Les derniers rayons du soleil déclinaient lentement derrière les crêtes, drapant le village d’une lumière ambrée et douce. L’air tiède dégageait un mélange d’odeurs de bois brûlé, de terre humide et de suie. La fumée s’élevait en fins rubans gris depuis les toits. Des silhouettes massives regagnaient leurs foyers, traînant derrière elles des outils encore couverts de poussière. On entendait les cris des enfants, les rires, le cliquetis des casseroles, les pas lourds sur la ro

Le cœur d’Iseult battait si fort qu’elle l’entendait résonner jusque dans son crâne.

Le petit sentier serpentait entre deux pans de roche, si proches par endroits qu’Iseult avait l’impression qu’ils pouvaient se refermer sur eux. La lumière du jour filtrait par les fissures de la montagne, dessinant des bandes dorées sur les parois rugueuses. Le sol, couvert d’éclats pierreux, crissait doucement sous leurs pas.

Après l’avoir aidée à enfiler des espèces de sandales de bois, bien trop grandes pour elle et terriblement inconfortables, Eward passa le sac d'Iseult en bandoulière avant de la soulever dans ses bras avec précaution.

Iseult n’en revenait pas. Elle la dévisageait de ses grands yeux verts, le sang bouillonnant de colère et d'incrédulité. Elle était si indignée qu’elle n’arrivait même pas à le cacher. Mais la morue était de toute façon, bien trop obnubilé par Aldir pour s’en apercevoir. En fait, elle ne prêtait attention à nul autre dans la pièce.

Sans le quitter des yeux, Iseult relâcha une nouvelle fois son souffle dans un son tremblant, à peine consciente qu’une petite voix, au fond d’elle, lui hurlait à plein poumons de reprendre rapidement ses esprits.

Toujours allongée sur le côté, Iseult écoutait distraitement les flammes qui crépitaient doucement dans le foyer. Les craquements du bois rythmaient ses pensées, sans parvenir à les apaiser.

- Et enfin, reprit-il après une brève pause, je vous présente une amie de très longue date, Morulkah. L’orc inclina poliment la tête, le visage fermé comme une pierre. Iseult fit de même, juste à temps pour cacher le sourire qui lui montait aux lèvres. Morulkah… Cela lui allait comme un gant. Elle s’efforça de reprendre une expression neutre et releva la tête en pinçant les lèvres. Thryna, la sœur d’Aldir s’avançait vers elles avec un large sourire, tandis que les petits en

La silhouette immense et élancée de l’orc remplit brusquement la pièce d’un parfum puissant, un mélange de fumée tiède, de cuir huilé et de résine, avec une pointe de terre mouillée. Une odeur dense, sans être âcre, qui accrochait la gorge autant qu’elle rassurait.

Aldir inclina légèrement la tête, comme pour le saluer, pendant que ses lèvres dessinaient des mots distincts dans cette langue étrangère qu’Iseult ne comprenait pas. Son maintien restait droit malgré son état.

Iseult s’éveilla en sursaut, haletante, en réalisant une fois de plus que l’épuisement l’avait vaincue. Il n’y avait que très peu de lumière dans cette pièce sans fenêtre, mais elle distinguait des faisceaux pâles se faufiler par les lisières de la tenture de peau.

Lorsque Iseult commença à voir des images incohérentes défiler devant ses yeux, elle comprit aussitôt qu’elle s’était assoupie et rouvrit soudain les paupières dans un sursaut. Son cœur cognait contre sa poitrine comme un fou tandis qu’elle cherchait vivement la guérisseuse du regard. Celle-ci était toujours penchée sur Aldir, la même ride soucieuse plissée au coin de la bouche. Par le ciel, elle n’avait donc toujours pas terminé ? Elle avait l’impression que cela faisait déj

-Mais c’est une urgence, insista-t-il, les orcs qui sont allés chercher Aldir sont revenus bredouilles ! Le cœur d’Iseult fit soudain un bond violent dans sa poitrine. - Quoi ?! lâcha-t-elle en se redressant d’un sursaut sur ses coudes. La main gigantesque de la guérisseuse se dressa aussitôt devant sa poitrine. - Non bouger, lui intima-t-elle, le regard fermé, autoritaire. Puis, sans attendre, l’orc pivota vers le rideau de peaux et s’y dirigea d’un pas lourd. Iseult, haleta

Iseult peinait à garder son calme face à toutes ces silhouettes immenses qui se rapprochaient d’elle.

Iseult était si tendue que sa hanche la lançait de plus en plus. Mais il lui était impossible de se détendre pour apaiser la douleur et décontracter son dos, l’inquiétude la tendait comme un arc.

Iseult avait cessé de se débattre et de râler dès l’instant où Aldir lui avait sommé de se taire.

- Vous n’avez pas mal...quand je vous fais ça ? Iseult eut alors soudain la sensation qu’un voile blanc s’abattait sur son esprit. Elle le regarda bêtement tandis que ses mots résonnaient dans son crâne, comme un écho rebondissant contre la pierre. Pendant une seconde, peut-être deux, elle resta ainsi à le dévisager d’un regard vide, avec la sensation étrange que des braises ardentes se faufilaient délicieusement... et douloureusement à la fois sous sa peau. Sa bouche s’assé

Un son étouffé lui échappa, et ses yeux s’écarquillèrent de surprise lorsqu’il la ramena brusquement vers lui, la contraignant à plonger dans ses yeux rouges et brûlants, où vibraient à la fois l’angoisse, la fureur et une impuissance féroce.

Iseult pleurait avec une telle ardeur qu’elle en était presque effrayée. Elle s’étonnait autant du son brut de ses propres sanglots que de l’intensité dévastatrice de la douleur qui la submergeait. Chaque hoquet lui brisait la poitrine, lui meurtrissait les côtes comme une pluie de coups.

-  Aldir… ? L'appela-t-elle dans un souffle à peine audible.