gelait le corps tout entier.

« Et voilà... »

« Tu l'as encore laissé faire... » la nargua sa raison.

« Je t'avais pourtant prévenue... »

Elle n'en revenait pas.

Elle n'avait pas rêvé...

Il l'avait appelée Naoko !

Megumi s'attendait à devoir contrôler une énième envie de pleurer, mais plus les secondes s'écoulaient, plus elle sentait au contraire un vide l'envahir.

Elle se sentait étonnamment calme, malgré les circonstances.

C'était comme si le capitaine avait franchi la limite qu'elle s'était fixée sans le savoir.

Elle pensait pourtant l'avoir franchie depuis longtemps.

« Il faut croire que non » se dit-elle en réprimant un soupir.

Megumi avait de puissants sentiments pour lui, c'était indéniable, mais en admettant qu'il veuille un jour d'elle... cet homme ne la rendrait jamais heureuse.

Elle en était certaine.

Même s'il décidait de faire d'elle sa femme, il passerait sa vie à la tromper. Il était bien trop volage...

Et de toute façon, il avait été clair avec elle.

Elle n'était qu'un jouet pour lui...

Ce n'était que de la baise.

Cette phrase lui arracha un frisson.

Elle ferma tristement les yeux et songea qu'elle serait sacrément idiote de persister avec lui, alors qu'un homme parfait tel qu'Eisuke attendait sa réponse...

« Mon Dieu, Eisuke ! » réalisa-t-elle en ouvrant brusquement les yeux.

S'il savait qu'elle avait passé la nuit avec lui, il en souffrirait probablement. Elle devait à tout prix s'en aller avant d'être vue !

Megumi retint son souffle et se libéra du poids de sa cuisse, puis de son bras, avec précaution pour ne pas le réveiller, puis elle se glissa hors du futon et marcha sur la pointe des pieds, jusqu'à la porte menant au couloir intérieur.

Elle avait bien trop peur que des gardes ne la voient sortir par la porte menant au jardin.

Elle bloqua de nouveau sa respiration et ouvrit la porte avec une grimace avant de sortir avec précaution.

Et alors qu'elle refermait la porte derrière elle, Megumi crut voir un sourire sardonique sur le visage d'Hayate.

Elle marqua un temps d'arrêt et fixa la porte close en se demandant si elle n'avait pas rêvé.

Elle aurait voulu l'ouvrir de nouveau pour s'en assurer mais elle ne pouvait pas traîner dans ce couloir trop longtemps. Elle devait regagner rapidement la cuisine avant de croiser quelqu'un.

« Bah, j'ai dû rêver. Il dormait comme une souche... »

Le bois grinçait légèrement mais si personne ne se levait, cela devrait aller.

Ce ne fut que lorsqu'elle arriva enfin au niveau de la cuisine qu'elle réalisa qu'elle n'avait pas respiré depuis qu'elle avait quitté la chambre.

Elle appuya la main contre sa poitrine avec un soupir soulagé, puis elle posa les yeux sur le plan de travail et décida de commencer à préparer le petit déjeuner.

De toute façon, il était trop tard pour retourner dormir.

Elle ignorait qui était de corvée ce matin-là, mais cela n'avait pas d'importance, ils mangeaient chaque matin la même chose : un bol de riz enseveli sous d'épaisses tranches de fruits gorgés d'eau.

Elle n'aurait jamais pu imaginer que l'on puisse préparer le riz de cette manière, mais elle devait admettre que c'était délicieux.

Elle nettoya le riz avant de lancer la cuisson, et lorsqu'elle commença à couper les fruits, elle chassa les images d'Hayate de son esprit, en secouant la tête avec mauvaise humeur.

Elle ne voulait plus penser à lui. Elle en avait assez.

Assez d'être prise pour un yoyo !

Elle avait l'impression d'être baladée dans sa main depuis bien trop longtemps et il était temps que cela change.

Hayate n'était pas pour elle.

Et elle n'était pas pour Hayate.

C'était aussi simple que cela.

Elle allait se le répéter chaque matin, en espérant parvenir un jour à convaincre son cœur.

- Bah, qu'est-ce que tu fous là ?

Megumi sortit de ses pensées et se tourna vers Kenji qui entrait dans la cuisine en se grattant le ventre, le visage endormi.

- Tu le vois bien, non ? Je fais le petit déjeuner. C'était ton tour ce matin ?

- Ouais, avec... Eisuke, je crois, bailla-t-il à s'en décrocher la mâchoire. Je vais retourner dormir alors...

- C'est ça, oui, pouffa-t-elle en posant un grand bol de fruits devant lui. Allez au travail !

- Comment ça « au travail » ?! La singea-t-il avant de saisir un fruit et un couteau. Tu te prends pour la patronne de la maison maintenant ?!

- Allez, coupe ! S'amusa-t-elle.

- Ne me donne pas d'ordre, merde !!

 

* * *

 

Megumi était seule derrière le comptoir alors qu'un jeune client faisait son entrée en baillant paresseusement.

La jeune femme sentit la pression monter et jeta des coups d'œil angoissés vers l'arrière-boutique en espérant voir le patron revenir bientôt.

Mais il semblait encore occupé à ranger la réserve de la cave.

« Pourvu que le client ne me demande rien de compliqué... »

- Bonjour monsieur, le salua-t-elle avec un grand sourire pour cacher son stress.

Comme s'il venait brusquement de se rendre compte de sa présence, il quitta rapidement sa somnolence et rougit en balayant la boutique du regard.

- B... Bonjour, bégaya-t-il. Monsieur Yamamoto n'est pas là ?

- Ah, il est dans l'arrière-boutique, voulez-vous que je l'appelle ?

- Euh non, non, balbutia-t-il en rougissant de plus belle. C'est juste que... je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un d'autre en entrant et... enfin, pardon, oubliez, je ne suis pas encore bien réveillé... soupira-t-il, mal à l'aise en posant une feuille de papier devant elle.

Le jeune homme devait avoir environ son âge, pourtant, avec ses cheveux noirs ébouriffés et son air intimidé, il avait un air si juvénile qu'il semblait avoir à peine quinze ans.

- J'aurais besoin de passer commande, s'il vous plait. Nous sommes à court de stock au restaurant...

- Bien sûr, nous allons vous préparer cela, accepta-t-elle avec un sourire.

- Si je reviens avant la fermeture, ça ira ?

- Oui, c'est parfait ! Dit-elle en vérifiant la liste.

À vue de nez, ils avaient ce qu'il fallait pour préparer la commande du jeune client.

- Bon... À tout à l'heure, alors, dit-il d'une voix hésitante.

Megumi lui souhaita une bonne matinée et le client lui jeta des coups d'œil furtifs jusqu'à l'extérieur du magasin.

« Je suppose que voir une femme travailler doit vraiment être très surprenant, ici... » s'amusa-t-elle intérieurement en le voyant se tordre le cou pour continuer de la regarder.

- Enfin, ils finiront bien par s'habituer, songea-t-elle en attrapant une boîte pour commencer à préparer la commande.

Certains noms de la liste lui étaient étrangers, alors elle les laissa de côté et se concentra en premier sur ceux qu'elle connaissait déjà.

- Tout va bien ? S'enquit soudain le patron en revenant avec une cagette remplie de plantes fraîches.

- Ah oui, je n'ai eu qu'un client depuis que vous êtes descendu. Je dois préparer cette commande, mais je ne suis pas très sûre pour certains produits...

Yamamoto attrapa la liste et lui expliqua à quoi correspondaient les produits en question, tout en lui apprenant leur utilité. Les explications du vieil homme étaient toujours trop longues, mais Megumi s'efforçait de rester attentive.

Pendant son entretien, elle lui avait assuré qu'elle apprenait vite, alors elle devait assurer.

Le reste de la matinée se passa sans encombre. Ce n'était que sa deuxième journée mais Megumi commençait déjà à se sentir à l'aise.

Il y avait beaucoup de choses à faire. Elle était si occupée qu'elle n'avait plus le temps de penser.

Cela tombait plutôt bien, elle n'avait justement pas envie de penser...

Elle voulait vite oublier ce qui s'était passé la nuit dernière.

Les mains possessives et suppliantes d'Hayate sur elle, sa voix rauque, son odeur...

Et elle voulait surtout éviter de réfléchir à l'identité de cette « Naoko-chan » !

Cela ne la concernait pas et elle n'avait, de toute façon pas besoin de le savoir.

Elle se sentait lasse, épuisée et blasée. Elle en avait assez.

Assez de cette situation et de ce petit jeu sadique qu'il avait instauré.

Et elle n'avait plus l'énergie d'en supporter davantage, alors sa décision était prise. C'était la dernière fois qu'elle se montrait faible devant lui. Elle ne voulait plus lui laisser la moindre occasion de la blesser.

Si cet homme était du genre destructeur…

« Alors qu'il continue de se détruire lui-même ! »

Cela n'avait plus d'importance…

« Hier, j’ai culpabilisé par rapport à ses parents, et je me suis laissée attendrir ! Cela ne se reproduira plus ! »

Soudain, la clochette retentit, annonçant l'arrivée d'un client.  Elle se retourna pour l'accueillir, et un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle reconnut le client de ce matin.

Il s'avançait timidement vers elle, le regard fuyant en se grattant nerveusement la tête.

- Je... Je viens chercher ma commande.

-  Oui, elle est prête ! Veuillez patienter un instant, s'il vous plait, dit-elle en s'avançant vers l'arrière-boutique pour aller chercher la boîte.

Monsieur Yamamoto était installé sur son atelier et préparait une mixture dont elle ignorait encore le nom.

Elle attrapa la boîte en silence pour éviter de le déranger, et retourna derrière le comptoir de la boutique tandis que le client sortait son argent.

Il n'avait cessé de la dévisager la première fois qu'il l'avait vue, mais il semblait à présent ne plus vouloir croiser son regard.

« Étrange garçon » songea-t-elle.

Il régla ses achats et saisit la boîte en marmonnant des remerciements, avant de tourner les talons.

Megumi lui souhaita une bonne journée et réalisa à l'instant où il avait quitté la boutique qu'il avait oublié sa bourse.

- A... Attendez ! L'appela-t-elle en s'élançant vers la porte d'entrée. Monsieur ?!

Le jeune homme sursauta et se tourna vers elle en rougissant comme une tomate.

- Qu... Qu'y a-t-il ?! Bégaya le client.

- Vous avez oublié votre portefeuille... Enfin votre bourse ! Se reprit-elle.

Il haussa les sourcils avec surprise avant de s’avancer vers elle d'un air paniqué.

- Ah, je suis désolé ! Pardon de vous avoir dérangé !

- Mais non, vous ne m'avez pas du tout dérangé, s'amusa-t-elle. Mais prenez garde à ne pas la perdre en chemin !

- Oui, bien sûr, je ferai attention ! Merci encore, vous êtes vraiment très belle ! Euh gentille, je veux dire !! Se reprit-il à toute allure, aussi rouge et paniqué que jamais. Gentille ! Vous êtes vraiment très gentille !

Un peu surprise, elle sourit et lui rendit la bourse d'un air attendri.

« Il ressemble vraiment à un petit garçon... »

- Soyez prudent, je vous souhaite une excellente journée.

- M... Merci, vous aussi !

Il tourna les talons en marmonnant dans son châle, visiblement honteux et furieux contre lui-même.

Megumi le suivit des yeux en riant discrètement et alors qu'elle s'apprêtait à retourner dans la boutique, elle remarqua brusquement qu'Eisuke était adossé contre la façade.

Elle sentit son cœur manquer un battement et se mit brusquement à rougir comme une tomate.

Depuis combien de temps était-il là ?

- Vice-com... Euh Eisuke ? S'étonna-t-elle en bégayant. Que faites-vous là ?!

- Je suis venu te chercher, répondit-il simplement, le visage froid comme à son habitude.

- Ah... Oui, j'ai bientôt terminé. Je dois juste ranger un peu.

- Prends ton temps.

Megumi retourna à l'intérieur en lui souriant, mais il détourna sèchement le regard...

« Hein ? »

La jeune femme referma la porte en lui jetant des coups d'œil interrogateurs.

« C'est moi ou... il est de mauvaise humeur ? »

Elle songea soudain à la nuit qu'elle avait passé avec Hayate et son cœur manqua un battement.

« Purée… J’espère qu’Hayate n’a pas ouvert sa bouche !! »

 

 

* * *

 

 

Le silence était incroyablement pesant. Megumi avait tenté tant bien que mal de détendre l'atmosphère en lui racontant sa matinée, mais Eisuke était aussi glacial qu'un mur et ne lui répondait que par « oui » ou « non » sans chercher à alimenter la discussion.

Il semblait perdu dans des pensées moroses et Megumi aurait payé cher pour savoir à quoi il pouvait bien songer.

Elle l'avait pourtant vu ce matin-là, avant que Kenji ne l'accompagne à la boutique, et il n'avait pas été aussi taciturne...

Il s'était passé quelque chose. Mais quoi ?

« C'est sûr, Hayate lui a tout raconté... »

Elle ne voyait pas d'autre explication !

Peut-être même qu'il en avait rajouté pour faire son malin. Cela lui ressemblait bien…

« Ah purée, j’ai fait une de ces conneries, encore... »

Elle regrettait amèrement de s'être laissé ainsi attendrir par le ton suppliant d'Hayate.

« Eisuke ne voudra plus de moi, après ça... »

« Bon sang ! »

« Si seulement, je pouvais revenir en arrière... »

Megumi se mordit la lèvre pour l'empêcher de trembler et attrapa Eisuke par la manche, un peu sans réfléchir.

Il tressaillit et se tourna vers elle en la regardant d'un air interrogateur.

- Excusez-moi, mais... Vous avez à peine dit deux mots depuis que nous sommes partis, alors... S'il vous plait, je préfère que l'on me dise directement les choses, murmura-t-elle. Si vous avez quelque chose à me reprocher, je vous en prie, dites-le-moi...

Une lueur de surprise passa sur son visage glacial, il la dévisagea sans rien dire pendant un instant, puis il soupira en détournant les yeux d'un air contrarié.

- Je n'ai rien à te reprocher, Megumi... dit-il doucement. Pardonne-moi, je ne voulais pas t'inquiéter...

Megumi se sentit un peu soulagée et son cœur s'emballa de nouveau lorsqu'il baissa les yeux vers la main qui le retenait.

Gênée, elle le relâcha et leurs doigts se frôlèrent avec douceur.

Elle rougit et il regarda ailleurs.

- Je suis juste... un peu contrarié, admit-il après un silence.

« Ah ? Il y a donc bien quelque chose, je ne suis pas folle ! »

- À cause de moi ? Demanda-t-elle d'une toute petite voix.

Peut-être que sa colère n'avait rien à voir avec elle, après tout.

Elle l'espérait intérieurement de tout son cœur.

Le vice-commandant fixa un point devant lui, et sembla hésiter à lui répondre.

- Non. Du moins pas directement... dit-il avant de soupirer. En fait... Non rien ! Oublie, c'est si ridicule que j'en ai honte...

- Hein ? Mais non, dites-le-moi ! Insista-t-elle en le suivant tandis qu'il reprenait la marche. Vous en avez trop dit ! Je dois savoir maintenant !

- Mais c'est bien trop ridicule... marmonna-t-il en rougissant. Et je ne veux pas t'effrayer en me montrant déjà si possessif...

- « Possessif » ? C'est à dire ? S'affola-t-elle en se dressant devant lui pour le forcer à s'arrêter.

« Oh mon Dieu, j'en étais sûr !! Ce sale type lui a tout dit ! »

- Eisuke, dites-le-moi, il faut que je sache maintenant, sinon, je...

- Mais puisque je te dis que c'est ridicule... marmonna-t-il gêné en regardant ailleurs, les joues rouges. J'étais juste un peu contrarié à cause... de ton client, avoua-t-il, tout bas.

Silence.

« Hein ? »

Megumi le regarda en clignant des yeux sans comprendre.

Il lui fallut un bon moment pour comprendre de qui il parlait...

- Comment ça ? Vous parlez du garçon qui avait oublié sa bourse ?

Eisuke rougit de plus belle en la fuyant du regard.

- Ne me dites pas que... ça vous a rendu jaloux ?

Megumi rougit comme une tomate en voyant le regard dur d'Eisuke fouiller honteusement le sol.

- Je t'avais prévenue que c'était ridicule...

La jeune fille marqua un temps d'arrêt, puis n'y tenant plus, elle pouffa de rire et il se raidit légèrement.

- Voyons Eisuke, ce garçon n'était qu'un client. C'était la première fois que je le voyais de ma vie... s'amusa-t-elle, attendrie.

- Certes, mais il m'a semblé particulièrement troublé par ta présence...

- Il n'était juste pas habitué à voir une femme travailler en boutique, c'est tout, rit-elle. Il n'y a rien d'autre.

Il n'avait guère l'air convaincu.

- Et même si c'était le cas. De quoi avez-vous peur ?

Il secoua la tête et soupira d'un air fatigué, comme s'il réalisait peu à peu qu'il se torturait l'esprit pour trois fois rien.

- Tu as raison... Excuse-moi. C'était vraiment puéril.

Elle secoua la tête, amusée :

- Ne vous en faites pas pour ça. Il n'y a pas de mal. Et pour être franche, ça me flatte même un petit peu...

La jeune femme leva un regard rieur vers lui et pouffa de rire, un peu intimidée.

Eisuke la dévisagea pendant un instant, et son regard se voila étrangement. Il semblait de plus en plus troublé.

D'un geste doux, il leva la main et la débarrassa d'une feuille qui s'était égarée dans sa chevelure.

Surprise, elle tressaillit et le regarda en rougissant, le cœur battant à se rompre tandis que sa main se figeait net au-dessus d'elle, comme si la voir étonnée lui avait fait réaliser à quel point il avait été familier.

- Pardon... murmura-t-il en rougissant.

Il avait des réactions si pures, parfois…

C’était rafraichissant.

Et elle en avait tant besoin ces derniers temps...

L'émotion lui étreignit chaudement le cœur et lui serra la gorge.

C’était un sentiment si agréable.

Et tout à coup, elle sentit comme un déclic se faire en elle.

Eisuke.

Eisuke...

C'était décidément cet homme qu’il lui fallait.

Il incarnait ce que son cœur avait toujours désiré. Sans parler de son incroyable physique, il était gentil, doux, timide, sérieux, et surtout, c'était un gentleman.

Il n'avait rien à voir avec ce rustre qui lui avait dérobé son innocence, sans état d'âme...

Eisuke était son exact contraire, et elle savait qu'un homme comme lui ne lui ferait jamais de mal.

Le regard perdu dans le sien, il saisit sa main avec douceur, ses doigts sur sa paume la caressaient avec légèreté, la faisant frissonner.

Cette tendresse était si réconfortante...

- Tu as froid ? Demanda-t-il à voix basse. Ta main est glacée...

- Un... Un peu, répondit-elle, intimidée.

- Nous devrions nous hâter de rentrer, dans ce cas... murmura-t-il.

Pourtant, il ne faisait aucun mouvement pour repartir.

Son regard tourmenté la dévisageait toujours aussi intensément.

- Megumi...

Il avait murmuré son nom avec tant de douceur que sa voix avait caressé ses oreilles, telle une brise.

Ses mains fraîches saisirent son visage avec délicatesse et Megumi attrapa doucement ses poignets en levant un visage bouleversé vers le vice-commandant.

Allait-il l'embrasser ?

Son regard brillait de convoitise, et Megumi se demanda soudainement s'il était correct de le laisser faire, alors qu'elle venait de passer la nuit dans les bras d'un autre.

Elle se sentait totalement chamboulée et perdue.

Que devait-elle faire ?

Certes, elle en était certaine à présent, malgré ses sentiments étranges pour Hayate, c'était Eisuke qu'elle voulait, mais était-ce sain de se laisser aller avec le vice-commandant, alors qu'elle n'avait pas encore « intérieurement » tout réglé ?

Elle n'arrivait plus à réfléchir, elle se sentait perdue....

- Megumi... Pardonne-moi, je t'avais dit que je t'attendrai, mais...

Il appuya son front contre le sien d'un geste doux, la mâchoire contractée.

- Et je sais que… ce que je suis en train de faire n'est pas correct, mais... J'ai tellement envie de t'embrasser...

Megumi rougit jusqu'à la racine des cheveux, et écarquilla les yeux, ébahie par cette soudaine franchise.

Eisuke décolla son front du sien et baissa les yeux vers ses lèvres avant de s'empresser de fermer les paupières, comme s'il venait soudain de reprendre ses esprits.

- Pardon... soupira-t-il, fatigué. J'ai perdu momentanément l'esprit...

Megumi resserra ses mains autour de ses poignets pour garder ses paumes contre ses joues et Eisuke plongea son regard surpris dans le sien.

La jeune femme ignorait si elle avait pris la bonne décision. Il aurait été peut-être plus raisonnable d'attendre un peu, mais elle n'avait plus envie de se poser de question...

Lorsqu'elle voyait ce visage, si froid d'ordinaire, fondre comme neige au soleil simplement en la regardant, elle avait envie d'y croire.

Elle avait envie de leur donner une chance.

« De toute façon, je n'ai rien à perdre, bien au contraire... »

Comme s'il avait lu dans ses pensées, un petit sourire heureux se dessina sur ses lèvres, et sa bouche chercha doucement la sienne.

La sensation était agréable, même troublante.

Sa chaleur l'enveloppait comme un manteau de laine, elle soupira d'aise et répondit à son étreinte lorsqu'il relâcha son visage pour l'enlacer avec tendresse.

Le baiser d'Eisuke était chaste, et respectueux. Il la serrait contre lui avec beaucoup de douceur, comme par peur de la briser.

Jamais encore, Megumi ne s'était sentie si précieuse dans les bras de quelqu'un.

En comparaison, la façon qu'avait Hayate de l'enlacer était bien plus féroce, intense et brutale. Comme obsédé par l'idée d'éteindre son propre désir.

Cet homme était l'égoïsme incarné.

C'était si différent dans les bras d'Eisuke. Megumi se sentait sincèrement aimée.

Et lorsqu'il déposa un baiser sur son front avant de l'étreindre avec douceur, elle sut qu'elle avait fait le bon choix.

Il allait assurément la rendre heureuse, et elle allait tout faire pour lui offrir le même bonheur.

- Ce que je fais n'est vraiment pas convenable... soupira-t-il sans pour autant la relâcher.

Megumi sourit en le serrant plus étroitement contre elle.

- Pourtant, vous continuez... le taquina-t-elle.

- Parce que je peine à reprendre mes esprits. Je suis si heureux que mon cœur bat à tout rompre...

Le cœur de Megumi se ramollit, elle sourit comme une idiote en soupirant d'aise.

- Moi aussi, je suis heureuse... Même si je ne réalise pas encore tout à fait ce qui se passe, pouffa-t-elle.

- Moi non plus...

Eisuke se redressa pour la regarder, puis ses lèvres cherchèrent de nouveau les siennes, un peu moins intimidées cette fois.

Ses mains froides sur ses joues et sa nuque lui donnaient la chair de poule, elle se sentait si bien...

- Alors... chuchota-t-il, le nez contre le sien. Si je comprends bien... Tu acceptes de me laisser une chance ?

« Mon Dieu, ce qu'il est mignon ! »

- À condition que vous acceptiez de m'en laisser une aussi... répondit-elle en souriant.

Il sourit à son tour et lui caressa la joue d'une main.

- J'accepte, chuchota-t-il. Mais à partir de maintenant, j'aimerais que tu me tutoies...

Elle haussa les sourcils, un peu surprise.

Il était l'un des seuls qu'elle continuait encore de vouvoyer, et elle savait d'avance qu'elle allait avoir du mal à s'en défaire.

- Bien, murmura-t-elle en rougissant, je vais... te tutoyer, alors. (Elle pouffa de rire) Ha ha, ça me fait un peu bizarre !

Il déposa un dernier baiser sur son front avant de se décider à la relâcher en souriant.

- Cela faisait un moment que je voulais te le demander, lui confia-t-il en reprenant la marche. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais le seul que tu continuais de vouvoyer, avec le commandant.

- Ah, c'est juste que vous... Euh, tu m'impressionnes beaucoup, alors j'avais un peu de mal à prendre mes aises.

- Je t'impressionne ? répéta-t-il, intrigué.

- Oui, tu as un charisme... de chef, en quelque sorte, lui expliqua-t-elle en rougissant. Tu dégages une aura qui force l'admiration, donc le vouvoiement vient instinctivement. En tout cas, pour ma part...

Il rougit et observa le sol pendant un instant, visiblement quelque peu flatté.

- Je vois... Je pensais que tu cherchais volontairement à instaurer une distance entre nous deux.

- Ah ? Non, pas du tout. Cela ne m'est jamais venu à l'esprit...

Il la regarda du coin de l'œil et lui fit un petit sourire si doux que Megumi se mit à rougir de nouveau.

La façon dont il la regardait...

Il avait l'air de planer de bonheur.

« Il a l'air froid au premier abord, mais en réalité, il est tellement mignon et chaleureux... »

« Il va vraiment falloir que je fasse attention à ne pas le blesser. Je vais tout faire pour le rendre heureux et l’aimer à la folie ! »

- Nous sommes arrivés, je te laisse ici, je dois rejoindre mes hommes en ville, lui dit-il.

- Très bien. Merci beaucoup de m'avoir raccompagnée...

- Je t'en prie. N'en fais pas trop à l'entraînement. Tu as besoin de repos.

- Ha ha, oui, ne t'inquiète pas...

Il la couva avec tendresse et pressa sa main dans la sienne avant de la relâcher avec regret.

Megumi le regarda tourner les talons et lui fit signe lorsqu'il jeta un regard en arrière.

Puis encore un autre...

Des papillons lui chatouillaient la poitrine en croisant son regard heureux, et elle pouffa comme une idiote en franchissant la petite porte du domaine.

Enfin, elle s'était décidée.

Elle avait choisi de tirer un trait sur Hayate, afin de se consacrer à Eisuke.

Cela s'était décidé un peu sous l'impulsion du moment, mais ce n'était pas plus mal. Ils avaient fait bouger les choses, et elle était à présent positionnée sur Eisuke.

Cela signifiait qu'il était désormais hors de question de laisser Hayate continuer son petit jeu.

Elle allait devoir lui parler et mettre un terme définitif à cette relation bizarre qui s'était instaurée entre eux.

Déterminée à régler la situation rapidement, Megumi salua brièvement Akihoshi et les autres en passant par la zone d'entraînement, puis elle entra dans la demeure en espérant l'y trouver.

Étant donné sa cuite de la veille, il devait encore être en train de dormir.

Son cœur commença à s'emballer et à se serrer d'angoisse tandis qu'elle s'approchait de sa chambre.

La peur lui nouait le ventre à l'idée de l'affronter, mais elle allait devoir se montrer courageuse.

Pour Eisuke, mais aussi et surtout pour elle-même.

Elle marqua un temps d'arrêt en se retrouvant devant sa porte, puis, elle prit une inspiration et frappa avant d'ouvrir avec précaution.

Son cœur battait de plus en plus fort, il allait éclater...

Et le soulagement fut étrangement intense lorsqu'elle se retrouva devant une chambre vide.

Le futon était toujours défait, et traînait négligemment au milieu de la chambre, mais aucune trace du capitaine.

Intriguée, elle entra en songeant qu'elle le trouverait peut-être derrière la porte menant aux jardins.

Mais après un rapide regard dehors, elle referma derrière elle, perdue entre la frustration et le soulagement.

« Bon, eh bien... Tant pis, je lui parlerai plus tard. »

- Tiens, tiens... Quelle surprise !

Megumi sauta au plafond et se retourna en poussant un petit cri de stupeur.

Hayate était sur le seuil de la porte, dans une posture paresseuse, et la couvait d'un air malicieux...

Ses cheveux relâchés et humides dégoulinaient d'eau.

Des gouttelettes cascadaient sur son torse nu puissamment musclé.

Une simple serviette cachait le bas de son corps.

Il sortait visiblement du bain.

- Purée, mais tu es complètement fou !! S'étouffa-t-elle en s'empressant de se cacher les yeux. Qu'est-ce que tu fais dans cette tenue ?! Espèce de pervers !

- Moi, pervers ? S'amusa-t-il en se dirigeant vers sa commode. Ne serais-tu pas en train d'inverser les rôles, Megu chan ? C'est toi qui a profité de mon absence pour venir dans ma chambre et respirer mes draps...

- Je n'ai jamais fait ça !! S'indigna-t-elle en le cherchant des yeux, avant de vite regarder ailleurs.

Il avait laissé tomber sa serviette et enfilait tranquillement le haut de son ensemble.

Elle se mordilla la lèvre en rougissant comme une tomate, puis elle jeta un ultime coup d'œil furtif vers lui avant de vite se reprendre en s'insultant.

Non, il n'était pas diablement sexy !

Non, les muscles de son bas-ventre et de son dos n’éveillaient aucune pensée répugnante en elle !

Non, ses cheveux mouillés contre sa peau n'avaient rien d'érotique !

Non, son odeur ne lui donnait pas du tout d'idées !

Non, elle n'avait pas envie de lui !

Et non, non et non, elle n'allait pas se jeter sur son futon en le suppliant de la prendre, nom de Dieu !! Et puis quoi encore ?

Son cœur battait à tout rompre, elle n'avait pas les idées claires.

Elle allait se reprendre et vite !

Elle ferma les yeux et se concentra sur le visage heureux d'Eisuke.

Cette vision parvint à refroidir quelque peu ses ardeurs.

- Je suis venue... Pour te parler, dit-elle d'une voix étonnamment maitrisée malgré le tremblement de ses mains.

- Pour me parler ? Dit-il d'un ton léger. Ça doit être important pour que tu viennes jusque dans ma chambre...

- Oui, ça l'est, lui assura-t-elle.

- Eh bien, je t'écoute Megu chan.

- Non, après.

- Quand après ?

- Lorsque tu seras décent...

Il pouffa de rire.

- Ah, quelle entêtée tu fais, railla-t-il. On le sait tous les deux que tu brûles d'envie de te retourner...

- Arrête de rêver ! S'exclama-t-elle. Bon, tu es habillé ?

- Tu n'as qu'à vérifier, la taquina-t-il.

Megumi soupira en portant sa main à son front.

Elle se sentit soudain si lasse et épuisée qu'elle se mit à rire nerveusement, sans trop savoir pourquoi.

« Celui-là alors..., il va finir par me rendre chèvre ! »

Elle se reprit tant bien que mal et attendit encore quelques secondes avant d'oser regarder vers lui.

Il était enfin habillé, et attachait à présent ses cheveux mouillés à la va-vite, face à son miroir.

Ce simple geste anodin la fascina et elle se sentit incapable de détacher ses yeux de lui...

- Bien, je t'écoute, dit-il en se tournant soudain vers elle.

Elle tressaillit et détourna les yeux d'un air gêné, tandis qu'il s'approchait d'elle en la toisant avec une malice moqueuse.

- Et après, c'est moi le pervers ? Tu n’as pas tenu très longtemps avant de te retourner...

- C'est parce que je t'ai entendu manipuler tes cheveux ! Se défendit-elle avec aplomb en rougissant. Alors j'ai supposé que tu étais habillé !

- Mmh... fit-il taquin, en s'appuyant contre le mur, près d'elle. Je vais faire semblant de te croire, Megu chan...

Elle détourna les yeux avec mauvaise humeur et recula d'un pas pour mettre un peu plus de distance entre eux.

Dieu, ce qu'il sentait bon...

Dieu, ce qu'il était sexy !

« Stop ! »

- Bon... Il faut que je te parle, dit-elle doucement.

Elle s'accrocha de nouveau à l'image d'Eisuke pour ne pas flancher.

Pourquoi le simple fait de se retrouver devant lui faisait fondre sa détermination ?

« Non ! Reprends-toi et fais-le ! »

« Allez, courage ! »

Elle resta pendant un bon moment ainsi, à fixer le vide, tant elle avait du mal à trouver ses mots.

- Bon, alors voilà... Je t'ai dit qu'Eisuke m'avait fait une déclaration et attendait ma réponse...

Il la regarda sans sourciller et sans se défaire de son petit sourire arrogant.

Comme s'il savait d'avance que tout ce qu'elle pourrait lui dire, n'éveillerait en lui aucun intérêt.

C'était insupportable !

- Eh bien, il est venu me chercher aujourd'hui et...

« Allez, vas-y ! »

« Dis-le ! »

- Et j'ai finalement décidé d'écouter mon cœur et... d'accepter.

Un silence s'installa et Megumi fixa un point sur le sol pour éviter de l'affronter du regard.

Voilà. C'était dit.

Il savait.

À présent que c'était officiel, il allait à présent cesser de la voir comme son petit jouet personnel et la laisser vivre pleinement sa relation avec Eisuke.

C'était tout ce qu'elle désirait...

-  Vraiment ? Félicitations ! S'amusa-t-il.

Surprise, elle leva vivement le visage vers celui du jeune homme et remarqua qu’il n’avait pas du tout changé d’expression.

Il affichait toujours ce même air indifférent. Comme toujours.

- Ai-je l’honneur d’être le premier au courant ? Continua-t-il en se détachant du mur.

Intriguée par sa question, elle hésita et hocha la tête.

-  Mmh... Dans ce cas, j’aurais une petite question à te poser, Megu chan, dit-il en s’approchant d’elle, un sourire dangereux sur les lèvres. Pourquoi donc t’es-tu empressée de venir me le dire ?

Megumi recula, perturbée par la lueur dangereuse qui semblait scintiller telle une flamme, au milieu de ses prunelles vertes.

- Qu'est-ce que... hein ?

« Il est trop près là ! » paniqua-t-elle en se hâtant de reculer de nouveau.

- Je… je ne me suis pas empressée de…  bégaya-t-elle.

- Si, tu l’as fait, insista-t-il avec arrogance.

Megumi buta contre le coin de la chambre, et lorsqu'elle tenta de se dégager, il la coinça en plaquant sa main contre le mur.

Elle sursauta, les yeux ronds comme des billes et leva le visage vers le sien en retenant son souffle.

Son visage était bien trop proche du sien !

- Avoue que c’était pour voir ma réaction, Megu chan…

Sa voix était si basse, presque intime, alors Megumi perdit ses moyens.

- P…Pas du tout, balbutia-t-elle, les yeux levés vers les siens avant de détourner la tête pour fuir le feu de son regard cruel. Ce n'était pas pour...

Mais il saisit son menton, lui brûlant la peau et la força à le regarder de nouveau.

Megumi sentait que ses jambes étaient sur le point de la lâcher tant son cœur était affolé.

Et son visage était devenu si brûlant qu’Hayate devait le sentir sous ses doigts.

Elle était totalement prise au piège...

Il ne souriait plus du tout, et ses yeux intenses la fixaient avec une froideur terrifiante.

Elle déglutit difficilement et sentit un frisson lui parcourir l'échine. Un nœud se forma dans son estomac, et elle fut prise d'un profond malaise.

Lorsqu'il brisa enfin le silence, Megumi sentit chaque poil de son corps se hérisser.

-  Écoute-moi bien, Megu chan, lui dit-il, d’une voix aussi froide que l'hiver. Fréquente qui tu veux. Eisuke, Kenji, ou même un homme de l’extérieur si ça te chante… mais saches une chose...

Il inclina la tête sur le côté en souriant d'un air cruel, et Megumi retint son souffle lorsqu'il relâcha son menton, pour toucher dangereusement sa gorge.

- Tu ne regarderas jamais personne comme tu me regardes en ce moment...

Megumi sentit son cœur se retourner brutalement et elle le regarda en écarquillant ses yeux, effarés.

Elle tremblait de tous ses membres, écrasée sous le poids de son regard terrible.

- Quoi qu’il arrive, souffla-t-il d'une voix ensorcelante comme s'il était sur le point de la maudire. Je resterai le seul que tu regarderas de cette manière…

Il s'accouda contre le mur et souffla d'une voix maléfique, contre son oreille :

- Le seul...

Megumi frissonna et s'efforça de sortir de sa torpeur avant de glisser sous son bras pour lui échapper.

Hayate resta accoudé et la regarda du coin de l'œil, entre rire et indifférence.

Megumi tremblait de tous ses membres, elle aurait voulu prendre ses jambes à son cou et fuir, mais elle se retint difficilement.

Elle était venue pour une bonne raison, et il était hors de question pour elle de se sauver comme une lâche.

- Si je suis venue te le dire, ce n'était absolument pas pour te contrarier ni pour te tester ! dit-elle soudainement déterminée. Mais pour te demander de cesser de t'amuser à mes dépens !

Il s'adossa au mur en riant, alors elle continua :

- Tu as l'air de ne pas prendre tout cela au sérieux, mais ce n'est pas un jeu. Je tiens vraiment à Eisuke et je compte bien faire tout mon possible pour que ça marche !

Il se mit à rire de plus belle, mais d'une façon bien plus cynique.

- C'est toi que tu essayes de convaincre là ? Se moqua-t-il.

Elle ferma brièvement les yeux de lassitude.

- Bon, écoute, je me fiche que tu y crois ou non ! Mais dans tous les cas, c'est avec lui que je veux être, alors je vais te demander de nous respecter et de cesser d'essayer de me tourmenter sans arrêt !

Son visage était contracté, comme s'il faisait de son mieux pour canaliser son fou rire interne.

Puis, une fois calmé, il lui lança, le regard si maléfique qu'elle crut voir le diable en personne :

- Et... il est au courant ? Pour cette nuit ?

Le sang de Megumi ne fit qu'un tour. Elle tituba et le regarda avec de grands yeux effarés.

- Ah... Tu ne lui as donc rien dit ? railla-t-il d'un air cruel. Aah petite cachottière, c'est pas bien...

Il s'esclaffa en passant près d'elle et Megumi le retint par la manche en retenant son souffle.

- Hayate, s'étouffa-t-elle. Je t'en supplie, ne lui dis rien !

Il baissa son regard impitoyable sur elle, et fit mine de réfléchir.

- Mmh... Je ne sais pas. Que comptes-tu me donner, en échange de mon silence, fillette ?

Megumi avait l’impression que son estomac pesait soudain une tonne. Il se tordait dans tous les sens...

Elle fixa son visage sans parler, complètement perdue, et son malaise s'intensifia...

- Ah ? Tu manques d'inspiration ? S'amusa-t-il en récupérant sa manche d'un geste sec. Ne t'inquiète pas, Megu chan. Pour ce genre de choses, j'ai toujours beaucoup d'imagination...

Il s'avança vers la porte et sortit en riant aux éclats.

Son rire de démon résonna à travers le couloir et lui donna des frissons jusqu'aux orteils.

- Je sens qu'on va bien se marrer, Megu chan...

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