Iseult s’adossa contre la paroi de pierre et se laissa glisser lentement jusqu’au sol, le dos plaqué contre la roche glacée. Elle était à bout de force. Ses jambes ne cessaient de trembler tant elles étaient engourdies par l'épuisement et la douleur.

Par les cieux… était-ce sa faute ? L’avait-elle perturbé au point d’affaiblir sa vigilance ? Avait-il baissé sa garde… à cause d’elle ?...

-  Où est Aldir ? Sa question résonna dans la pénombre, tranchante, suspendue dans l’air chargé de poussière. Et le silence qu’Eward lui opposa lui fit l’effet d’une gifle glacée, abrupte. Sa gorge se noua d’un coup, comme prise dans un étau, la panique lui bondit à la poitrine, brutale, incontrôlable. En un éclair, elle franchit la distance qui les séparait et attrapa Eward par le bras avec une poigne si ferme que ses doigts blanchirent. -  Parlez ! Où est-il ? gronda-t-el

Avant même que son esprit n’ait eu le temps de formuler une seule pensée cohérente, ses propres jambes la propulsaient déjà instinctivement sur le côté, lui faisant échapper de justesse à l’impact. La masse s’écrasa dans un fracas terrifiant sur le sol, à l'endroit précis où elle se tenait une seconde plus tôt, projetant éclats de roche et poussière autour d’elle. Iseult chuta à moitié dans sa précipitation, en glissant sur les graviers, les mains plaquées contre le mur rugue

Qu’est-ce qui se passe… ? Mais à peine eut-elle pensé ces mots qu’un grondement, plus sourd encore, fit brutalement vibrer la roche et le sol. Un roulement chaotique de pierres, un bruit immense, presque animal, comme si la montagne elle-même s’éveillait dans un râle de colère. Et soudain, sans aucun avertissement, une violente bourrasque leur fondit dessus. Un souffle chargé de poussière et de cendres les frappa de plein fouet, les engloutit tout entières, les avala net. Ise

- C’est bon, là. Arrête de me tripoter, grogna Rhazka en repoussant la main d’Iseult d’un geste agacé. Iseult arqua un sourcil, la main suspendue dans l’air, puis, sans se laisser démonter, la posa sur son front, ignorant superbement le regard blasé que lui lançait la braillarde. - Ta fièvre a l’air d’avoir baissé, murmura-t-elle, pensive. - Je te dis depuis tout à l’heure que ça va mieux ! T’écoutes rien ! grommela Rhazka en jetant un regard dégoûté vers la mixture qu’Ise

Lorsqu’elle l’entendit prononcer ces mots dans cette langue rauque et gutturale qu’elle ne comprenait pas, Iseult comprit instinctivement qu’il ne s’adressait pas aux chevaux, cette fois.

Elle réalisa alors que sans s'en rendre compte, elle s’était déjà accordée à lui, instinctivement.

Iseult s’était installée à l’arrière de la charrette, recroquevillée dans sa cape, juste à côté de Rhazka qui dormait profondément, le front moite. Le pire était derrière elle, sa fièvre avait baissée mais elle restait faible. Elle avait à peine réussi à manger quelques morceaux de fruits avant de s'écrouler de nouveau, vidée de toute énergie.

Les yeux d'Iseult s’ouvrirent d’un coup, encore un peu embués, et se posèrent sur le plafond de toile, qu’elle fixa sans bouger pendant quelques secondes, un peu déboussolée. Elle ne se souvenait pas s’être endormie... Son cœur battait à tout rompre, comme si elle sortait d’un cauchemar… Ou peut-être simplement parce qu’il s’était souvenu, avant son esprit, de tout ce qui s’était passé durant la nuit. Cependant, malgré tout, son premier réflexe fut de se redresser pour cherch

Le vent glacial fouettait doucement la toile de la tente et s’insinuait par l’ouverture. Pourtant, Iseult avait l’impression de suffoquer. L’air lui-même semblait hésiter à pénétrer ses poumons, comme s’il redoutait la fournaise honteuse qui brûlait sous sa peau. Comme s’il refusait de se mêler à la confusion brûlante qui l’agitait de l’intérieur. Elle avait chaud. Abominablement chaud. La honte, épaisse et brûlante, s’accumulait dans son esprit, s’enroulait autour de son cœu