top of page

Akai ito
livre 1

couverture - Copie_edited.jpg

Chapitre 16

- Où est encore passé Hayate ? soupira Akihoshi avec lassitude.

Megumi tiqua en entendant son prénom, et se figea juste avant de gober une bouchée de riz.

- Il est encore dehors, je suppose... continua-t-il.

La nuit était tombée, ils s'étaient tous installés autour de la table de la salle principale pour le dîner.

Tous sauf Hayate qui brillait par son absence.

Mais cela convenait parfaitement à la jeune lycéenne.

Après ce qu’il s'était passé dans le jardin, un peu plus tôt dans la journée, elle n'était pas près de supporter la vue de cet énergumène.

Si elle pouvait le voir le moins possible, d'ici son départ, ce serait même parfait.

Tout son corps brûlait encore d'humiliation ... et de quelque chose d'autre qu'elle préférait ignorer.

- Aucune idée, commandant... répondit Daisuke en secouant la tête.

- Ah, il n'est toujours pas revenu de son tour de patrouille ? s'étonna Kenji.

- Si, mais il serait ressorti, à priori... fit froidement Eisuke en reposant ses baguettes sur la table.

Megumi engloutit sa bouchée de riz et la mastiqua furieusement.

« Qu'il reste où il est, ce pervers sadique ! »

- Il sort trop ces derniers temps, se plaignit Akihoshi, je ne peux pas l'en empêcher mais tout de même ! Il pourrait au moins rentrer à l'heure du couvre-feu ! Il montre le mauvais exemple à nos hommes...

- Je lui parlerai, commandant, fit Eisuke de sa voix froide habituelle.

Akihoshi hocha la tête en souriant tristement, puis il avala une gorgée d'eau avant de poser ses yeux doux sur Megumi.

- Te débrouilles-tu pour manger avec ta main blessée ? As-tu besoin d'aide ?

Megumi jeta un regard en coin vers son bandage avant de secouer la tête en souriant.

- Ça ne m'empêche pas de tenir mes baguettes, le rassura-t-elle. Et puis, ce n'est qu'une simple éraflure, ne vous inquiétez pas...

- Tout de même... marmonna-t-il, désolé, en secouant la tête. Ce garçon, je ne sais vraiment... (il baissa la tête vers son plat) plus quoi faire de lui...

Un silence lourd s'installa progressivement dans la pièce.

Un silence si tendu que Megumi en eut l'estomac noué.

Ses lèvres vibrèrent de nouveau au souvenir du baiser volé et elle reposa ses baguettes.

- Il est bien trop incontrôlable et méprise les règles... fit soudain Eisuke d'un ton acide, pardonnez mon impolitesse, commandant, mais... Je ne comprends pas pourquoi vous vous obstinez à lui laisser sa place de capitaine...

Megumi leva discrètement les yeux vers Eisuke.

Le vice-commandant était du genre silencieux et parlait rarement de ce genre de chose en sa présence.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, il leva soudain les yeux vers elle, mais la jeune fille détourna les siens par réflexe en se mordillant la lèvre.

Même s'il ne l'effrayait plus autant qu'avant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir écrasée par son charisme et sa prestance.

- Je le sais... Tu as raison, Eisuke, murmura tristement Akihoshi, mais je ne peux pas faire ça...

Il secoua la tête, de plus en plus affligé, comme s'il revivait intérieurement certaines scènes du passé.

- Cette place de capitaine... C'est un cadeau que je lui ai fait, afin qu'il parvienne à trouver sa place dans ce monde. Une raison de vivre...

Megumi fronça les sourcils, de plus en plus intriguée.

Pourquoi Hayate aurait-il besoin de cette place de capitaine ?

Lui qui se fichait toujours de tout ?

- Loin de moi, l'idée de vous juger, commandant, mais... Ce n'est pas un service que vous lui rendez, en lui cédant tout si facilement.

- Je ne lui cède rien, il a mérité sa place de capitaine ! Il est puissant, fort, rapide... Et sur le champ de bataille, il sait éveiller la combativité de nos hommes comme personne. N'es-tu pas d'accord Daisuke ?

Le jeune homme, qui avait cessé de manger, leva les yeux vers le commandant avant de regarder face à lui, d'un air vide et lointain.

- Il s'agit du meilleur d'entre nous, finit-il par répondre après un silence. Et il mérite sa place de capitaine...

- Tu vois ? S'exclama Akihoshi, satisfait.

- Cependant... ajouta sombrement Daisuke, il est vrai que son refus de suivre les règles est un problème... Si cela se savait, il pourrait avoir des ennuis.

- Nous aurions tous des ennuis, confirma Eisuke en secouant la tête.

- C'est vrai... Lors de la dernière visite d'Akiyama, il nous a tous fait flipper à faire son arrogant devant lui, s'amusa Kenji en buvant une gorgée d'eau.

- Ceci n'est pas un divertissement, Kenji, lui rappela Eisuke en contenant son agacement. Nous pourrions tous être suspendus, voire pire, par sa faute, un jour...

Kenji haussa les épaules en reposant son verre. Il semblait ne pas désirer prendre parti.

« Qui est Akiyama ? »

C'était la deuxième fois que Megumi entendait ce nom.

Était-ce un homme puissant ?

- Sans compter qu'Hayate n'a aucun sens des convenances, continua Eisuke. Son comportement de cette nuit est vraiment inqualifiable.

Megumi sentit son cœur manquer un battement et baissa les yeux en sentant leurs regards se poser sur elle.

- Il est sanctionné pour ses bêtises de cette nuit, pendant un mois, lui rappela le commandant, je pense qu'il a retenu la leçon...

Eisuke ferma brièvement les yeux, profondément agacé par l'espoir d'Akihoshi, de faire d'Hayate quelqu'un de bien.

Megumi ne comprenait pas non plus pourquoi le commandant se donnait tant de mal.

Intriguée, elle se racla la gorge et posa sa question, un peu sans réfléchir :

- Hayate est votre fils ?

Ils la regardèrent avec surprise alors Megumi s'empressa de baisser la tête, embarrassée par son propre aplomb.

- Désolée, c'est juste que... bredouilla-t-elle, gênée.

Un silence s'écoula.

- Non, il n'est pas mon fils... dit-il enfin, un sourire dans la voix. Mais c'est tout comme. Je l'ai recueilli et élevé... au pire moment de sa vie.

Megumi sentit son cœur se serrer en voyant le dos d'Akihoshi se courber sous le poids de la tristesse.

- Cet enfant a souffert, souffla-t-il, le regard perdu dans le vague. Énormément souffert, alors je me dois d'être là pour lui, parce que, si je ne le fais pas...

Il sembla hésiter à terminer, comme s'il craignait d'attirer le malheur sur son protégé en prononçant tout haut ce qu'il redoutait :

- Si je le laisse tomber, je sens... qu'il finira un jour par mal tourner. Et cela, je ne pourrais jamais me le pardonner...

Eisuke baissa ses yeux sombres avant de les détourner en silence.

Plus personne n'osa parler pendant un moment et Megumi sentit le nœud de son estomac se resserrer.

Elle avait toujours détesté les blancs à table...

- Et sinon, commandant... dit-elle d'une toute petite voix.

Il cligna des yeux, sortant brusquement de ses sombres pensées avant de lever un regard curieux vers la jeune fille.

- Avez-vous réfléchi à ma sanction ? s'enquit-elle.

Elle n'avait pas trouvé autre chose à dire...

Le commandant la dévisagea avec surprise avant de regarder dans le vide d'un air désorienté.

- Ah oui, c'est vrai... Euh... hum, bredouilla-t-il mal à l'aise, Euh, tu...Ah !

Il prit soudain un air strict un peu trop théâtrale et leva le doigt vers le plafond.

- Tu seras privée des délicieux biscuits au mahrou que je compte me faire livrer demain !

Elle haussa les sourcils, surprise, tandis qu'il croisait les bras d'un air sévère.

- Voilà, et que ça te serve de leçon, ma pet... Euh Megumi, pardon ! S'affola-t-il soudain. Bon sang, je suis désolé, je n'arrive vraiment pas à t'appeler autrement !

Megumi pouffa de rire en le voyant passer d'un état à l'autre, puis elle secoua la tête et saisit son verre d'eau avant de le porter à ses lèvres.

- Ce n'est rien, rit-elle. Je crois que je commence à m'y habituer…

 

 

* * *

- Bien, essaye de lire cette ligne encore une fois, et on s'arrêtera là pour ce soir.

Megumi soupira et se concentra une ultime fois.

Elle avait le cerveau en compote, pourtant, d'après Daisuke, il s'agissait d'un livre « simple » ...

« Alors pourquoi je peine autant à ne pas mélanger les sons ? »

Elle avait la désagréable impression que toutes les lettres se ressemblaient.

Ne pas les confondre était un véritable casse-tête.

- Bien, tu t'en sors bien pour une débutante, la félicita-t-il en refermant l'ouvrage, il est temps d'aller se coucher maintenant.

Megumi soupira de soulagement et s'étira paresseusement avant de s'affaler contre la table, le regard épuisé.

- Je ne pensais pas qu'apprendre à lire pouvait être si difficile...

La nuit était tombée depuis bien longtemps déjà, et la jeune femme peinait à garder les yeux ouverts.

- Merci beaucoup, Daisuke, dit-elle d'une voix ensommeillée, tu devrais être professeur, tu as beaucoup de patience.

- Tu trouves ? S'étonna-t-il, flatté. Je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir dû faire beaucoup d'effort. Tu apprends plutôt vite, c'est surprenant.

- Merci, s'amusa-t-elle, j'aime bien apprendre.

- Ça se voit, c'est plutôt rare de nos jours, dit-il en rangeant l'ouvrage sur l'étagère de la bibliothèque. Lorsque je donnais des cours à Kenji, il était dissipé et impatient, ajouta-t-il, nostalgique, en riant. Il m'aura donné du fil à retordre.

- Kenji ? Il a aussi été ton élève ?

- À la demande du commandant, oui, lui répondit-il. Il a une drôle de façon de penser, mais... pour être nommé capitaine ou vice-commandant, pour lui, il faut avoir un minimum de culture. Savoir lire et écrire est donc devenue une obligation, pour lui.

- Ah ? s'étonna-t-elle avant d'ajouter en riant : Je devrais peut-être postuler en tant que capitaine, alors ! Lorsque tu auras terminé de m'apprendre à lire !

- Ha ha, quelle excellente idée !

- Tiens, vous ne dormez toujours pas ? Fit soudain une voix chaleureuse.

Megumi et Daisuke se tournèrent vers Akihoshi qui entrait dans la bibliothèque, un ouvrage dans chaque main.

- Nous nous apprêtions à aller nous coucher, commandant, répondit Daisuke.

- Oh, vous avez passé la soirée à lire ? S'enthousiasma-t-il.

Megumi se sentit aussitôt tendue alors qu'elle devinait la question qu'il s'apprêtait à lui poser.

- En fait, je lui apprenais à lire, le devança Daisuke.

La jeune femme tressaillit et le regarda avec de grand yeux surpris, mais il lui fit signe de ne pas s'inquiéter.

- Comment ça ? S'étonna Akihoshi sans comprendre.

- Enfin, disons plutôt que je lui réapprends à lire. Elle s'est rendue compte récemment qu'en devenant amnésique, elle n'a pas seulement perdu la mémoire, mais également certaines de ses capacités, donc...

Il lui jeta un regard complice.

- Je ne peux pas l'aider concernant ses souvenirs, alors je lui apporte mon aide, là où je le peux.

Megumi lui sourit, soulagée, avant de se tourner vers Akihoshi qui semblait à la fois choqué et attristé.

- Par l'Unique... Mais pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ?

- Ah euh, je...

Il l'interrompit, le regard coupable.

- J'étais tellement enthousiaste à l'idée de te faire découvrir l'histoire du géant que je t'ai mis une grosse pression sans m'en rendre compte ! Réalisa-t-il soudain, la main sur son front, je te demandais tous les jours ton avis !

- Oh, non, non, ce n'est pas de votre faute ! S'affola-t-elle soudain. Je suis désolée, c'est moi qui n'osais pas vous le dire !

- Mais j'aurais dû le deviner en te voyant mal à l’aise ! Je suis désolé !

- Mais... Mais non, enfin, c'est moi qui...

Soudain, un son similaire à une cloche se fit brusquement entendre.

Megumi sursauta tandis que les deux hommes échangeaient un regard sombre et sérieux.

- Mets-la dans l'abri et retourne à ton poste, ordonna-t-il soudain en quittant la pièce.

Megumi se figea en voyant le visage et la voix d'Akihoshi se transformer subitement.

Lui qui ressemblait à un agneau, la jeune lycéenne avait l'impression de voir soudain un lion quitter la bibliothèque.

- Bien commandant, répondit Daisuke avant de saisir l'épaule de Megumi avec douceur. Suis-moi !

- Mais... que se passe-t-il ? Bredouilla-t-elle en se laissant entraînée.

- Je l'ignore, mais ne t'en fais pas. Je vais te mettre en sécurité, dit-il d'une voix calme.

Megumi sentit aussitôt une montée d'angoisse envahir son corps faisant trembler ses membres.

Que se passait-il ?

Pourquoi les deux hommes avaient brutalement changé d'humeur en entendant cet étrange son de cloche ?

Où l'emmenait-il ?

Et pourquoi entendait-elle déjà des bruits de lutte à l'extérieur ?

Étaient-ils attaqués ?

Daisuke la ramena soudain dans l'infirmerie et ouvrit une trappe cachée sous la table.

- Va là-dedans, et tu n'en sors sous aucun prétexte, lui ordonna-t-il en la soulevant comme si elle avait été aussi légère qu'une plume.

- Mais... mais qu'est-ce que... bredouilla-t-elle terrifiée tandis qu'il la plaçait de force dans un endroit aussi sombre que l'enfer.

Elle s'accrocha à son bras en tremblant de frayeur.

- Daisuke, je... Et si jamais...

- Ne t'inquiète pas, l'interrompit-il en saisissant doucement son poignet.

La chaleur de sa main gigantesque parvint à calmer quelque peu ses tremblements.

- Je reviendrai te chercher dès que la zone sera de nouveau sécurisée, je te le promets.

Megumi croisa son regard franc dans la pénombre, puis, après un instant d'hésitation, elle relâcha son bras.

- N'aie pas peur, chuchota-t-il avec un sourire en saisissant la porte de la trappe, nous avons l'habitude. Cela sera vite réglé.

Et lorsqu'il la cacha enfin derrière la trappe, Megumi se retrouva brusquement dans l'obscurité la plus totale.

Elle ferma les yeux pour s'accrocher aux bruits de pas de Daisuke au-dessus d'elle, mais très vite, elle se retrouva plongée dans le silence le plus total...

« N'aie pas peur, ce n'est rien qu'une petite pièce sans lumière... »

« Ne fais pas ta trouillarde... »

Megumi n'avait jamais eu spécialement peur du noir, alors pourquoi tremblait-elle autant ?

Elle se frictionna les bras en essayant d'arrêter d'imaginer qu'un esprit terrifiant allait soudainement poser sa main glaciale sur son épaule.

« Pense à autre chose, allez ! » Se motiva-t-elle en fermant les yeux de toutes ses forces.

Aussitôt, le visage d'Hayate passa dans son esprit et elle prit un air las.

- Non, à « autre » chose, s'il te plaît... marmonna-t-elle entre ses dents.

Elle ferma les yeux et commença à fredonner l’air d’une chanson qu’elle aimait beaucoup écouter avant son « voyage » :

- J’ai plus le time, je go…

* * *

 

 

- Et j’attrape mes rêves, et j’attrape mes rêves, chantonna Megumi en faisant mine de tenir un micro, les yeux toujours fermés. Je laisse mon âme s’éveiller, mon esprit s’est évadé...

C'était sa huitième chanson, et personne n'était revenu la chercher, mais elle tenait bon.

Malgré ses angoisses et l'air qui semblait peiner de plus en plus à pénétrer ses poumons, elle s'accrochait.

Elle s'efforçait de se vider la tête et de ne penser à rien.

« Ça va aller, continue de chanter et ça passera plus vite ! ».

Mais soudain, Megumi sentit comme un souffle lui caresser la nuque.

Elle sursauta et poussa un cri en se plaquant contre le mur, le regard tétanisé.

« Qu'est-ce que c'était ? »

« Mon Dieu, qu'est-ce que c'était ?! »

Elle croisa les bras en fouillant la cachette de ses grands yeux terrifiés, mais il faisait si sombre que même en habituant ses yeux à la pénombre, elle n'y voyait toujours rien.

Un nouveau souffle se fit entendre et Megumi en eut des sueurs froides.

Elle déglutit difficilement.

« C'est un courant d'air... » se dit-elle en refermant les yeux.

« Oui, un simple courant d'air » se rassura-t-elle en continuant de fredonner, le souffle court.

Mais cette fois-ci, elle ne parvint pas à s'en convaincre.

Sa gorge se nouait, ses dents claquaient, l'air lui manquait...

« Courage, courage... »

Elle tenta de respirer calmement pour se détendre, mais rien n'y faisait.

Elle était morte de trouille.

Et lorsqu'elle eut la sensation d'étouffer, elle craqua.

« Tant pis, je n'en peux plus ! »

Elle s'accrocha à la petite échelle et ouvrit la trappe pour sortir de sa cachette.

La jeune lycéenne en sortit avec un profond soulagement, la main contre sa gorge, essoufflée comme après avoir couru le marathon.

La sensation de malaise persista, alors elle se leva en s'éventant avec sa main, puis elle ouvrit la porte menant à l'extérieur avec précaution...

Les bruits de combats étaient si lointains qu'elle ne se méfia pas suffisamment, et se retrouva nez à nez avec deux hommes, dissimulés sous une cape.

Elle se figea, les fixa durant d'interminables secondes, puis à l'instant où elle s'apprêtait à leur claquer la porte au nez, ils la bloquèrent à l'aide de leur pied et une main brutale s'écrasa sur son visage afin de bloquer le hurlement qu'elle s'apprêtait à pousser.

À moitié sonnée, la jeune lycéenne se retrouva emportée à l'extérieur avant d'être soulevée comme un sac de farine.

- Krain ! Attenti... ! Retentit soudain une voix inconnue.

Un grondement de douleur retentit et Megumi se retrouva brutalement sur le sol.

- Putain de merde ! Je vais te… ! S’écria une voix au-dessus d’elle

Un horrible son de chair tranchée lui vint aux oreilles, suivit d’un couinement de douleur. Une masse tomba ensuite soudainement devant Megumi, et elle se retrouva nez à nez avec un visage mort.

La jeune fille reprit brutalement ses esprits et se redressa vivement en poussant un cri étouffé.

- Qu'est-ce que tu fous là ?!

Elle tressaillit et leva les yeux vers Kenji, qui la dévisageait avec colère, trempé de sueur... et de sang !

Elle devint blême et serra soudain les dents pour contenir sa soudaine nausée.

- Tu n'étais pas censée rester dans l'abri ?!

Megumi déglutit, serra les dents pour les empêcher de claquer, puis elle se releva en essayant tant bien que mal de ramasser sa dignité qu'elle ne cessait d'égarer depuis son premier jour dans ce monde.

- Euh... oui.

- Alors ? Pourquoi t'es sortie ? Râla-t-il, son arme contre son épaule.

Elle haussa les épaules et répondit d'une voix légère :

- Il fallait que je leur fasse mon rapport, au sujet de la mission espionnage...

Il prit un air blasé.

- Très marrant, tu comptes me la sortir jusqu'à quand au juste ?

Soudain, les bruits de lutte se rapprochèrent et Kenji sursauta avant de la pousser sans ménagement vers la maison.

- Retournes-y ! Magne-toi !

Megumi manqua de tomber et s'élança vers l'intérieur avant de regarder derrière elle.

« Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe à la fin ? »

« Qui sont ces types ?! »

Kenji croisait le fer avec deux hommes sortis de nulle part, tandis que d'autres arrivaient au loin.

Elle s'affola et son souffle se bloqua en pensant assister aux derniers instants du jeune homme, mais il fut rapidement aidé par Eisuke.

Elle soupira de soulagement.

Ils repoussèrent l'ennemi et se retrouvèrent dos à dos, prêt à attaquer et déterminés à se battre jusqu'au bout.

À cet instant-là, Megumi ne put s'empêcher de les trouver classes...

Mais les secondes s'écoulaient, et le combat perdurait.

Kenji fut blessé au bras.

Eisuke à la cuisse.

Ils étaient bien trop nombreux !

Où étaient donc passés les autres ?

Elle n'eut pas besoin de tendre l'oreille bien longtemps pour comprendre que le combat principal se déroulait de l'autre côté de la maison.

Personne n'allait donc prendre le temps de venir jusqu'ici...

La jeune femme était affolée comme jamais.

Que Diable se passait-il ?

Qui étaient donc ces hommes ?

Pourquoi les attaquaient-ils ?

Comment étaient-ils parvenus à franchir le mur ?

Megumi eut l'impression de revivre son premier jour à Aldagarya.

Ce champ de bataille sanglant qu'elle avait dû endurer...

Ce sang versé...

Ces membres tranchés...

Pourquoi devait-elle assister de nouveau à ce genre de scène ?

Soudain, une lame traversa la jambe de Kenji, lui arrachant un hurlement.

Megumi sentit son cœur s'arrêter net de battre en le voyant retomber sur le sol en gémissant, dominé par ses quatre adversaires.

Elle chercha Eisuke de ses yeux affolés, mais il était bien trop occupé à gérer ses propres ennemis.

L'un d'entre eux levait sa lame vers Kenji, c'était la fin...

Alors Megumi, sans trop savoir comment, ni pourquoi, se retrouva de nouveau dehors, et ramassa des cailloux avant de les jeter dans leur direction.

Davantage intrigués que surpris, ils la regardèrent pendant un instant en clignant bêtement des yeux.

Kenji en profita pour planter sa lame dans le cœur de celui qui s'apprêtait à le tuer.

Choqués, ils s’empressèrent de se reconcentrer, et se jetèrent sur Kenji qui bondissait tant bien que mal sur le côté pour éviter les lames ennemies. Megumi s'apprêtait à ramasser des cailloux à nouveau, lorsque ses yeux rencontrèrent soudain ceux de l’un des ennemis morts.

Elle les détourna vivement et son regard s'arrêta sur son arme, qui reposait sur le sol près de lui.

Sans réfléchir, elle la saisit et s'élança vers les trois hommes qui s'apprêtait à achever Kenji, de nouveau au sol.

Mais l'arme était si lourde qu'elle peinait à la soulever, alors elle la traîna derrière elle en courant de toutes ses forces.

Kenji était grièvement blessé

Il était de nouveau à terre, le visage défiguré par la douleur.

- EH VOUS TROIS ?! S'écria-t-elle en soulevant l'épée au-dessus de sa tête, prête à frapper.

Mais à l'instant où ils se retournèrent vers elle, Megumi réalisa qu'elle avait fait une belle bourde en soulevant l'épée ainsi...

Elle était en effet si lourde, que la jeune fille n'eut pas la force de la maîtriser, alors elle retomba lamentablement en arrière, sous les regards surpris de leurs ennemis.

Terrifiée, elle se releva d'un bond, et s'empressa d'essayer de ramasser son arme, tandis que l'un des hommes s'avançait vers elle en ricanant.

Megumi sentit son cœur cogner avec violence contre sa poitrine tandis que le danger s'approchait d'elle à grand pas.

« Oh mon Dieu » s'affola-t-elle en roulant des yeux affolés.

Il l'attrapa brutalement par les cheveux, lui arrachant un cri de douleur, puis lorsqu'elle croisa son regard de tueur, Megumi vit le visage d'Hayate se dessiner dans son esprit.

Elle se sentit alors deux fois plus ridicule.

« Pourquoi est-ce à lui que je pense, juste avant de mourir ? »

Son assaillant leva son arme et Megumi eut à peine le temps de voir le visage paniqué de Kenji que deux lames transperçaient déjà le cœur de son agresseur.

Megumi poussa un cri de surprise avant de retomber sur le sol.

Il s'agissait d'Eisuke... et du soldat Aku. Cet homme qui l'avait invitée à observer l’entraînement, quelques temps plus tôt.

Megumi soupira de soulagement tandis que les autres soldats d'Akihoshi venaient enfin à la rescousse.

Eisuke baissa les yeux vers elle, le regard indéchiffrable, puis il se remit en position de combat.

- Ramène-la à l'intérieur, dit-il d'une voix sans appel avant de repartir.

- À vos ordres, fit Aku en s'accroupissant près d'elle.

Megumi croisa son regard rassurant, et se sentit un peu moins effrayée lorsqu'il la souleva doucement dans ses bras.

- Ne t'inquiète pas, c'est terminé, nous les avons quasiment tous neutralisés... lui chuchota-t-il en s'avançant vers la maison.

Megumi vit Daisuke arriver sur les lieux, les vêtements recouverts de sang et elle s'empressa de fermer les yeux, à l'instant où il s'apprêtait à tuer un de leurs adversaires.

Elle savait qu'ils n'avaient pas le choix.

Elle savait que ce monde fonctionnait ainsi, mais elle avait beaucoup de mal à s'y faire...

Soudain, en arrivant à l'intérieur, Aku pouffa discrètement de rire, la sortant net de ses pensées.

- Euh, qu'est-ce qui te fait rire ? Demanda-t-elle d'un air égaré.

Ce n'était guère le moment.

- Non, désolé, c'est juste... dit-il entre deux éclats de rire. La façon dont tu es retombée en arrière en levant l'épée... c'était juste...

Il éclata de rire pour de bon, et Megumi rougit d'indignation avant de le forcer à la relâcher.

- Comment oses-tu te moquer de moi ?! Je n'avais jamais tenu une arme de toute ma vie !

- Je le sais, pardonne-moi, mais... Ha ha ha !

Il se plia en deux et Megumi croisa les bras avec mauvaise humeur en se détournant, tandis que celui-ci semblait de plus pouvoir s'arrêter.

Elle l'aurait volontiers accompagné dans son fou rire si elle ne tremblait pas encore après avoir vu la mort de si près… Enfin, le soldat se redressa avec un soupir soulagé et essuya ses larmes de rire, sous le regard las de Megumi.

- C'est bon ? Tu t'es calmé ?

Soudain, une voix grave et sombre retentit brutalement depuis l'extérieur, arrêtant net les bruits de combat.

Une voix presque bestiale qui lui donna la chair de poule.

Megumi et Aku échangèrent un regard inquiet.

- Qu'est-ce que c'était ? Suffoqua-t-elle.

Ils s'empressèrent de quitter l'infirmerie, traversèrent le couloir au pas de course, et s'arrêtèrent devant l'entrée, face à la porte ouverte.

Une rangée d'ennemis était ligotée et agenouillée devant Akihoshi...

Eisuke, Daisuke, Kenji et d'autres soldats les avaient rejoints au pas de course.

Megumi soupira de soulagement en comprenant qu'ils avaient pris l'avantage, mais elle eut un très mauvais pressentiment en les voyant tous tournés vers le portail principal, les poings crispés, comme dans la crainte d'une soudaine explosion.

Elle suivit leur regard et vit un homme gigantesque se diriger vers eux.

Il était si grand qu'il devait mesurer au moins deux mètres. Ses épaules étaient aussi larges et puissantes que ses mains étaient massives.

Ses cheveux sombres aux reflets cuivrés étaient en bazar et cachaient à peine son regard bestial.

Megumi recula, comme frappée par cet extraordinaire charisme.

- Qui est-ce ? Chuchota-t-elle en retenant son souffle.

Aku déglutit et répondit sans le quitter des yeux.

- Cet homme est le bras droit d'Akiyama...

Megumi fronça les sourcils.

« Bon sang, mais qui c'est, ce Akiyama ? »

- On l'appelle aussi... continua-t-il dans un souffle, « Le guerrier sans nom ».

« Le guerrier sans nom ? ».

Megumi recula de nouveau, et se cacha par réflexe derrière Aku.

Elle ignorait qui était cet homme, et ce qu'il désirait, mais son instinct lui soufflait de prendre la fuite.

Il marchait d'un pas tranquille, mais son regard sombre et cruel, n'augurait rien de bon.

Il se posta devant Akihoshi, et les captifs baissèrent la tête en tremblant comme des enfants.

Ils semblaient partagés entre le soulagement de le voir, et la peur de subir sa colère.

Cet homme était donc bien leur chef ?

- Mon Dieu, ce qu'il est grand... souffla-t-elle surprise.

Même ses mains étaient gigantesques.

Une fois la surprise passée, Akihoshi se reprit et fit un pas vers lui pour l'affronter courageusement du regard.

Et pour la première fois, Megumi eut sincèrement peur pour la vie de celui qui l'avait recueillie.

- Sans nom, fit le commandant, cet assaut que nous venons de subir est inadmissible ! J'en parlerai au conseil et...

- Je m'en cogne de vos histoires, le coupa-t-il avec nonchalance. Tu gèreras ça avec l'autre vieux ! Je ne suis pas là pour ça...

Il fit un mouvement du menton vers les soldats capturés.

- Relâche-les, dit-il d'une voix sans appel.

- Il en est hors de question ! S'indigna-t-il. Ils sont en état d'arrestation, pour le moment ! Dès demain, je demanderai une audience car il est grand temps que le Roi sache ce qui se passe avec ton chef et sa pro...

Soudain, le sans nom se retrouva furtivement devant lui et l'attrapa par la gorge, le regard assassin.

Megumi poussa un cri de terreur tandis que les capitaines et leurs hommes se jetaient sur le géant, mais celui-ci sortit soudain son arme, aussi gigantesque que lui, et fendit l'air autour de lui.

Megumi eut également la vague impression qu'il avait cogné Eisuke et Daisuke avec son pied, mais elle n'en était pas certaine.

Personne ne pouvait bouger aussi vite...

Kenji s'écroula sur le dos, le ventre en sang, Eisuke se retrouva propulsé brutalement contre la maison, et Daisuke tomba à genou, la main contre sa cuisse ensanglantée.

Quelques-uns de leurs hommes étaient à terre, et Megumi se doutait que certains devaient être morts...

« Mon Dieu, c'est affreux... » se dit-elle, épouvantée en s'accrochant au dos d'Aku.

Cet homme était un vrai monstre.

Un démon !

Personne ne pouvait blesser tant de personnes si vite !

C'était inhumain...

- Comme je te l'ai dit, vieux, marmonna-t-il avec une certaine impatience, je n'ai pas de temps pour ça...

Il leva soudain son sabre, Megumi sursauta, les mains contre son visage, en pensant le voir embrocher l'adorable commandant Akihoshi...

Mais il ne fit que trancher la corde qui maintenait les soldats au sol.

Akihoshi pesta de colère, et un gémissement lui échappa lorsqu'il le repoussa contre le sol sans ménagement.

Eisuke et les autres vibraient de rage et de frustration tandis que le géant rangeait son arme dans son dos.

Le guerrier n'accorda un regard à personne, pas même à ses hommes, tandis qu'il s'avançait en direction du portail, d'un pas tranquille.

Les soldats s'empressèrent de se défaire de leurs derniers liens, avant de s'élancer vers lui au pas de course pour le rattraper.

Daisuke le regarda s'éloigner en fermant les poings de toutes ses forces, le corps tremblant de rage tandis que le commandant soupirait, frustré.

- Commandant... Vous n'êtes pas blessé ? S'enquit Eisuke en s'avançant vers lui.

Akihoshi leva instinctivement la main vers sa gorge.

- Non... Tout va bien, murmura-t-il en déglutissant. Ne perdons pas de temps, nous devons... nous occuper des blessés.

Le commandant s'avança vers Kenji, d'un pas boiteux et Megumi les regarda s'activer, sans vraiment les voir.

Un peu comme un film.

Elle peinait à réaliser tout ce qui venait de se passer.

« Daisuke m'apprenait à lire, il n'y a même pas une heure... »

Et voilà que le domaine venait d'encaisser une attaque ennemie.

Elle avait de plus en plus de mal à suivre ce monde.

- Megumi ? Fit doucement Aku, la sortant brusquement de sa torpeur.

- Oui ? Euh, je... Oui ? Bredouilla-t-elle.

Il la couva avec un regard souriant et inquiet.

- Comment te sens-tu ? Tu n'as pas été blessée ?

- Euh... Hésita-t-elle, non, je n'ai rien...

Le jeune homme posa une main caressante sur son épaule.

- Ma pauvre, tu as l'air toute retournée, la plaignit-il, viens, je te raccompagne jusqu'à ta chambre.

- Non, je... Je veux aider, avant... murmura-t-elle en s'avançant vers les blessés.

- Non Megumi, fit soudain la voix froide d'Eisuke.

Elle se tourna vers lui, et celui-ci secoua la tête.

- Je préfère que tu ne sois pas là, nous avons des morts à déplorer cette fois. Va dans ta chambre et essaye plutôt de dormir.

Megumi encaissa le coup en pinçant les lèvres.

Cet homme venait clairement de la mettre à l'écart.

Son regard semblait même ajouter : « Tout ceci ne te concerne pas ».

Elle se mordit la lèvre et baissa tristement la tête.

« Après tout, il a raison ».

« Je ne suis que de passage, ici... »

Elle jeta un regard vers Akihoshi, qui fermait les yeux de l’un de leurs soldats décédés, la mine accablée, puis, elle se détourna et rejoignit Aku qui était déjà à l'intérieur.

- Bon sang... souffla-t-elle, un peu sonnée par toutes ses émotions.

Elle lâcha un profond soupir en fixant le sol pendant un instant.

- Mais... qu'est-ce qui s'est passé ? S'enquit-elle soudain, lorsqu'ils arrivèrent au niveau du couloir. Qui étaient ces types ! Et c'est qui Akiyama ?

Aku grimaça, comme s'il se demandait intérieurement si c'était à lui de tout lui révéler.

- Akiyama est le général en chef, lui dit-il, un peu mal à l'aise. Pour simplifier, il est le supérieur direct des quatre avant-postes qui protègent le royaume.

- Quatre, répéta-t-elle pour elle-même.

Il en existait donc trois autres comme celui-ci ?

- Mais... Je ne comprends pas, dit-elle. Pourquoi son chef aurait-il attaqué l'avant-poste ? Cela n'a pas de sens.

- C'est un peu compliqué, dit-il en lui ouvrant la porte de la chambre, les avant-postes ont été créés par quatre puissantes familles, il y a environ trois siècles. Depuis, le poste de commandant est transmis de père en fils... Le père du commandant Akihoshi a été le précédent commandant de l'avant-poste Ilias.

- Ah... murmura-t-elle en fronçant les sourcils. Mais... Le commandant n'a pas de descendance, n'est-ce pas ?

- C'est ça, le problème, marmonna-t-il en s'adossant contre le mur, toujours au seuil de la porte. Comme il n'a pas de fils, il doit choisir un héritier, mais...

Aku lui fit soudain un sourire désolé.

- Ah, pourquoi suis-je en train de te parler de ça, maintenant ? S'amusa-t-il. Excuse-moi, va vite dormir, il est très tard.

- Non attends ! Dis-moi avant quel est le problème, sinon, je ne vais pas réussir à fermer l'œil de la nuit...

Aku, qui s'apprêtait à partir, la regarda d'un air hésitant avant de reprendre dans un soupir :

- Akiyama a quatre fils, son premier est commandant de l'avant-poste Niro, que leur famille sert depuis le début. Son deuxième fils est parvenu à obtenir le commandement de l'avant-poste Ronoa, je ne sais pas comment... Et son troisième a récemment été nommé commandant de l'avant-poste Sogue.

Megumi fronça les yeux.

- Attends... Akiyama s'est arrangé pour placer tous ces fils aux quatre postes de commandant ?! Mais...

« Mais... il a le droit de faire ça ? »

- Le commandant Akihoshi tient bon pour le moment, mais, à mon avis, ce n'est plus qu'une question de temps... dit-il, affligé.

Megumi soupira, le cœur serré.

Une petite voix lui rappelait qu'elle n'avait pas à se sentir si triste.

Que tout ceci ne la regardait pas, mais c'était plus fort qu'elle. La jeune lycéenne ne pouvait s'empêcher de se sentir concernée...

- Alors, cette attaque, c'était surtout... pour l'effrayer, comprit-elle. Pour le pousser à s'en aller...

- Oui, c'est à peu près cela... dit-il en se détachant de nouveau du mur, je suppose qu'Akiyama veut placer ses descendants dans tous les postes hauts placés, afin d’assurer sa puissance.

Megumi grimaça de dégoût.

« Décidément, les pourris sont partout » se dit-elle, dépitée, en pensant à certains hommes politiques de son monde.

- Bref, n'y pense plus et repose-toi. Demain, le soleil se lèvera de nouveau, comme on dit, positiva Aku en commençant à refermer la porte. Essaye de dormir, à présent. Bonne nuit.

- Mmh...Bonne nuit Aku, marmonna-t-elle, le regard perdu dans le vague.

Lorsqu'elle se retrouva seule, Megumi repensa à cette folle soirée en se rongeant l'ongle du pouce.

Elle revit en pensée l'instant où Kenji avait failli y passer. La violence avec laquelle ces hommes l’avaient malmenée. Tous ces corps sans vie et ensanglantés...

Et lorsque le souvenir du géant lui revint à l’esprit, elle en eut un frisson dans le dos.

- Quel monstre, ce type... souffla-t-elle en se souvenant de son impressionnante corpulence.

C’était la première fois qu’elle rencontrait un tel personnage. Il ressemblait à une bête féroce et démoniaque…

« Mon Dieu, faites que je ne croise plus jamais sa route... » se dit-elle en se frictionnant les bras.

Soudain, elle marqua un temps d’arrêt en réalisant brusquement qu'Hayate n’était toujours pas rentré.

bottom of page