Aldir et Eward avaient terminé de monter le camp, juste avant que le ciel ne commence à se teinter de rose. Les trois tentes étaient plantées avec soin entre les arbres, à bonne distance de la rivière dont le murmure accompagnait maintenant le crépitement du feu.

Le paysage s'étendait à perte de vue, vaste et changeant, entre plaines dorées par le soleil et montagnes bleuies par la distance. La route serpentait paisiblement à travers des collines couvertes d’herbes hautes, bercées par le souffle régulier du vent. Chaque tournant dévoilait une nouvelle étendue, un nouveau tableau. Iseult, les yeux fixés sur l’horizon, laissait son regard glisser sur chaque relief, chaque nuance, chaque fragment de ciel. Aldir conduisait tranquillement

Le lendemain matin, le soleil filtrait déjà à travers les rideaux lorsque Iseult boucla son sac. Elle fit un dernier tour de la chambre du regard, s’assurant qu’elle n’avait rien oublié. Sa chemise blanche était glissée dans un pantalon noir ajusté, souple mais pratique pour la route. Elle avait serré sa ceinture en cuir sombre, à laquelle pendait le poignard que Gary, le père de Tobias lui avait offert. Elle avait enfilé sa cape de voyage, longue, d’un noir profond. Son sac

Lorsque Iseult ouvrit les yeux, elle se sentit comme enveloppée dans du coton. Son corps était lourd, complètement enfoncée dans le matelas. C'était si confortable, si chaud, que même la lumière du soleil à travers la fenêtre la dérangeaient à peine. Elle poussa un long soupir d'aise, bercée par le doux grommellement, grave et familier, qui résonnait tout près d'elle... Hein? Un grommellement?

- Il y a des moments où il faut savoir se placer en priorité. Et non, ce n’est pas de l’égoïsme, c’est juste… normal ! Parce que si vous passez votre temps à vous user pour les autres… Si vous ne prenez pas soin de vous-même, qui le fera ? Aldir la fixa un moment sans rien dire. Son expression était restée fermée, parfaitement neutre. Iseult n’était pas vraiment certaine qu’il l’avait écoutée. Il la regardait avec une sorte de détachement étrange… comme s’il estimait qu’elle

Ils marchaient en silence à travers le village. Les pas d’Iseult résonnaient faiblement sur les pavés, légers et rapides, tandis que ceux d’Aldir pesaient si lourd qu’elle avait l’impression que le sol vibrait sous ses pieds à chacun de ses pas.

- Vous avez deux options : soit vous payez maintenant, soit je me fâche.

- J’au’ais pas dit non à un p’tit coup d’main pou’ l’ménage… mais vu la réaction de vot’e guide, j’vais pas m’y risquer, hein ! Ha ha !

Iseult jeta un énième coup d’œil vers l’horloge accrochée au mur. Cinq heures trente passées. Aldir ne devrait plus tarder à sortir de sa chambre... Elle l’attendait depuis déjà plusieurs minutes, affalée sur l’une des chaises de la taverne encore vide. Elle bailla dans sa main, puis se laissa glisser un peu plus bas sur son siège, le corps lourd, engourdi. Elle avait à peine fermé l’œil de la nuit... Aldir s’était engagé à venir la réveiller, mais le connaissant, il était to

- Bien, fit Eward en se levant doucement de son tabouret, il commence à se faire vraiment tard. Je vous raccompagne jusqu’à votre chambre ?

Son ventre était agréablement plein. Elle avait mangé de la volaille pour le dîner, bien rôtie, bien assaisonnée, et la chaleur du repas continuait de se diffuser lentement dans son corps. Elle l’engourdissait avec paresse. Iseult se laissa tomber sur le lit avec nonchalance, et poussa un long soupir, les paupières mi-closes. Elle avait passé la journée à faire de l’exercice. Intensément. Jusqu’à ce que ses bras, ses abdominaux et ses cuisses protestent. Mais c’était une bonn

Portée par l’énergie collective, Iseult posa un pied agile sur un tabouret et, d’un mouvement fluide, se hissa sur une table ronde. Aussitôt, les clients se regroupèrent autour d’elle, les yeux brillants d’enthousiasme, tandis que son corps suivait instinctivement le rythme du tambour, comme si son esprit s’était fondu dans celui de l’instrument. Son regard s’arrêta alors sur un châle fin, noué autour du cou d’un homme dans la foule. Elle s’en empara en lui adressant un clin

La taverne débordait d’agitation, encore plus que la veille à leur arrivée. Un brouhaha épais emplissait l’air, fait de rires gras, de voix qui s’interpellaient, se chamaillaient. On parlait fort. On riait plus fort encore. Des couverts tintaient, des chopes claquaient sur le bois, et dans l’air flottait une odeur âcre de bière, de tabac, de viande rôtie et de sueur. Le regard d’Iseult s'arrêta soudain sur la tignasse familière de Rhazka, tandis qu'elle descendait les escalie

Iseult émergea d’un sommeil profond, son crâne était si lourd, son corps si engourdi, qu'elle avait la sensation étrange de sortir d’un très long coma. La lumière vive du matin filtrait à travers les rideaux tirés, dessinant des rais dorés qui traversaient la pièce dans un silence paisible. Elle cligna des yeux, et une grimace étira son visage encore endormi tandis qu’elle portait les mains à son front, comme pour en chasser la torpeur qui l’écrasait toujours. Il lui fallut q

Un groupe d’hommes sortit de l'auberge en riant bruyamment, visiblement d’excellente humeur, au moment où Iseult s'apprêtait à entrer. Elle s’écartait légèrement pour les laisser passer, quand Aldir la rejoignit à grandes enjambées. - Iseult ? L'appela-t-il en arrivant à sa hauteur. Que se passe-t-il ? Je croyais que vous vouliez enfiler rapidement une nouvelle robe et jeter celle-ci… À peine son regard croisa-t-il celui d’Aldir que les images brûlantes et honteuses de son r

Le soleil déclinait à l’horizon, noyant peu à peu la vallée dans des teintes chaudes, orangées, qui viraient doucement au violet. Le ciel se teintait de mauve, de rose, de bleu sombre, et l’air, plus frais, s’installait doucement. Assise à l’arrière de la charrette, Iseult rabattit ses bras contre elle, frissonnante. Le vieux monsieur leur avait dit qu’ils atteindraient le village en fin de soirée. Plus très longtemps à tenir, donc, si les chevaux maintenaient cette allure so

La forêt était toujours aussi décharnée. Les arbres, secs, tordus, aux branches entremêlées, n'avaient pas retrouvé leur feuillage. Leurs silhouettes squelettiques se dressaient vers le ciel clair, telles des mains griffues figées dans leur élan. Pourtant, la teinte grise et morne qui pesait autrefois sur ces bois avait disparu. Désormais, la lumière pure du ciel bleu, immaculé, baignait la forêt d’une clarté éclatante. Le soleil inondait le sol de ses rayons tièdes, faisant

Lorsqu’Iseult ouvrit les yeux, elle grimaça de douleur, le corps endolori. Elle n’avait pas très bien dormi. Le feu avait bien tenu, mais sans sa cape pour se couvrir, elle avait eu froid par moments, et le sol dur et sec n’avait rien arrangé.

- Je suis… tellement désolée, marmonna-t-elle entre ses dents, d’une voix tremblante, presque étouffée, autant de colère que de tristesse.

- Vous êtes encore avec cette histoire ? À ces mots, Iseult sentit le feu lui monter brutalement au crâne. Cette fois, c’était tout son corps qui semblait en proie aux flammes. De la tête aux pieds, elle avait l’impression de brûler de l’intérieur, jusqu'à faire jaillir de la fumée par ses oreilles et son nez. C'était une chaleur si vive qu’elle aurait juré la sentir crépiter contre sa peau. Elle ouvrit la bouche, prête à se justifier, incapable de réfréner les mots qui bond