- Putain, je vais devenir fou…
Megumi se mordit la lèvre, tourmentée jusqu’aux larmes, tandis qu’Hayate semblait à deux doigts d’exploser. De colère. De frustration. De désir. D’amour. De désespoir. De tout.
Et si elle n’avait pas été si épuisée, elle serait au moins aussi agitée que lui.
Elle avait tant envie de franchir cette barrière. D’aller le retrouver. De l’embrasser. De le prendre dans ses bras. De s’enivrer de son odeur. Juste une seconde.
Une seule petite seconde !
Elle ferait tout pour cette seconde !
Un peu surprise, elle serra les cuisses en sentant ses muscles intimes se contracter dans un petit spasme. Une sensation aussi désagréable que douloureuse. Aussi nouvelle que familière.
Elle retint son souffle, essayant de canaliser cette vague de désir qui venait de la prendre par surprise.
C’était une sensation brutale. Puissante. Une sensation qui allait au-delà de ce que les humains pouvaient ressentir. Ce « désir » que le créateur leur avait donné pour perpétuer l’espèce.
Cette sensation. C’était plus que ça. C’était un besoin violent. Nécessaire.
Un besoin qui faisait taire toute logique, toute réflexion rationnelle. Un besoin si fort qu’elle en avait mal au corps. A l’âme.
Et elle sut en voyant Hayate s’adosser lourdement contre l’arbre derrière lui qu’il était dans le même état qu’elle.
Son corps était devenu brûlant, sa respiration plus rauque, plus saccadée, plus irrégulière. Son expression était plus dure, plus torturée, tandis qu’il levait lentement les yeux vers elle.
La couleur de son âme avait pris une teinte si rouge, et si noire à la fois qu’elle eut sincèrement peur pour son cœur à ce moment là. Il était bien trop petit, bien trop fragile, pour supporter tout ce poids qu’il était en train de lui infliger.
Qu’ils étaient en train de lui infliger tous les deux.
Ils se regardèrent dans les yeux pendant un long moment sans se parler. Leur respiration grave et saccadée perturbaient le silence tranquille de la foret.
Et Hayate laissa ses bras retomber mollement le long de son corps, sans la lâcher des yeux. Le visage profondément tourmenté.
- On ne peut pas continuer comme ça, Megu chan, Lâcha-t-il dans un souffle.
Il semblait tellement fatigué tout à coup.
Tellement… à bout.
- Je sais, souffla-t-elle d’une voix brisée.
C’était comme sentir sa poitrine se remplir de fumée noire. Elle commençait à avoir du mal à respirer. Cette souffrance. Cette situation. Elle avait l’impression de se noyer. D’étouffer. De ne pas réussir à trouver la moindre lueur d’espoir dans l’horizon, sur ce chemin qu’elle avait choisi d’emprunter.
- Il faut qu’on trouve une solution, marmonna-t-il d’une voix rauque, Il en existe forcement une.
Elle ferma les yeux en secouant la tête. Douloureusement résignée.
- Il n’y en a pas…
- Bordel, tu me rends fou quand tu dis ça ! Aboya-t-il.
Son regard était à présent chargé de colère. Le rouge de son âme tournoyait dans tous les sens, comme une tornade.
- Que veux tu que je dise d’autre ? Souffla-t-elle en le dévorant de ses yeux trempés, Je travaille directement pour la divinité du destin ! En personne ! Je suis bien placée pour savoir qu’il n’existe aucune solution !
- Dans ce cas, pourquoi es-tu encore là alors ? Lâcha-t-il dans un rugissement de frustration en se détachant de l’arbre, Pourquoi es tu encore là, à me tourmenter si nous n’avons aucune chance ?!
Megumi ressentit ses mots comme une rafale de gifles. De coups de couteau dans le cœur.
Elle poussa un soupir brisé. Semblable au dernier souffle d’un mourant. Elle n’était plus qu’une plaie vive. Ses larmes coulaient toutes seule.
- Tu veux que je disparaisse de ta vie ? Demanda-t-elle difficilement.
- Non, gémit-il dans un ton plaintif, comme si au fond de lui, c’était un « oui » explosif qu’il aurait voulu ressentir.
Ses yeux, qui fixaient un point dans le vide, révélaient à nouveau une profonde vulnérabilité. Il n’essayait pas de la cacher derrière son masque habituel. Et elle sut instinctivement, qu’il était en train de revivre intérieurement toutes ces années sans elle. Une lueur de panique jaillit brusquement dans son âme, comme un éclair, brouillant les couleurs de son être.
- Non, répéta-t-il plus bas, mais plus fermement, plus désespérément. Je vais… me perdre, pour de bon, si je dois à nouveau en passer par là…
Sa voix était terriblement rauque. Comme si le simple fait d’y penser lui faisait perdre un peu plus son humanité.
- J’ai…
Il sembla hésiter pendant un instant. Comme s’il avait peur de sa réaction s’il en disait plus. Puis, après un silence, il ferma brièvement les yeux en soupirant lourdement. L’air de penser « Ah quoi bon ? »
- J’ai déjà… Pas mal vrillé, ces dernières années, avoua-t-il difficilement, J’ai fais des trucs… dont je n’oserais jamais te parler. Mais si je devais à nouveau te perdre…
Son regard s’agrandit légèrement. Comme s’il avait frôlé la folie, le temps d’une seconde.
Puis il ferma à nouveau les yeux, secouant légèrement la tête. Les traits sombrement tirés.
- Non. Ne disparaît pas. Conclut-il difficilement. Jamais…
Megumi le considéra pendant un long moment, sans parler. Étrangement, elle avait l’impression de ressentir ses mots avec une puissante intensité. Comme s’ils étaient siens.
Elle en avait la chair de poule.
- Qu’as tu fais ? L’interrogea-t-elle, sans trop savoir si elle avait envie d’en connaître la réponse.
De toute façon, il suffisait de plonger dans les ténèbres de son âme pour comprendre…
Hayate garda le silence. La bouche pincée. Le regard focalisé sur un point invisible devant lui.
- Hayate. Dis le moi…
Il secoua doucement la tête et Megumi retint son souffle en voyant une brume noire envahir son être. Une brume toxique. Si toxique et épaisse que même son âme semblait disparaître à son contact.
Cette vision fut si effrayante qu’elle en arrêta de respirer sans même s’en rendre compte.
A quel point… S’était-il comporté comme un démon, pour posséder une ombre pareille en lui ?
- Hayate, suffoqua-t-elle.
Elle comptait insister pour le faire parler, mais quelqu’un tenta soudain d’entrer dans la salle des sphères. La faisant sursauter.
Elle se tourna vivement vers la poignée, qui remuait en vain. Elle passa instinctivement la main sur sa poitrine, heureusement qu’elle avait fermé la porte.
- Qui est là ? Lança-t-elle.
Sa voix résonna parmi les sphères au dessus de sa tête.
Pourvu que ce ne soit pas Vespiyomi sama ! Même s’il n’y avait aucune chance qu’il vienne jusqu’ici.
- C’est moi, répondit la voix de Loki, Pourquoi t’es tu enfermé ?
- Ah, donne-moi un instant ! J’arrive ! Lui cria-t-elle.
Elle réprima un soupir dépité en se tournant à nouveau vers la sphère.
Hayate regardait dans sa direction, une pointe d’inquiétude au creux de son regard intense.
- Il va falloir que je ferme le voile, chuchota-t-elle en tirant sur sa robe pour la défroisser, Je reviens dès que je serais à nouveau tranquille. Pendant ce temps là, continue de t’éloigner. Ne laisse pas ces types t’attraper. D’accord ?
Son expression était terrible…
Elle lui donnait envie de pleurer.
Il la regardait comme un petit garçon abandonné…
- Je t’en supplie, ne me regarde pas comme ça, souffla-t-elle, le regard torturé, Je n’en ai vraiment pas pour longtemps, je te le jure…
C’était un véritable crève cœur. Elle n’arrivait même plus à le regarder.
Elle s’empressa de se détourner pour essayer de reprendre contenance et enfila sa robe, se demandant vaguement ce qu’elle avait fait de son jupon.
Elle l’avait probablement oublié dans la foret. Dans sa précipitation, elle n’avait pensé qu’à emporter sa robe.
- A tout à l’heure, lui chuchota-t-elle.
Il pinça des lèvres, le regard ailleurs et hocha mollement la tête.
Par tous les noms du Créateur, elle en avait le cœur scindé en deux. A regret, elle ferma le voile, avant de se diriger vers la porte.
Elle était toujours épuisée, mais plus au point de ne plus pouvoir marcher.
Par contre, elle avait toujours l’impression de marcher sur un fil. D’être à deux doigts d’exploser en mille morceaux.
Elle avait envie d’exploser, de prendre sa tête entre ses mains, de s’arracher les cheveux, et de hurler sa douleur jusqu’à en briser les murs. Elle ne savait pas quoi faire de toutes ses émotions. De toute cette frustration. De tout cet amour qui lui donnait envie de tout envoyer en l’air.
De sauter dans la sphère d’Aldagarya malgré son manque d’énergie. De prendre ce risque. Quitte à disparaître dans le néant.
Elle ignorait ce qui la retenait d’ailleurs...
Elle était certaine qu’elle supporterait bien mieux le néant que cette situation sans issue.
Après un rapide regard vers son reflet, qui était loin de lui renvoyer une image éclatante d’elle-même, elle ouvrit le loquet pour laisser entrer son ami.
Sans surprise, il pâlit en croisant son regard et s’empressa de s’engouffrer à l’intérieur, avant de fermer derrière lui.
- Par tous les noms du Créateur, Arya ! s’angoissa-t-il en prenant son visage entre ses mains, que s’est-il passé ?!
Elle lui sourit en secouant doucement la tête.
- Ne t’inquiète pas. J’ai juste voyagé avec ma réserve, et je me suis fait un peu peur, c’est tout…
Le regard de Loki s’agrandit et il relâcha doucement son visage en la regardant comme s’il la voyait pour la première fois.
- "Voyager avec ta réserve"? Mais comment as-tu pu prendre un risque pareil ? S’étouffa-t-il. Et … Tu étais censé te reposer dans ta chambre ! Que fais tu là ?! Ne me dis pas que…
Son regard se remplis d’angoisse à mesure qu’il comprenait la situation.
- Tu es retourné là-bas, lâcha-t-il à voix basse, de peur d’être entendue.
Megumi esquissa un pâle sourire et haussa des épaules.
- Ne t’inquiète pas.
Elle avait envie de lui dire qu’elle savait ce qu’elle faisait. Mais c’était faux…
Tellement faux qu’elle n’avait même pas l’énergie de s’entendre prononcer ces mots à voix haute.
- Il fallait que je le revois, avoua-t-elle doucement, Et je n’ai pas vu le temps passer…
- Par les cieux, Arya ! Soupira-t-il, angoissé, en passant sa main sur son visage affolé, Tu…
Un grincement, suivit de quelques bribes de conversation l’interrompirent et ils jetèrent tous les deux un coup d’œil vers la porte.
Il y avait du mouvement dans le couloir. Les Guides discutaient entre eux. Elle crut entendre l’un d’entre eux se plaindre d’un délieur de fil.
Tout ceci la ramena brusquement à la réalité. Manifestement, elle avait tendance à l’oublier au contact d’Hayate...
Ses devoirs de guide divin, son quotidien. Tout.
Elle jeta un bref coup d’œil vers les sphères et réprima une grimace en réalisant que le nombre avait quasiment doublé. Elle avait totalement négligé son travail depuis qu’Hayate était (re)venu dans sa vie.
- Bref, nous en rediscuterons plus tard, chuchota Loki avec un soupir, Dis-moi, l’âme de Lacla est bloqué au stade qui précède la réincarnation. As tu pensé à rédiger le rapport d’incident ?
Sa question la fit tressaillir. Cela lui était complètement sorti de l’esprit.
- Mince ! J’avais complètement oublié !
Elle se sentit aussitôt envahis d’un élan de culpabilité en pensant à la pauvre Lacla qui attendait depuis tout ce temps.
Décidément, dire qu’Hayate occupait ses pensées était vraiment un euphémisme. Elle avait littéralement TOUT oublié pendant les quelques heures qu’elle avait passées avec lui.
Loki posa une main rassurante sur son bras en la voyant pâlir de nouveau.
- Ce n’est rien, nous allons le faire ensemble, la rassura-t-il, Ce sera vite réglé.
Megumi aurait préféré voir son ami partir pour pouvoir retrouver Hayate, au moins par le biais de la sphère mais sa raison la sommait de se recentrer un peu sur son devoir.
Elle avait l’impression d’avoir le cerveau complètement ramollie. Elle n’arrivait plus à réfléchir correctement.
- Bien donne-moi les détails de cette histoire, fit Loki en ouvrant le registre, Dis-moi tout ce que tu sais.
Megumi eut besoin d’un instant pour se remémorer en détail tout ce qui s’était passé, jusqu’au crime passionnelle. Loki, qui était manifestement habitué à rédiger des rapports, grattait la plume lumineuse contre le papier avec une rapidité déconcertante. Visiblement soucieux de régler au plus vite cette affaire. Lorsque ce fut terminé, elle vit ses épaules se détendre sensiblement. Ce qui l’aida à se relaxer, elle aussi.
Même si son cœur, lui, était tout sauf détendu.
Il n’attendait qu’une seule chose, voir Loki partir, pour pouvoir revenir vers la sphère menant à Aldagarya.
La jeune guide ne pouvait penser à rien d'autre qu'à ça.
- C’est fait. Maintenant, tu vas me suivre, soupira-t-il, Tu as besoin d’un bon bain pour te remettre d’aplomb. Tu es si pâle que je peux apercevoir tes veines.
- Ah, non, ne t’inquiète pas, s’empressa-t-elle de répondre avec un geste de la main, Je me laverais plus tard. Va. Et merci de m’avoir aidé à écrire le rapport.
Son ton était expéditif. Bien trop expéditif.
Elle était clairement en train de le congédier. Elle ne put s’empêcher de rougir en croisant le regard intense de Loki. Il la regardait… Comme un ami. Un ami terriblement soucieux. Et elle pouvait le comprendre. Elle avait vu son reflet. Elle savait très bien quelle image elle était en train de renvoyer.
- Arya, reprit-il, posément, Tu vas me suivre, sans discuter. Puis, tu vas reprendre des forces, et te reposer dans un bain bien chaud, avec des herbes de Camiliesse.
- Puisque je te dis que je vais bien !
- Par les cieux, t’es tu regardé, Arya !? S’impatienta-t-il, tu ne tiens même pas debout !
- Loki ! Soupira-t-elle, plongée dans son déni, c’est juste un coup de fatigu…
- Arya ! l’interrompit-il durement.
Cette fois, son regard était sérieusement résolu. Il parlait fermement, mais ses poings serrés prouvaient qu’il contenait sa colère et son exaspération.
- Si je te laisse ici, tu vas juste attendre que ta jauge se remplisse et y retourner dès que possible, en jouant à nouveau avec ta limite ! Je ne te laisserai pas te mettre ainsi en danger sans rien faire ! Quitte cette pièce et va te reposer au moins six heures dans ta chambre ! Sinon, je jure que j’irai LUI parler !
Sa menace lui fit l’effet d’un saut d’eau glacé sur le cœur.
Et pour la première fois, ce ne fut pas la perspective de se retrouver face à la déception de son maître qui lui coupa le souffle, mais plutôt la terreur de ce qu’il arriverait à Hayate s’il l’apprenait. Cette idée la mit dans un tel état de nerf qu’elle leva instinctivement des yeux enflammés vers Loki. Le fusillant du regard, sans même en avoir conscience.
L’expression de Loki se déchira douloureusement et il soupira :
- Par tous les noms du créateur, Arya, soupira-t-il, Mais qu’est ce qu’il t’arrive ? Regarde toi…
Elle détourna péniblement les yeux, les lèvres pincés de frustration.
- Tu m’as regardé comme si tu te retenais de me jeter dans le néant, murmura-t-il.
Elle tiqua avec mauvaise humeur.
- C’est de ta faute. Tu m’as menacé.
- Mais enfin, tu te doutes bien que je ne l’aurais jamais fait, voyons ! s’agaça-t-il avec frustration, Je ne fais que m’inquiéter pour toi ! Ce qui est totalement normal, entre amis ! Non ?
Megumi lui jeta un bref regard du coin de l’œil, mal à l’aise, en tirant distraitement sur sa manche.
Effectivement, elle avait réagis un peu vite, mais… Elle avait les nerfs à vif.
Peut-être avait-il raison. Sans doute avait-elle un peu trop tiré sur la corde.
Elle s’observa à travers l’un des miroirs du mur. Effectivement, elle ne s’était même pas senti tituber. Elle ressemblait aux humains qui ne marchaient plus droit après avoir un peu trop abusé de l’alcool. Ce n’était guère l’image qu’elle avait envie d’offrir à Hayate.
Elle songea alors qu’un peu de repos et un bon bain parfumé n’était pas une si mauvaise idée finalement. Elle voulait être… Jolie.
Elle voulait qu’il ne puisse plus détacher son regard d’elle.
Par les cieux, voilà des ambitions bien « humaines »…
Depuis quand un serviteur se souciait-il de choses superficiels tel que l’apparence ? Depuis quand un serviteur divin se souciait d’être « jolie » aux yeux d’un humain ?
C’était si ridicule qu’elle avait envie d’en rire…
Mais elle n’en avait pas la force, alors elle se contenta de soupirer, sans chercher à cacher sa profonde lassitude.
- Pardon Loki, murmura-t-elle en passant sa main sur son visage, Excuse-moi, Je suis un peu à cran, à cause de tout ce que j’ai appris dernièrement.
Loki l’observa fixement, avant de soupirer à son tour en hochant la tête d’un air entendu. Il eut l’air soulagé de constater qu’elle n’avait pas perdu tout bon sens. Heureusement qu’il ne pouvait pas lire dans ses pensées.
- Je m’excuse aussi. Toute cette histoire m’angoisse tellement, je me suis probablement montré un peu trop autoritaire…
- Non, tu te fais simplement du soucis pour moi, reprit-elle avec un mouvement d’épaule, Comme tu l’as dit, c’est tout à fait normal entre amis.
Elle lui sourit doucement en pressant gentiment son bras entre ses doigts.
- Je vais aller me reposer, mais avant, j’ai besoin de lui parler. Je ne veux pas qu’il s’inquiète comme la dernière fois.
Loki jeta un bref regard inquiet et hésitant vers la sphère, en comprenant qu’elle lui demandait un peu d’intimité.
- Je ne vais pas y retourner, le rassura-t-elle, simplement lui expliquer à travers la sphère que je dois me reposer.
Loki dût voir dans ses yeux qu'elle ne mentait. Il hocha la tête.
- Très bien, dans ce cas, je vais passer par tes appartements pour demander à ce qu’un bain soit préparé pour toi. Ne traîne pas trop.
- C’est gentil, merci beaucoup, lui dit-elle avec un sourire reconnaissant.
- Tu ne vas pas tarder ? Insista-t-il en reculant d’un pas.
- Sur l’Autel sacré des cieux, je le jure, dit-elle avec un petit sourire, je vais seulement lui dire au revoir.
L’entendre jurer ainsi soulagea manifestement beaucoup son ami. Il se détendit aussitôt.
- Bien, dans ce cas, à plus tard, je repasserai te voir lorsque tu te seras reposé. Il y a du nouveau concernant l’affaire « Biorna ».
- Ah bon ? S’étonna-t-elle.
Après tout ce qui s’était passé, elle avait presque oublié cette histoire.
- Rien de bien intéressant, ne t’inquiète pas. Je t’en parle plus tard. Repose-toi bien.
Megumi aurait bien voulu en savoir plus, mais il était déjà en train de s’éloigner de la salle des sphères. Et très honnêtement, au fond, elle se fichait totalement de Biorna.
Elle se doutait qu’elle avait dû passer un sale quart d’heure à cause de ses révélations, mais pour une raison qui lui échappait, elle n’arrivait plus à se sentir concerné. Ni à en ressentir un quelconque intérêt. Elle ne désirait qu’une seule chose, revoir Hayate.
Alors, elle attendit sagement de se retrouver à nouveau seule, puis, elle tourna des talons et revint vers la sphère, où Hayate continuait d’avancer à travers la foret, le regard ailleurs.
Bon sang, elle ne l’avait laissé que quelques instants et son cœur s’emballait déjà comme si elle ne l’avait pas vu depuis des semaines.
C’était mauvais.
Elle devenait de plus en plus accro…
Sans attendre, Megumi leva le voile.
- Hayate ? L’appela-t-elle.
Il avait levé la tête avant même qu’elle n’ait prononcé son nom. C’était incroyable. Il avait senti instinctivement son regard sur lui...
- Megu chan, soupira-t-il.
Il n’était pas soulagé cette fois. Il savait qu’elle allait revenir. Par contre, elle sentait qu’il avait enduré chaque seconde au moins autant qu’elle. Son regard vert était d’une intensité dangereuse. Tel le chant d’une sirène, il lui donnait envie de plonger dedans, tête la première et de se laisser emporter vers ses profondeurs.
- C’est bon. Loki vient de partir, soupira-t-elle, Écoute, je suis dans un état pitoyable. Je vais prendre un bain.
Il haussa un sourcil, manifestement un peu étonné. Une lueur soudain malicieuse dans le regard.
- C’est une invitation ?
C’était si inattendu qu’elle en resta coite, le temps d’une seconde, avant de se mettre à rire de bon cœur. Un éclat de rire délicieux, et terriblement bienvenu.
Une bouffée d'air frais au milieu de la tourmente.
- Idiot, s’esclaffa-t-elle.
Le visage d’Hayate se détendit davantage , comme si ce simple son suffisait à le mettre de joyeuse humeur.
- J’étais sérieux, hein…
- Bref, reprit-elle en s’efforçant de retrouver son sérieux. Écoute, après ça, je vais essayer de me reposer un peu. J’ai besoin de dormir au moins six heures pour remplir mes réserves, et une partie de ma jauge plus rapidement.
Hayate gardait le sourire, mais elle sentait en observant son regard et la couleur de son âme que l’idée de ne même plus l’entendre pendant tant de temps le tuait. Elle s’empressa d’enchaîner :
- Alors, je vais ramener la sphère jusqu’à ma chambre. Ce n’est pas quelque chose qui se fait, alors je vais devoir être discrète pour ne pas attirer l’attention.
- Ah ouais ? S’étonna-t-il, manifestement un peu perplexe, Tu es sûre ? Vespichiasse ne va pas s’en rendre compte ?
- Par tous les noms du créateur, mais tu es fou ?! s’indigna-t-elle soudain, les yeux écarquillés d’horreur.
A suivre…